Coucou ! - Court-métrage

Coucou! est un court-métrage horrifique réalisé par Alix Martineau et Kalindi Ramphul, toutes deux scénaristes, réalisatrices et podcasteuses, et qui co-écrivent depuis bientôt 3 ans. Promis, elles sont plus marrantes qu'elles en ont a l'air ici. Le synopsis : Chandra invite son ancienne amie Mélanie dans la maison de son enfance qu’elle vient de racheter. Mais ces retrouvailles tournent rapidement au malaise, et Mélanie ne veut plus partir. Appelée en pleine nuit par le chant du coucou, elle impose à Chandra des pratiques ornithologiques étranges, transformant petit à petit l'espace de Chandra en son propre nid.  Sous l’emprise de Mélanie, la maison de Chandra devient sa prison. Mélanie force Chandra à se plier à ses volontés, notamment en la poussant à piailler comme un oiseau. Mais surtout, sa tortionnaire prépare Chandra à prendre son envol… La politesse, l’emprise et la colonisation sont au cœur de nombreuses expériences féminines et post-coloniales. Nous avons en effet grandi en étant encouragées à être toujours « gentilles » et « polies », à dire « merci » et « désolée » à outrance. Ces attentes nous ont souvent empêchées d'affirmer nos limites, comme ça a été le cas en 2023, lors d'une fameuse soirée qui nous a inspiré l'histoire de Coucou!... Imaginez une grande longère percheronne dans le brouillard, et deux femmes occupées à boire un verre de rosé, en toute intimité quand... une voisine qui flaire l’apéro s’invite à notre table sans y avoir été conviée. Indifférente au fait que nous n’avons rien à nous raconter, elle demeure chez nous (trop) longtemps, ignorant nos signaux de renvoi faiblards, allant jusqu’à nous regarder cuisiner et critiquer notre manière d’entretenir ladite demeure. Plus aucun de nos projets pour la soirée ne compte face à notre obligation intrinsèque de rester de parfaites hôtesses. Cette facilité à nous laisser déposséder de notre temps libre et de notre intimité au sein-même de notre foyer, nous a rappelé combien l’ultra-politesse, menant à l’effacement de nos besoins ou de nos envies, est systémique chez les femmes. Une conclusion effrayante, au moins autant que la tentative de violation de territoire de notre voisine. Dans Coucou !, cette problématique est personnifiée par la relation entre Chandra, une jeune femme d'ascendance indienne, et Mélanie, une ancienne amie qui s'impose progressivement chez elle, au point de s’approprier son espace vital. Mélanie, tel le coucou (un oiseau qui vole le nid d’un autre), devient une figure prédatrice, imposant son mode de vie et ses habitudes pour assujettit Chandra. La politesse devient ici un outil de domination, permettant à l'une de prendre le contrôle sur l'autre sans opposition frontale. Cette dynamique est également une métaphore de la colonisation : Mélanie, issue d’un milieu plus modeste, s’approprie non seulement la maison de Chandra, mais la transforme en esclave de sa propre maison. Ce processus reflète l’expansion territoriale et culturelle des puissances coloniales qui, à travers l’Histoire, ont imposé leurs lois et traditions sur les populations locales. Ces thèmes nous sont chers car ils révèlent la violence subtile qui existe dans les rapports de domination, que ce soit dans les dynamiques interpersonnelles ou dans des contextes historiques plus larges. Coucou! met en lumière la fragilité de nos libertés face à ces mécanismes, et comment, sous couvert de politesse ou de bienveillance, l’emprise peut s’installer et conduire à une forme de colonisation intime. Coucou! est né d’une expérience personnelle dont nous avons poussé les curseurs à l’extrême, en mêlant horreur et absurde. Nous y racontons notre propre difficulté à dire « non », une difficulté que beaucoup de femmes partagent. Coucou! n’est pas seulement une histoire d'horreur, c’est un moyen de mettre en lumière des mécanismes de domination souvent invisibles. Soutenir ce film, c’est soutenir des voix féminines dans le genre horrifique. En effet, l'horreur est un genre souvent pensé par des hommes pour les hommes, et bien qu'il mette en scène, depuis sa création des personnages féminins, c'est souvent pour mieux les emprisonner dans des stéréotypes, tels la « final girl » ou la « scream queen », faisant eux-mêmes écho aux archétypes de la vierge ou la putain. Diptyque de possibilités enfermant les femmes dans des polarités réductrices. Coucou! propose, à l'inverse, la rencontre d'un binôme de personnages féminins qui s'émancipent des codes et stéréotypes habituels, dans la veine du cinéma d'auteur féminin contemporain façonné par Julia Ducournau, Coralie Fargeat ou encore Jennifer Kent. Soutenir Coucou!, c'est donc soutenir de nouvelles voix féminines dans un milieu dominé par des voix masculines. Par ailleurs, en mettant en scène et en illustrant les enjeux d'un personnage issu de l'immigration indienne, Coucou! propose un cinéma plus inclusif, rendant visible une communauté absolument absente du paysage audiovisuel français. Kalindi Ramphul, est elle-même originaire de l'île Maurice (et d'ascendance indienne) et a longtemps regretté de ne pas voir à l'écran de personnages auxquelles elle aurait pu s'identifier en grandissant en France. Que ce soit devant ou derrière la caméra, Coucou! travaillera donc à mettre en lumière une diversité éthnique peu représentée dans le paysage cinématographique actuel.

Nous sommes scénaristes, réalisatrices et podcasteuses. Kalindi est également autrice du roman Les Jours Mauves, (2024, éditions JC Lattès) — actuellement en cours d'adaptation avec le scénariste Ahmed Hamidi (L'amour ouf, Le Grand bain) — et Alix est comédienne et productrice de contenus audio. Ensemble, nous co-animons le podcast 4 Quarts d’heure (avec Louise Pétrouchka et Camille Lorente), qui totalise 4 millions d’écoutes. L’idée de Coucou! nous est venue en pleine écriture d’un autre projet de film d’horreur (17h30, en développement chez Capa Drama) dans une maison perdue au milieu de la campagne. Notre collaboration est née de nos amours pour Ari Aster, Yorgos Lanthimos, Wilhelm Murnau, Jordan Peele mais aussi Quentin Dupieux. Nous avons infusé Coucou! de ces inspirations qui nous sont si chères, et nous espérons que vous aurez envie de participer à cette folle aventure à nos côtés !