SOLITUDES PARTAGÉES, nouvel album de Nans Vincent
Présentation J’attaque une autobiographie dans un duplex de quatre-vingt-dix mètres-carrés ; c’est le luxe familial dans lequel je grandis (1995 à aujourd’hui). Un ballon d’eau chaude a pris soin de s’épancher pour dévaster le salon ; l’humidité et l’odeur des mérules me rappellent le pensionnat de l’Institution Sainte Marie la Seyne-sur-Mer 83500 (2010-2013). Mon œil gauche ne voit presque plus et les lunettes n’y peuvent rien ; la police de ce texte est donc choisie en conséquence. Y’en a pour quatre pages. J’m’appelle Nans Vincent Guéna, mais tout l’monde m’appelle par mon prénom, Nans. Je suis auteur, compositeur et interprète, né un 6 septembre. Je fus un gosse turbulent qui cherchait sa place, c’est tellement fort que j’causais qu’on a cru un moment qu’j’entendais pas bien : j’avais juste une grande gueule. J’ai des souvenirs de mes huit ans, où je lis Prévert en écoutant Johnny. La musique je l’ai découverte j’avais 13 ans, et j’m’y suis mis parce que 1) mes frangins ne faisaient pas de musique, que 2) y’avait une guitare dans le grenier et que 3) j’écrivais des poèmes. Un jour j’ai mis un refrain, j’ai dit tiens c’est une chanson ça, et ma vie a commencé. J’habitais Toulon et la mer je m’en foutais, j’voulais écrire pour décrire c’que j’voyais sous les denims slims des filles après deux gins. Et puis j’ai eu 18 ans et une seule chose à faire : chanteur. Je le devins donc, en poussant la voix et des portes. Je chantais devant des magasins (Barbara Chausseur, 3 rue Carnot 84800) ou 1500 personnes (Bataclan 75011, Mars 2014). Je dormais dans ma voiture (Peugeot 107, 2005-2015, trou dans le carter 65440) ou chez des princesses (Alice, 210 mètres carrés rue de Lille 75007), je remplissais des cahiers avec mes aventures, je me croyais invincible et téméraire, un anti-héros à la Jack Sparrow. Mais un an plus tard, à 19 ans, un neurologue m’a simplifié son jargon d’étudiant, en fait ce sont vos anticorps qui attaquent la gaine de vos nerfs, la myéline, et avec le produit de contraste utilisé lors de l'IRM, les zones attaquées sont visibles, comme des plaques ; d'où le nom, sclérose en plaques. Là, en fait, vos anticorps ont attaqué vos jambes, d’où vos difficultés à marcher, et c’est pour ça que les lunettes ne changent rien à votre problème de vue, vous voyez ? Par la suite je découvris les synthétiseurs analogiques, ces instruments qui permettent de voyager n'importe où sans quitter l'salon, il suffit de pousser le Louis XV de mamie, Proust et Simenon s’écartent d’eux-mêmes, et mon lino devient une piste de danse. En 2018, à 22 ans, je sortis un disque auto-produit, distribué, diffusé, accompagné et accompagnant : « Ça va mieux, Merci. » Pendant deux ans, Youenn Lerb me suivit sur la tournée de cet album, 170 dates entre Février 2018 et Août 2019. Le producteur de spectacles LES2Z se mit à nous soutenir - parce que même Jack Sparrow a besoin d’un équipage - nous ouvrîmes au Café de la Danse, au Cabaret Sauvage, sur des festivals ardéchois pour différents groupes, devant des milliers de personnes au Festival du bout du monde. Un jour je rencontrai Alban Sautour, cet ingénieur du son - réalisateur sût mettre le doigt là où je voulais emmener ma musique, sur cette crête entre la madeleine de Proust (Michoko, 1936) et la modernité (inconnu, 2024), il est le directeur artistique de cet album. Puis, la rencontre avec Guilhem Valayé fut une évidence professionnelle et amicale : ensemble nous créâmes un label, Bleu Pinces Productions, pour poursuivre ce travail d’artistes-entreprenants. C’est en équipe que démarra le nouveau chapitre. Je mis d’abord en place la poésie et l’harmonie, le lien entre les tonalités pour ne jamais brusquer l'auditeur, pour lui offrir une œuvre sonore évolutive qui ne se brise jamais. Ensuite la mélodie est comme un jeu de lumières ; elle permet d’éclairer le chemin d’une insomnie, ou d’éclairer le livre qu’on lit bien installé dans son salon. Puis l’arrangement vient à son service, il permet d'ajouter à l'œuvre un tableau contemporain, en évolution permanente. Je partage ici mes solitudes, et heureusement, je ne suis pas seul pour le faire, et nous ne sommes pas seuls à les entendre.
Solitudes partagées. L'équipe Comme cité plus haut, il y a bien entendu Alban Sautour et Guilhem Valayé, mais aussi : - Eskelina Svanstein, qui composa deux des titres du disque - Julie Canto, qui co-composa deux titres et fut là pour m'épauler dans les prises de voix - Françoise Fognini, directrice vocale sur l'album - Caroline Diard et Muriel Thiabut - MT Image, le duo de choc qui s'occupe du graphisme et de la mise en page - Milena Le Mao, photographe fabuleuse qui captura sur ses appareils toutes les oeuvres de l'album - Nathalie Dupuy, professeure de chant émérite et pédagogue
Je ne vais pas vous mentir - Bleu Pinces Productions ne ment jamais : Solitudes partagées est prêt. Le label et moi remplissons des tableaux Excel avec des chiffres et des couleurs : on vous l'épargne. Il a été enregistré au Bateau de Bagnolet - un peu dans mon placard aussi - les photos ont été faites entre la Dordogne et la Bretagne. L'agence de presse La Mission nous suit, deux clips ont été déjà réalisés (vous les avez normalement vus) ; il ne reste presque plus qu'à... presser l'objet. Le CD, le vinyle, doivent être imprimés et emballés pour remplir vos bibliothèques, les rayons des disquaires et nos médiathèques. Aussi, même si on essaie vraiment de rémunérer chacun à son prix juste, les coûts d'un enregistrement et d'une promotion sont conséquents, et beaucoup ici ont joué le jeu de n'être pas payés au juste prix (par exemple, les clips sont des réalisations bénévoles). Donc plus on pousse la cagnotte, plus la courbe du chômage s'inverse, euh non, je veux dire, plus on pousse, plus il est possible de valoriser chaque pierre à l'édifice, et plus le titre, Solitudes partagées, prend sens. Que se passe-t-il si on dépasse la cagnotte ? On pourra faire d'autres clips (en payant tout le monde, ce serait bien non ?), remettre une couche de promo quand on sera en tournée, m'ouvrir un PEL (ah non, ça on ne peut pas), imaginez un livre-disque en édition limitée... Et ! si on touche le million, promis, j'achète une bicoque en bois et j'écris de la poésie pour les 50 prochaines années : deal ?