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<strong>François Hollande devrait proposer la présidence d’EDF à Thierry Breton, ancien ministre de l’Économie entre 2005 et 2007 et actuel patron de la SSII Atos. Un choix qui s’explique par la volonté d’ouverture politique au centre droit du chef de l’État.</strong></p>
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Encore un projet de François Hollande qui va provoquer la consternation dans les rangs du parti socialiste. Après la proposition du chiraquien Jacques Toubon au poste de Défenseur des droits, le président de la République pense proposer à Thierry Breton la présidence d’EDF, selon une source proche de l’Élysée. <i>« Son nom a été proposé au Président par Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de la présidence »</i> précise cette source. Le mandat d’Henri Proglio, l’actuel président de l’électricien, prend fin en novembre prochain, mais la décision de ne pas le renouveler aurait été prise il y a déjà plusieurs mois déjà. <i>« Quand j’ai rencontré François Hollande durant l’été 2013, il a affirmé qu’il n’était pas question de laisser Henri Proglio faire un second mandat »,</i> raconte un responsable socialiste, qui s’inquiétait du maintien en poste d’Henri Proglio alors que durant la campagne électorale de 2012, le futur chef de l’État avait annoncé son intention de se séparer du président d’EDF qui faisait alors ouvertement campagne en faveur de Nicolas Sarkozy.</p>
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<img alt="Proglio-breton" height="270" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/101218/proglio-breton.jpg" width="405" /></p>
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<em><span class="copyright">Thierry Breton et Henri Proglio, Paris. / copyright</span> © http: Meigneux/SIPA</em></p>
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<i>« Proposer la présidence d’EDF à Thierry Breton peut s’expliquer par la volonté du Président de la République de s’appuyer sur le centre droit, alors que la contestation de sa politique en interne au PS fragilise sa majorité parlementaire »</i> juge un bon connaisseur des arcanes du pouvoir. Ancien ministre de l’Économie de Jacques Chirac entre 2005 et 2007, Thierry Breton, actuellement PDG d’Atos, la société de services informatiques, est demeuré proche de l’ancien chef de l’État. Surtout, il dispose toujours de réseaux importants chez les centristes, ayant longtemps été un conseiller de René Monory, l’ancien ministre UDF de l’Éducation (de 1986 à 1988) qui fut président du Sénat et président du conseil du général de la Vienne. Alors que l’annonce officielle ne devrait pas intervenir avant le début du mois de septembre, il n’est pas sûr que cette candidature tienne la distance. Car le corps des Mines n’a pas abdiqué et souhaite toujours voir l’un des siens être propulsé à la tête d’EDF. Au sein de ce corps de très hauts fonctionnaires, qui a repris une nouvelle vigueur grâce à Arnaud Montebourg, le ministre de l’Économie et du Redressement productif qui s’appuie sur eux, c’est Jean-Pierre Clamadieu, l’actuel patron du groupe chimique belge Solvay, qui aurait été choisi pour prendre la présidence d’EDF, selon une source interne. Son nom a déjà été publié par <i>Le Canard Enchaîné</i> en début d’année, l’amenant à démentir un quelconque intérêt pour EDF.</p>
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<b>D’autres candidats seraient aussi en lice pour la présidence d’EDF.</b> Considérant avoir terminé sa tâche à la tête de la SNCF avec le projet de réforme du secteur ferroviaire, Guillaume Pepy a fait savoir qu’il était disponible pour de nouvelles aventures. <i>« Mais sa candidature n’est pas soutenue au sein du gouvernement, certains ministres craignant qu’en devenant président d’EDF, Pepy n’ait trop de pouvoirs »</i> indique une source à Bercy. De plus, la grève des cheminots, qui contestent le projet de loi, perturbe l’agenda et handicape sa candidature.</p>
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<b>Un bon connaisseur du dossier</b></p>
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Pour légitimer la candidature de Thierry Breton, le pouvoir peut, toutefois, mettre en avant sa double compétence de « manager » d’entreprise et d’homme politique, bon connaisseur du dossier EDF. C’est durant son passage au ministère de l’Économie que la mise en bourse d’EDF a été réalisée. Il a aussi préparé l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence pour les clients domestiques et l’accès des concurrents à la production électrique d’EDF. Et comme patron d’Atos, Thierry Breton pilote aussi le projet Linky, le compteur communicant qu’EDF déploie dans les foyers.</p>
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<b>Mais ses détracteurs pourraient aussi rappeler certaines vieilles affaires qui pourraient ternir son image de chef d’entreprise à succès.</b> Sans remonter au scandale Rhodia, dans lequel le nom de Thierry Breton fut cité sans que sa responsabilité soit mise en cause, l’ancien ministre fut aussi le président de France Télécom (rebaptisé depuis Orange) de 2002 à 2005. S’il redressa la santé financière de l’opérateur national, Thierry Breton mit aussi en place les méthodes de management auxquelles est imputée, quelques années après son départ de l’entreprise, une vague de suicides.</p>
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Interrogé par Hexagones, l’entourage de Thierry Breton indique que le président d’Atos considère, d’une part, qu’<i>« il est important que la continuité prévale chez EDF sous la direction d’Henri Proglio, qui est un très bon patron »,</i> et, d’autre part, que <i>« face à cette éventualité (devenir président d’EDF), c’est non ».</i> À quatre mois de l’échéance, on peut comprendre que Thierry Breton n’a pas envie d’apparaître comme le candidat du pouvoir. Tout en sachant que l’avenir d’Henri Proglio paraît très compromis. Il doit faire face à une enquête préliminaire pour un potentiel trafic d’influence concernant de possibles versements de la Fondation EDF à l’actrice Rachida Khalil, devenue depuis son épouse.</p>
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Thierry Gadault</p>
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<strong>Âgé de 59 ans, Thierry Breton a déjà vécu plusieurs vies. Cet auteur à succès, devenu chef d’entreprise et homme politique, peut se montrer aussi brillant et fascinant que brutal et désagréable.</strong></p>
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<img alt="Breton" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/101213/breton.jpg" /></p>
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<em>Thierry Breton / crédits : Baltel /SIPA</em></p>
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Difficile de résumer Thierry Breton, cet animal à sang froid, aussi ébouriffé qu’insaisissable, avec sa manière de vous caresser dans le sens du poil pour mieux vous houspiller. Entre l’ancien ministre de l’Économie des gouvernements Raffarin puis Villepin (entre 2005 et 2007) et la presse, les relations ont souvent été orageuses. Thierry Breton vit mal les critiques et a toujours eu le réflexe de coincer l’objet de son ressentiment pour lui dire ses quatre vérités. Comme envers cette consœur de <i>Libération</i> lors d’un déplacement à Auxerre, du temps où il dirigeait France Télécom : son tort avait été de critiquer les <i>« départements innovants »</i> de l’opérateur, le matin même dans le quotidien, preuves à l’appui, déclenchant ainsi sa foudre et obligeant un confrère à s’interposer avant que cela ne dégénère. Après un instant de flottement, le futur ministre reprit ses esprits et retrouva son calme.</p>
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À 59 ans, Thierry Breton affiche un CV déjà très bien rempli. Auteur à succès de romans d’anticipation (<i>Softwar</i> en 1983, <i>Vatican III</i> en 1985 et <i>Netwar</i> en 1987) ; conseiller très écouté de René Monory, qui fut ministre UDF de l’Éducation entre 1986 à 1988, président du Sénat et président du conseil général de la Vienne (on lui doit le Futuroscope) ; chef d’entreprise, spécialisé dans les restructurations difficiles (France Télécom, Atos), voire impossibles (Bull, Thomson Multimédia) ; homme politique proche des partis centristes, grâce à son épouse Nicole-Valérie Baroin qui fut, durant de longues années, une figure du Sénat ; universitaire (à Havard) et banquier d’affaires (chez Rothschild à New York), le temps de sa courte traversée du désert entre 2007 et 2008. Malgré ce parcours protéiforme, le patron de la société de services informatiques Atos demeure affamé. Son nom est régulièrement cité comme candidat à la tête de grandes entreprises (Société Générale, Alcatel, Sanofi) lorsqu’un poste se libère. Toujours en embuscade en quelque sorte.</p>
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À l’aise dans les négociations, aussi bien avec ses actionnaires qu’avec l’État ou les fonds d’investissement, il aime les missions compliquées, du « sauvetage » de Bull ou de Thomson Multimédia (TMM) à celui de France Télécom en 2002. La méthode est brutale, mais réputée efficace. Elle s’appuie sur son concept <a href="http://www.novethic.fr/empreinte-sociale/risques-psychosociaux/isr-rse/les-risques-du-lean-management-137377.html">« TOP »(Total Operational Performance)</a>, méthode consistant à mettre l’entreprise sous tension en y introduisant une forte dimension de lean management (méthode d’organisation et de gestion d’origine japonaise censée éliminer les surcoûts, dont il est particulièrement friand). Son obsession de la performance peut toutefois tourner au cauchemar pour les salariés, comme l’a montré la vague de suicides qui s’est produite chez France Télécom à partir de 2008.</p>
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Au-delà des résultats économiques ou du parcours boursier (la valeur d’Atos a été multipliée par trois depuis son arrivée), souvent tangibles à court terme, ses détracteurs pointent sa faculté à quitter ses fonctions à mi-parcours, comme chez TMM, juste à temps pour ne pas être comptable des difficultés survenues quelques années plus tard. L’ex-pépite française de l’électronique grand public s’écroulera ainsi aussi vite que Breton l’avait redressée.</p>
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<strong>"un authentique industriel"</strong></p>
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Davantage qu’un gestionnaire ou un redresseur d’entreprises en péril, Thierry Breton se revendique comme un authentique industriel, un univers que cet ancien Supélec fréquente depuis des décennies. <i>« C’est quelqu’un de très méticuleux dans l’exécution qui a aussi une réelle vision à long terme »,</i> acquiesce un membre de sa garde rapprochée qui le suit depuis une vingtaine d’années. <i>« La vision à six mois, c’est déjà moins son truc »</i> ajoute-t-il. Homme de réseaux – quoiqu’il s’en défende –, Thierry Breton est aussi à l’aise parmi les grands patrons (administrateur de Carrefour, il est proche de Bernard Arnault, Claude Bébéar ou Jean-René Fourtou, et s’entend très bien avec Arnaud Lagardère) que dans la sphère publique. <i>« J’ai rendez-vous avec un de mes anciens clients »</i>, dit-il à ses troupes, évoquant alors son passage à la tête de France Télécom, lorsqu’il doit rencontrer un dirigeant du CAC 40.</p>
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Doté d’une réelle culture internationale, comme le montrent ses bonnes relations avec NEC, Microsoft ou Siemens et malgré les déboires d’Atos en Grande-Bretagne, ce chiraquien patenté – et fort peu sarkozyste – dispose aussi de bonnes connexions en Chine et au Japon. <i>« Je connais bien votre président »</i> a-t-il coutume de dire à ses interlocuteurs étrangers, en référence à ses déplacements officiels lorsqu’il était ministre.</p>
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<b>Reste cette capacité à convaincre, même lorsque sa sincérité est sujette à caution.</b> Une faculté étonnante, doublée d’une forme de magnétisme, qui lui procure une certaine aura. Comme lorsqu’il confiait : <i>« ma principale motivation à la tête de France Télécom, c’est la présence du mot France ».</i> Une sincérité dont on se demande parfois si elle est feinte et aussi désintéressée qu’il le proclame. Un peu à l’image de sa rémunération (4,9 millions d’€ en 2013), l’une des plus élevées parmi les dirigeants français.</p>
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Henri Bessières</p>
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<em>Mise à jour 18 juin 2014 à 20h</em></p>
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<strong>Exclusif Hexagones : </strong>Les ex-collaborateurs de SFR dont le service client avait été externalisé en 2007 viennent de remporter une victoire juridique décisive devant la Cour de cassation. En déboutant, ce 18 juin, l’opérateur de son pourvoi contre un arrêt de la cour d’appel de Toulouse de mars 2012, arrêt qui pointait « une collusion frauduleuse » entre l’opérateur et son sous-traitant Téléperformance, la Cour de cassation fixe ainsi les limites à ne pas dépasser quant aux conséquences sociales en matière d’externalisation d’activités. En plein processus de rachat par Numéricâble, cette décision, qui pourrait lui coûter plusieurs dizaines de millions d’euros, est un sévère revers pour SFR, y compris en terme d’image et de responsabilité sociale.</p>
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<strong>La Cour de cassation dira mercredi 18 juin si SFR était fondé à se séparer du quart de ses collaborateurs en 2007 en les transférant à des sous-traitants. Une défaite judiciaire de la société remettrait sérieusement en cause certains procédés en matière de restructuration.</strong></p>
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<img alt="Sfr" height="543" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/101210/sfr.jpg" width="383" /></p>
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<em><span class="copyright">Les salariés de l'opérateur mobile SFR se sont mobilisés contre le projet d'externalisation de trois centres d'appels qui emploient 1900 salaries, 2007, La Défense/ copyright</span> © http: Meigneux/SIPA</em></p>
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La Cour de cassation se prononcera le 18 juin sur la légalité du transfert de près de 1 900 collaborateurs de SFR Service Client à deux de ses sous-traitants en 2007. En apparence anodine – la direction de SFR, qui est à l’origine du pourvoi, parle de « serpent de mer » –, la décision de la chambre sociale de la plus haute juridiction française est fort attendue à plusieurs titres.</p>
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D’abord, il s’agit de l’aboutissement d’une procédure longue et complexe au cours de laquelle SFR a été plusieurs fois condamnée, notamment pour « collusion frauduleuse » avec ses sous-traitants. L’opérateur télécom était alors une entreprise florissante, et ce transfert concernait près du quart de ses effectifs. Quelques mois avant cette opération, <b>SFR s’était formellement engagée à ne procéder à aucun licenciement durant trois ans.</b> La Cour de cassation pourrait remettre en cause la légitimité d’un processus « d’externalisation » uniquement destiné à diminuer ses coûts. Selon Me Romain Geoffroy, avocat au barreau de Montpellier et conseil des plaignants, un tel arrêt constituerait un revirement de jurisprudence.</p>
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<i>« Nous attendons cette décision avec impatience »</i> confie Éric Denjean, un syndicaliste en pointe tout au long du conflit et qui en a tiré un récit fort détaillé (1). <i>« Ce serait la reconnaissance d’un combat légitime si la Cour de cassation nous donnait définitivement raison »,</i> poursuit l’ancien téléconseiller toulousain. <b>Il évoque une possible <i>« victoire juridique et morale »</i>.</b> Au-delà du conflit social et de la procédure qui s’en est suivie, c’est aussi un combat contre les méthodes, ici brutales, de certaines grandes entreprises pourtant en excellente santé financière. L’histoire est « rocambolesque » aux yeux de cet ancien de SFR dans un contexte où l’opérateur ne manquait pas une occasion de rappeler sa « responsabilité sociale », aussi bien en interne que vis-à-vis de l’extérieur.</p>
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<strong>C’est la fin du paradis en quelque sorte pour ces 1 877 employés fiers de leur culture d’entreprise dans un univers réputé pour sa précarité.</strong></p>
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Plutôt bien considérés et fort convenablement traités, les collaborateurs du Service Client de SFR tombent des nues lorsqu’ils apprennent en mai 2007 l’intention de leur direction de les transférer à Téléperformance et Arvato, deux géants de la relation client. L’initiative passe d’autant plus mal que le groupe est prospère (3,45 milliards d’euros d’excédent brut d’exploitation en 2006 pour un chiffre d’affaires de 8,67 milliards) et que son service client est volontiers présenté comme un avantage concurrentiel déterminant. Alors président de SFR Service Client, Hervé-Matthieu Ricour n’affirmait-il pas en début d’année que 2007 serait <i>« l’ère du chargé de clientèle »</i> ? Quatre mois plus tard, la tonalité a radicalement changé avec l’annonce du projet d’externalisation des sites de Toulouse, Poitiers et Lyon. C’en sera bientôt fini de leur « cage dorée » en référence à des conditions de travail difficiles, mais compensées par une rémunération attractive (primes, participation, intéressement, 13e mois) et de nombreux avantages sociaux (mutuelle, comité d’entreprise). C’est la fin du paradis en quelque sorte pour ces 1 877 employés fiers de leur culture d’entreprise dans un univers réputé pour sa précarité.</p>
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<b>L’affaire sera rondement menée et les salariés transférés à leur nouvel employeur en août 2007.</b> S’ensuit une vague de recours devant les tribunaux, d’abord en conseil des prud’hommes puis devant la cour d’appel de Toulouse. Un arrêt du 9 mars 2012 rendu par cette dernière parle de « collusion frauduleuse » entre SFR et ses sous-traitants. Parmi les questions soulevées au cours de ces diverses procédures judiciaires, celle de la légitimité du transfert s’avèrera déterminante. Pourquoi recourir à des sous-traitants pour alléger ses coûts plutôt que de mettre en œuvre un plan social classique ? Pourquoi un mode opératoire aussi acrobatique ? La raison est simple et l’avocat des ex-SFR l’a fort bien décortiquée tout au long de la procédure. Signataire fin 2006 d’un plan de gestion de l’emploi et des compétences (PGEC) prévoyant de ne pas effectuer de licenciement économique durant trois ans, l’opérateur ne pouvait pas effectuer de plan social. D’où le transfert à des sous-traitants.</p>
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Il est apparu que le plan de départ volontaire ultérieurement mis en œuvre par les sous-traitants avait été suggéré et même financé par SFR à hauteur d’une centaine de millions d’euros... C’était considéré comme le prix à payer pour se débarrasser d’une activité alors qualifiée par certains dirigeants de l’opérateur de « boulet ». La cour d’appel, qui parle de « décrutement », a modérément apprécié cette démarche. Elle dénonce dans son arrêt la manière dont ce transfert a permis à SFR d’échapper à ses obligations légales, puisqu’elle s’était engagée à maintenir l’emploi au terme de l’accord de GPEC.</p>
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<strong>SFR les a trahis</strong></p>
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<img alt="Sfr-1" height="284" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/101211/sfr-1.jpg" width="426" /></p>
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<em><span class="copyright">copyright</span> © http: Meigneux/SIPA</em></p>
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Le plan de départ volontaire des repreneurs a rencontré un grand succès, plus de 90 % des salariés y souscrivant, et pour causes. D’abord, le statut individuel et collectif offert par les sous-traitants était nettement moins protecteur. Ensuite, les conditions de départ (18 mois de salaire), conjuguées aux perspectives d’indemnisation temporaire par l’assurance chômage, étaient avantageuses. <b>La cour d’appel qualifie ce tour de passe-passe <i>« d’ensemble visant à éluder sciemment et de concert les droits et garantie des salariés »</i>, car le dispositif visait à ses yeux à restructurer l’activité service client de l’opérateur sans possibilité de reclassement pour les salariés.</b> Les départs ne peuvent être vus comme volontaires sachant que la rupture amiable trouve sa cause dans la décision de SFR d’externaliser son activité.</p>
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<strong>"SFR n'avait absolument pas vu venir le risque juridique"</strong></p>
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Manuela Grévy, maître de conférence à Paris I et auteure <a href="http://beta.hexagones.fr/www.loysel.fr/atga/ArticlesTG/05-2012.pdf">d’une note circonstanciée sur l’arrêt de la cour d’appel de Toulouse dans la Revue du Droit du Travail</a>, pointe le <i>“transfert à la collectivité – assurance chômage – du coût à long terme du redéploiement de l’activité du groupe SFR”</i>. Pour les salariés concernés, le constat est amer : SFR les a trahis. Vue de l’opérateur, la situation n’est guère plus flatteuse. Après avoir versé plusieurs millions de dommages et intérêts à l’issue de condamnations déjà prononcées dans plusieurs dizaines de dossiers, l’arrêt de la Cour de cassation pourrait ouvrir la voie à de nouvelles procédures, donc à de nouveaux dommages et intérêts. <i>“SFR n’avait absolument pas vu venir le risque juridique”</i>, assure un familier du dossier.</p>
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Indépendamment de l’enjeu financier, cet arrêt est également très attendu dans sa dimension économique et sociale. <i>“L’arrêt du 18 juin montrera si la logique sociale l’emporte sur la logique économique, ce qui constituerait un véritable revirement de jurisprudence”</i> estime Me Geoffroy. <i>“Si la Cour de cassation valide l’arrêt de la cour d’appel de Toulouse, cela signifierait qu’il y a d’autres manières pour une entreprise de diminuer ses coûts que de détruire de l’emploi”,</i> poursuit l’avocat des plaignants. <i>“Au-delà du caractère frauduleux du transfert de ces salariés, cela confirmerait la légitimité d’une indemnisation spécifique au titre de la perte d’une chance de conserver son emploi, indépendamment de l’indemnité liée à la rupture du contrat de travail”</i> estime Me Geoffroy. Ce qui pourrait alors faire grimper l’addition à plusieurs dizaines de millions d’euros pour SFR.</p>
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Bref, tout le monde joue très gros. Même en cas de décision favorable aux syndicats, la réintégration des salariés demeure toutefois une hypothèse hautement improbable. <b>Quoiqu’il arrive, l’image de SFR, en plein processus de rachat par Numéricable, risque d’être sérieusement écornée.</b> Dans cette procédure qui s’apparente à celle du pot de terre contre le pot de fer, le pot de terre, défendu devant la Cour de cassation par la SCP Lyon-Caen, une référence en droit social, a bon espoir.</p>
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(1) <a href="http://sfr-lelivre.jimdo.com/">SFR, les coulisses d’une machine à cash, Editions Malpaso.</a></p>
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Henri Bessières</p>
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<strong>Nous étions impatients de pouvoir mettre en ligne Hexagones, tout va enfin pouvoir commencer.</strong></p>
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Grâce aux 291 souscripteurs qui ont participé à notre opération de crowdfunding avec Kisskissbankbank (<a href="http://www.kisskissbankbank.com/hexagones" target="_blank">http://www.kisskissbankbank.com/hexagones</a>), nous avons en effet atteint notre objectif (15 000 euros) ce dimanche.</p>
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Comme nous l’avions promis, nous ouvrons donc le site dès lundi matin. Toute l’équipe d’Hexagones remercie très chaleureusement les kissbankers qui nous ont permis de réussir notre opération, ainsi que notre partenaire Kisskissbankbank avec qui nous avons préparé et réalisé cette opération.</p>
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<strong>Pour le moment, et jusqu’à la fin de l’opération de financement participatif (le 20 juin), seuls les kissbankers pourront lire les enquêtes et reportages que nous mettons en ligne, via notre page Kisskissbankbank.</strong> À partir du 21 juin, pour accéder à nos contenus, vous devrez soit avoir participé à notre opération de crowdfunding, soit vous abonner en direct sur notre site. Plusieurs formules vous seront proposées.</p>
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Hexagones est un projet de journalistes qui souhaitent disposer d’une plateforme participative permettant de renouer avec le cœur de notre métier : aller sur le terrain, partout en France, pour enquêter et rapporter ce que nous avons vu et entendu<strong>. Hexagones ne sera pas un site militant,</strong> dans le sens où il prendrait une position politique sur tel ou tel sujet<strong>. Nous estimons que vous lecteurs, êtes suffisamment intelligents pour vous faire votre propre opinion. </strong>En revanche, notre rôle est de mettre en perspective le flux brut de l’actualité pour l’expliquer et lui donner un sens, ce qui vous donnera des pistes de réflexion et vous permettra de forger vos opinions.</p>
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<strong>Pour que l’information redevienne un acteur de la vie démocratique</strong></p>
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L’argent que nous avons récolté nous permettra de financer la production de nos enquêtes et reportages et, surtout, de développer très rapidement de nouveaux contenus (webdocs, livres numériques, podcasts).</p>
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Si les 15 000 euros demandés et obtenus peuvent paraître constituer une somme bien modeste par rapport aux besoins d’une entreprise de presse, nous vous devons aussi quelques explications sur notre modèle économique<strong>. Le numérique et Internet permettent en effet de réduire massivement les frais fixes d’une rédaction : </strong>nous n’avons pas de locaux, de secrétaires ou de réseaux de diffusion à financer. L’équipe de journalistes indépendants, qui ont décidé de rejoindre le projet, sait que l’argent disponible, celui du crowdfunding et celui que j’ai obtenu pour financer la création du site, ne servira qu’à une seule chose : payer les articles. <strong>Nos futurs moyens financiers dépendent maintenant entièrement de nous</strong> : c’est notre capacité à publier un contenu de qualité et exclusif qui vous convaincra de rester abonné, et nous permettra de conquérir de nouveaux lecteurs.</p>
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<strong>Alors, si vous pensez que cette aventure mérite d’être encouragée, restez à nos côtés,</strong> faites-nous part de vos remarques, critiques et propositions. Elles nous permettront de nous améliorer et d’améliorer nos contenus. Pour que l’information redevienne un acteur de la vie démocratique.</p>
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<strong>Jean-Luc Touly, la bête noire des majors de l’eau</strong></p>
<p style="margin:0px;text-indent:0px;color:rgb(0,0,0)">
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<p style="margin:0px;text-indent:0px">
<span style="color:rgb(0,0,0)">Découvrez la nouvelle vidéo de soutien à Hexagones. Cette fois de la part de Jean-Luc Touly, l’emblématique défenseur de la gestion publique de l’eau. Délégué syndical FO chez... Veolia, membre de la fondation France Libertés et de l’association Anticor, Jean-Luc connaît toutes les dérives des majors de l’eau. Mais son combat ne s’arrête pas là. Il est aussi l’auteur, avec Roger Lenglet, de plusieurs livres sur les syndicats. Jean-Luc est enfin conseiller régional en Île-de-France, élu sur une liste Europe Écologie Les Verts, un parti avec lequel il est en rupture de ban, en raison notamment de la proximité de certains de ses dirigeants avec Veolia et Suez Environnement.</span></p>
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<strong>Sangatte, son golf et ses paysans en colère</strong></p>
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<em><strong>À l’endroit même où se trouvait le centre d’accueil des migrants, à Sangatte, Eurotunnel va créer un golf 18 trous. Et exproprier des agriculteurs, qui n’ont pas l’intention de se laisser faire. </strong></em></p>
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Pour fêter ses vingt ans, Eurotunnel s’est offert un joli cadeau : un golf de 18 trous sur 120 hectares, à Sangatte (Pas-de-Calais), enrichi d’un complexe hôtelier de luxe et d’une station balnéaire. Sans compter plusieurs commerces et résidences touristiques. La surface totale approche les 160 hectares. L’ouverture est prévue en 2017. Sur le site même de l’ancien centre de la Croix Rouge, qui accueillait des migrants <a href="http://www1.rfi.fr/actufr/articles/036/article_18473.asp" target="_blank">jusqu’à sa fermeture en 2002, par Nicolas Sarkozy, </a>alors ministre de l’Intérieur. D’ailleurs, le projet date de cette époque.</p>
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<img alt="Sangatte-croix_rouge" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/99042/sangatte-croix_rouge.jpg" /></p>
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<em>Vue aérienne de l'ancien centre de la Croix Rouge qui accueillait des migrants, Sangatte, 2002.</em></p>
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<em>Crédits : SIPA</em></p>
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<em>« La présence des migrants perturbait le fonctionnement de l’Eurostar et des ferries, et donnait une image terrible de la commune, explique Guy Froment, consultant pour Eurotunnel, qui porte le dossier depuis ses débuts. La commune de Sangatte et Eurotunnel, propriétaires du terrain, voulaient en finir avec ces problèmes de circulation et de réputation. D’où l’idée de faire un golf. » </em>Par un heureux hasard, la décision de Nicolas Sarkozy a permis de libérer les lieux. Onze ans plus tard, en février 2013, la ville de Sangatte confiait la concession d’aménagement de « l’écovillage balnéaire de la porte des deux caps »(1) — nom officiel du projet — à... Eurotunnel.</p>
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<em><strong>« Il faut y voir une opération de communication : remplacer les réfugiés kosovars par des golfeurs anglais »</strong></em></p>
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<strong>Promesses d'emplois</strong></p>
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À Sangatte, ce futur golf est accueilli favorablement par les habitants. La région, touchée par la désindustrialisation, connaît un taux de chômage qui avoisine les 14 %. <em>« D’après des estimations globales, il y aurait quelques centaines d’emplois créés ou maintenus grâce aux travaux de construction, et une centaine d’emplois créés grâce aux nouvelles activités »,</em> précise Guy Froment. <strong>Sachant qu’une bonne partie de ces activités seront liées au tourisme, donc saisonnières</strong>. Les réunions d’information organisées depuis plus d’un an par la mairie ont confirmé le soutien de toute la population. Toute... ou presque. Une poignée d’agriculteurs bataille ferme contre le golf. Et pour cause : il va prendre leurs terres. À l’image de Damien Van Haecke, cultivateur de semences de pommes de terre, et de Bertrand Baey, éleveur de bovins (voir la vidéo).</p>
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Des indemnités ont pourtant été négociées entre Eurotunnel et Sangatte, d’une part, et la chambre régionale d’agriculture et les syndicats, d’autre part. Le montant total a été fixé à 3,6 millions d’euros. À répartir entre une dizaine d’agriculteurs, propriétaires et exploitants, dont plus de la moitié verront leur surface amputée d’au moins 75 %. Mais la plupart n’en veulent pas. Ils estiment qu’une fois expropriés, ils n’auront aucune chance de retrouver des terres cultivables. <strong><em>« L’indemnisation ne remplacera jamais nos terres, explique Damien Van Haecke. Nous y sommes installés depuis plusieurs générations, et nous voulons les transmettre à nos enfants. »</em></strong></p>
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Pour eux, le projet de golf n’a qu’un objectif : permettre à Eurotunnel, propriétaire de 25 % des 160 h, de faire une opération de spéculation immobilière. <em>« Vu la conjoncture économique, dans l’immobilier et dans cette région, cet argument n’est guère recevable »</em>, souligne Guy Froment.</p>
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« <em>Au mieux ce sera une opération blanche, d'un point de vue financier.</em> » De fait, il faut y voir avant tout une opération de communication : effacer le passé et remplacer les réfugiés kosovars par des golfeurs anglais. Si la thèse des agriculteurs paraît fragile, certaines de leurs remarques, en revanche, sont plutôt solides.</p>
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<img alt="Capture" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/99046/Capture.JPG" /></p>
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<em>Présentation du projet de l'éco-village balnéaire et du golf à Sangatte.</em></p>
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<em>Crédit :<a href="http://www.eurotunnelgroup.com/fr/groupe-eurotunnel/Euro-Immo-GET/Pr%C3%A9sentation-du-projet/" target="_blank"> http://www.eurotunnelgroup.com/</a></em></p>
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<strong>Eurotunnel tout -puissant</strong> </p>
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Elles mettent d'abord en lumière la puissance économique d'Eurotunnel.<strong> Le budget d'aménagement du golf est estimé à 29 millions d'euros. Une bagatelle pour ce groupe. </strong>L'époque où il croulait sous les dettes et suscitait la colère de ses petits actionnaires est révolue. Depuis 2009, Eurotunnel est bénéficiaire. En 2013, son chiffre d'affaires s'est monté à 1,09 milliard d'euros, en hausse de 12 % par rapport à 2012. Jacques Gounon, PDG depuis 2007, n'hésite pas à présenter son entreprise comme une « machine à cash » - dont il est le premier bénéficiaire, avec un salaire annuel de 1,1 million d'euros (2). Outre sa mission initiale - la gestion du tunnel sous la Manche -, le groupe a développé de multiples activités. Dans le fret ferroviaire, notamment. Il a ainsi obtenu la concession des terminaux de sept ports français, de Dunkerque à Rouen, Strasbourg et Bordeaux. Un secteur qui a connu 16 % de croissance en 2013. <strong>Sa force financière lui donne un vrai poids politique.</strong> Dans la région, personne ne résiste à Eurotunnel. Excepté quelques irréductibles paysans.</p>
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<strong><em>« Eurotunnel est devenue « une machine à cash », selon les mots de son PDG.</em></strong></p>
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Entre autres arguments, ces derniers s'interrogent sur la pertinence d'une déclaration d'utilité publique... pour un golf. Ses promoteurs en avaient besoin pour une raison : elle seule permet de recourir à des expropriations. Prononcée en juillet 2013 par le tribunal administratif de Lille, elle s'appuie sur les conclusions d'un rapport rendu six mois plus tôt (3). Son auteur reconnaît d'ailleurs qu'une telle déclaration « peut poser question ». Avant d'évoquer les créations de logements, associées au golf, qui, elles, relèvent de l'utilité publique. C'est ainsi qu'il justifie sa décision : <em>« les deux éléments sont liés et ne peuvent être dissociés »</em>. Mais il n'explique pas pourquoi. Ce golf ne pouvait-il donc se faire sans la construction d'habitations voisines ?</p>
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Le document rappelle ensuite l'obligation de <em>réaliser « un minimum d'équipements publics »</em>. Avant de souligner <em>« une relative imprécision quant à la nature des équipements prévus </em>», et de suggérer que cette obligation n'est pas remplie. Interrogé sur ce point, Guy Froment répond que <em>« des discussions sont en cours entre les collectivités locales »</em>. En somme, rien n'est décidé. Enfin, le rapport donne raison aux futurs expropriés en précisant que les indemnités ne suffisent pas. Son auteur regrette que le <em>projet « ne rappelle pas plus explicitement le contexte agricole local et ne fixe pas d'objectifs en la matière. »</em></p>
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<strong>Marché saturé</strong></p>
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Sur le terrain économique, le futur golf va devoir affronter une forte concurrence. Il existe une demi-douzaine de parcours dans un rayon de 40 km, du Touquet à St Omer, Hardelot et Wimereux. Ce dernier, un des plus anciens de France (il a ouvert en 1901), se sent menacé. « Nous étions le golf le plus proche du tunnel, d'où arrivent de nombreux touristes, explique un de ses responsables. Si ce parcours voit le jour, nous n'aurons plus cet avantage. Autant vous dire que nous ne sautons pas de joie. » D'autant que la fréquentation des golfs de la région est en baisse constante depuis plusieurs années.</p>
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Celui du Touquet est passé de 40 000 à 34 324 visiteurs annuels entre 2008 et 2012, et celui d'Hardelot de 38 099 à 29 661 entre 2008 et 2011 (4). Ils appartiennent d'ailleurs tous deux au groupe Open Golf, candidat à la gestion du futur green de Sangatte... Dans ce marché saturé, il va falloir batailler ferme pour trouver une clientèle. Et dépasser un autre obstacle, souligné par les cultivateurs qui connaissent bien le sujet : les terres prévues pour le parcours de 18 trous sont balayées toute l'année par un vent qui souffle en moyenne à 30 / 40 km/h. Le terrain sera donc réservé à une élite qui maîtrise le maniement du club. Ce qui réduit un peu plus encore le public visé.</p>
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<em><strong>« Dans un rayon de 40 km, il existe déjà une demi-douzaine de golfs »</strong></em></p>
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À tous ces arguments, le maire de Sangatte (Guy Allemand, divers gauche), principal promoteur du projet, n’a pas souhaité nous apporter de réponses. Du côté d’Eurotunnel, cette remarque spontanée faite par un cadre, à l’humour particulier, pourrait bien conforter Damien Van Haecke et ses amis dans leur sentiment d’être « méprisés » : « Grâce à nous, les agriculteurs vont pouvoir se mettre au golf. C’est plutôt bien, non ? »</p>
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1 - un site préservé très touristique, entre le cap Gris-Nez et le cap Blanc-Nez</p>
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2 - source : <a href="http://www.eurotunnelgroup.com/fr/groupe-eurotunnel/Euro-Immo-GET/Index/" target="_blank">Document de référence 2013 du groupe Eurotunnel</a></p>
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3 - source : « Enquête préalable à la déclaration d'utilité publique », Yves Allienne, 20 janvier 2013</p>
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4 – source : « Fréquentation des équipements touristiques de Nord – Pas de Calais », document du Comité régional de tourisme Nord – Pas de Calais (2013)</p>
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<em>Propos recueillis pas Martin Brésis et Nina Robert.</em></p>
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<strong><a href="http://www.kisskissbankbank.com/hexagones" target="_blank">Soutenez la campagne d’Hexagones http://www.kisskissbankbank.com/hexagones</a></strong></p>
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<strong><em>Nouveau contenu exclusif pour les Kissbankers. Hexagones publie aujourd’hui la première chronique de Philippe Vecchi. Dans un monde où l’image est devenue le principal mode de communication et d’information, il nous semblait important d’avoir une chronique permettant de décrypter ce que nous voyons, que ce soit sur les chaînes de télévision traditionnelles ou via Internet. </em></strong></p>
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<strong>MON ŒIL </strong></p>
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<strong>par PHILIPPE VECCHI</strong></p>
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<strong>JEUX DE CONS</strong></p>
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<img alt="Sipa_00660064_000057" height="311" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/99468/sipa_00660064_000057.jpg" width="210" /></p>
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<em>Cyril Hanouna, "fête de la musique" 2013, sur France 2</em></p>
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<em>Crédits : SIPA</em></p>
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Chaque soir, Cyril Hanouna fait son beurre, certes légèrement saturé en acides gras, aux commandes de « Touche pas à mon poste », en access prime-time sur D8. Chaque soir, il étrille consciencieusement en audience son concurrent du même groupe, Antoine de Caunes sur Canal+, qui va pourtant redoubler (de jeux de mots) au motif que : 1) on ne change surtout pas une équipe qui perd ; 2) hors « le Grand Journal », point encore de prototype imparable dans les turbines à concepts. Bref, si vous nous avez bien lu, Hanouna empoche pour la deuxième saison consécutive le titre de « Mec télé de l’année » — ce qui ne fait pas pour autant de lui un imbécile… A contrario, c’est même un inventeur de jeux à la noix tout à fait uniques en leur genre. Exemple ? Une interview « pouët-pouët tagada ! » sur le mode « Qui veut gagner des millions ». Tu coches la bonne réponse, et tous les autres chroniqueurs ramassent un gage collectif. Tu te plantes en solo, et là, c’est toi qui devras hululer le cri de Tarzan ou même croquer dans une couille de mouton qui pue l’urine (arf, trop dégueu !). Nouveauté qui devrait faire florès parmi les ménages adhérents : le roulage de pelles entre chroniqueurs perdants, avec un mini Caprice des Dieux entre les dents (celles qui rayent le parquet, bien entendu). <strong>Hiver comme été, Cyril Hanouna a peuplé sa table de journalistes télé qui n’en reviennent toujours pas d’être devenus des vedettes populaires. Ça les excite à mort.</strong> On reconnaît ce frisson contagieux, tous ces gens dans la rue qui les trouvent géniaux. En conséquence de quoi, les uns et les autres se dépouillent de leurs velléités vaguement critiques (soit : leur job) pour mieux se faire piétiner à l’antenne (soit : leur vice), histoire d’exister, jour après jour, de façon encore plus intense. Chanter haut perché avec de fausses dents de lapin, se laisser tartiner le visage de boue, réciter l’alphabet en rotant et bientôt, se faire encorner la rate par une vachette lâchée à l’aveugle sur le plateau ? Tu peux le faire ! Et t’as même vachement intérêt, si tu veux de nouveau être convié à la table en septembre prochain… « Après ça, on va tous bien puer de la gueule ! », conclut Hanouna. Ben, pas vraiment… ça, on a l’impression que c’est déjà fait, non ?</p>
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<strong>PAR ICI LA SORTIE</strong></p>
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<img alt="Sipa_00646150_000007" height="306" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/99637/sipa_00646150_000007.jpg" width="215" /></p>
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<em>Jean Francois Cope, sur le plateau FRANCE 5. Paris.</em></p>
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<em>Crédits : SIPA</em></p>
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Compte tenu de sa cote de Français satisfaits, les « bains de foule » de François Hollande sont cycliquement circonscrits à l’Élysée et au trottoir d’en face (pour le coup, il n’y a vraiment rien à craindre). L’affaire Bygmalion n’aidant pas, on entend moins les politiques la ramener en général par le temps qui court. On se souvient de David Pujadas lançant un sujet tristoune sur l’amertume en politique. D’anciens ministres du gouvernement Ayrault étaient de retour à l’Assemblée nationale après leur éviction sommaire. Le premier rejoignait son bureau cheap de député des Landes : pas grave, il sera de bout en bout resté inconnu au bataillon. Empathie minimale lorsqu’il se plaint d’avoir appris la mauvaise nouvelle à la télévision, tu parles d’un scoop... <strong>La défaite en politique est une victoire à la Pyrrhus de la télé. </strong>Pour sauver les politiciens du discrédit croissant de leurs discours, elle leur donnera fatalement dans quelque temps une « seconde chance », celle d’un recyclage littéraire – qui nous pend au nez, surtout du côté de Pierre Moscovici, extrêmement échaudé par sa mise à l’écart, et de Jean-François Copé, complètement grillé des ailes aux pilons. De toute façon, et la télévision le sait, tant qu’un homme politique n’est pas mort et enterré, tout reste possible. Regardez à quelle vitesse le vent des sondages tourne pour Juppé ou DSK : quoi qu’on dise et fasse, le western continue ad libitum.</p>
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<strong>ENFER ET DAMNATION</strong></p>
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<img alt="Sipa_ap21402380_000006" height="321" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/99655/sipa_ap21402380_000006.jpg" width="478" /></p>
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<em><span id="result_box" lang="fr"><span class="hps">Cette photo</span> <span class="hps">publiée par</span> <span class="hps">Human Rights Watch</span> <span class="hps">montre un dispositif de</span> <span class="hps">torture</span> <span class="hps">abandonné sur</span> <span class="hps">le sol</span> <span class="hps">d'un immeuble</span><span>,</span> <span class="hps">à Raqqa</span><span>,</span> <span class="hps">Syrie</span><span>.</span></span></em></p>
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<em>Crédits : SIPA.</em></p>
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L’horreur de la guerre en Syrie, l’abjection militaire ne sont en permanence qu’à quelques clics de nous, grouillant dans la toile, prêtes à vous arracher les yeux. <strong>Sur YouTube, la déferlante de vidéos amatrices postées par les soldats de l’armée de Bachar réélu (et parfois leurs adversaires) est saisissante, un flot impossible à endiguer : elles apparaissent par milliers. </strong>C’est même la première fois que l’on dispose d’une telle réserve d’images de tortures diverses et d’assassinats. Dans une maison en ruines, quatre soldats hilares filment à visages découverts leurs propres exactions. Smartphones en main braqués sur deux ennemis à terre, ils les lardent de coups de couteau, de plus en plus violemment, jusqu’à l’agonie, avant de les terminer à coups de parpaings. Ce n’est pas regardable, mais on le fait, scrutant ces soldats qui filment la scène comme une partie de volley à la plage. Cette nuit-là, de n’avoir su résister à ce que la télévision jamais ne pourra montrer, on n’a pas réussi à dormir. Il était 2 heures du matin et soudain, plus rien n’était possible…</p>
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<em>Philippe VECCHI</em></p>
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<strong>Hexagones publie un nouveau contenu exclusif pour les kissbankers. « Résistance » est la chronique quotidienne de notre rédacteur en chef, Thierry Gadault. Un éditorial sur un fait d’actualité, avec l’ambition de faire le pas de côté pour soulever les questions auxquelles personne ne pense au premier abord.</strong></p>
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<strong>Résistance</strong> Lundi 9 juin 2014</p>
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Pédalo</p>
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<span style=" color:#000000;">Profitant des festivités célébrant les 70 ans du débarquement en Normandie, <strong>le gouvernement a confirmé, vendredi 6 juin, une information dévoilée par Europe 1 selon laquelle l’adoption du <a href="http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140606trib000833852/la-transition-energetique-reportee-au-printemps-2015.html" target="_blank">projet de loi sur la transition énergétique sera reportée au printemps 2015</a>.</strong> Dit comme cela, la nouvelle semble anodine : pas la première fois qu’un projet de loi doit être reporté. Entre l’encombrement législatif et l’amateurisme dont fait preuve le président de la République et son gouvernement, les causes possibles d’un tel report peuvent être nombreuses. Mais ce projet de loi devait constituer l’un des symboles de la présidence Hollande, en ramenant la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % en 2025 (contre 75 % actuellement). L’une des mesures phares de ce projet portait sur la <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/04/19/fessenheim-les-deux-reacteurs-nucleaires-a-l-arret_4404305_3244.html" target="_blank">fermeture des deux réacteurs de la centrale alsacienne de Fessenheim</a>. Mais pour fermer Fessenheim, le gouvernement devait modifier une loi de 2006 qui a enlevé à l’État le droit de fermer des centrales nucléaires. Or cette modification ne ferait plus partie du projet de loi. À la place, le gouvernement imposerait un plafond à la production d’électricité nucléaire, plafond qui pourrait être revu à la baisse tous les cinq ans… </span></p>
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<span style=" color:#000000;"><strong>Devant une telle annonce, on comprend que c’est toute la politique énergétique du président de la République, telle qu’il l’avait définie durant la campagne électorale, qui est remise en cause.</strong> Si Fessenheim n’est pas fermé, comment peut-on faire tomber la part du nucléaire à 50 % en 2025, alors que les services de l’État ont affirmé, devant une commission d’enquête de l’Assemblée nationale, que cet objectif revenait à fermer une vingtaine de réacteurs ? D’autant que le lobby nucléaire, aussi présent à gauche qu’à droite, saisira toutes les occasions pour revenir en arrière. Reste maintenant à comprendre les véritables raisons d’un tel report.<a href="http://www.lepoint.fr/societe/henri-proglio-vise-par-une-enquete-pour-trafic-d-influence-08-06-2014-1833696_23.php" target="_blank"> Henri Proglio, le président d’EDF</a>, opposant de la première heure des projets de François Hollande aurait-il in fine obtenu gain de cause, ouvrant ainsi la porte à sa reconduction (son mandat prend fin en novembre prochain) ? L’autre thèse évoque un coup de Trafalgar de Ségolène Royal elle-même, la ministre de l’Environnement, du Développement durable et de l’Énergie, pour contraindre le chef de l’État à arbitrer en sa faveur. Quoi qu’il en soit, le pataquès sur ce dossier symbolique révèle, une fois de plus, la déliquescence du pouvoir au plus haut niveau, avec un président de la République se laissant porter par les vagues et le vent. Comme un pédalo…</span></p>
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<em>Thierry Gadault, rédacteur en chef d'Hexagones.</em></p>
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<strong>La Zone à Risques </strong></p>
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<strong>UN P’TIT COUP D’CHINON AVEC LE PRÉFET ?</strong></p>
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<em>J’ai donc cette chance d’habiter à moins de 10 Km de la centrale nucléaire de Chinon. Je dis « cette chance » parce que les pauvres qui habitent au-delà, même à 10,1 Km, ne font l’objet d’aucune mesure de protection préventive ou réactive particulières en cas de pépins atomiques. Alors que nous, les zonards en danger, on est choyés, dorlotés.</em></p>
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Je vous ai déjà expliqué comment nous disposons de comprimés d’iode gratuits à la maison et partout où on traîne en ville, nous et nos enfants. Ils sont tous périmés (voir Zone à Risques n°1), certes, mais tout de même, c’est le geste qui compte, l’intention et l’attention. On y est sensible. Même si on n’en a pas beaucoup, juste de quoi en prendre une seule fois par personne et par foyer, et comme leur durée d’action n’est que de 24h, après c’est à la grâce de Dieu, démerdez-vous, bouffez du sel de mer bien iodé et que les meilleurs survivent…</p>
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Notre "chouchoutage" va jusqu’à l’existence d’un Plan Communal de Sauvegarde élaboré à partir d’un Plan de Prévention des Risques Technologiques et d’un Plan Particulier d’Intervention lui-même élaboré par la Préfecture pour planifier l’alerte et les secours en cas d’accident nucléaire à la centrale. Ce document d’information communale est intitulé « Agir face au danger ! ». Il est très agréable à lire, tout en couleurs, avec des icônes pour les illettrés et des mots écrits en grosses lettres. Il a été distribué dans nos boîtes, et il est aussi disponible dans le hall de la Mairie, sur un présentoir, au milieu des prospectus touristiques et œnologiques destinés aux pesticido-dépendants. Tout le monde ne peut pas en dire autant.</p>
<p style="-qt-paragraph-type:empty; margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px; color:#000000;">
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<p style="-qt-paragraph-type:empty; margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px; color:#000000;">
<img alt="Brochure_dicrim-1" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/98004/Brochure_DICRIM-1.jpg" /></p>
<p style="-qt-paragraph-type:empty; margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px; color:#000000;">
<em>Document (recto) d'information communal sur les risque majeurs liés au nucléaire distribué à Chinon</em></p>
<p style="-qt-paragraph-type:empty; margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px; color:#000000;">
<em>Crédits : Hexagones</em></p>
<p style="-qt-paragraph-type:empty; margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px; color:#000000;">
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La prise d’iode sous forme de comprimés (périmés ou pas ?) permet d’éviter la fixation d’iode radioactif sur la thyroïde. Il faut le prendre au moins deux heures avant l’arrivée du nuage radioactif pour qu’il ait le temps d’agir, et au minimum une heure avant, sinon c’est comme pisser dans un violon, ça sert à rien et ça sent mauvais dedans après. Mais on n’a pas le droit de le prendre tant que le Préfet ne nous a pas donné l’ordre de le prendre. Et comment il nous donne l’ordre, le Préfet ? À la radio, France Bleue Touraine ou France Inter. Si vous calculez, faut pas que le vent souffle trop fort, moins de 5 km/h pour qu’on puisse prendre les comprimés vraiment à temps si on est à 10 km, moins de 2,5 km/h si on est à 5 km, et la ville est pile poil sous le vent d’ouest dominant qui vient de la centrale. Moins de 5 km/h de vitesse du vent d’ouest, c’est pas souvent par chez nous, mais ça arrive, si la chance s’en mêle. Et puis faut que le Préfet dégaine vite son ordre radiophonique urbi et orbi, mais comme il est payé pour ça, on peut dormir sur nos deux oreilles. Dormir, oui, mais en laissant la radio allumée, évidemment, faut pas être con, non plus.</p>
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Mais en vérité, ils nous le disent, l’alerte immédiate sera donnée par des sirènes, celles des pompiers et de la ville. Et là, ça rigole pas, il existe un Signal National d’Alerte (SNA) :<em> « La sirène émet trois fois un son modulé de 1 minute et 41 secondes séparés par des intervalles de 5 secondes »</em>. Vous ne saviez pas ? Nous non plus. J’ai fait cent fois le test, personne ici ne le sait, la plupart des gens croient que c’est cinq coups de sirènes si ça pète à la centrale parce que <em>« c’est la femme d’un gars qui travaille à la centrale qui me l’a dit »</em>. Si les gens ne savent pas lire, non plus, on n’est pas sorti de l’auberge ! À Fukushima, c’est ça qui a sauvé tant de gens de la contamination, parce que les Japonais, eux, ils sont disciplinés et ils savent lire.</p>
<p style=" margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px;">
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<p style=" margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px;">
<img alt="Brochuredicrim-2" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/98006/BrochureDICRIM-2.jpg" /></p>
<p style="-qt-paragraph-type:empty; margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px; color:#000000;">
<em>Document (verso) d'information communal sur les risque majeurs liés au nucléaire distribué à Chinon</em></p>
<p style="-qt-paragraph-type:empty; margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px; color:#000000;">
<em>Crédits : Hexagones</em></p>
<p style="-qt-paragraph-type:empty; margin-top:0px; margin-bottom:0px; margin-left:0px; margin-right:0px; -qt-block-indent:0; text-indent:0px; color:#000000;">
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À la seconde où la sirène commence à sonner (que ce soit pour un feu ou un accident de la route, comment savoir à l’avance ?), on déclenche le chronomètre qu’on a tous en permanence autours du cou, même au lit, en croisant les doigts pour que ça fasse pas trois fois 1 minute 41 séparés de 5 secondes.</p>
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Ensuite, c’est très simple : entrez dans le bâtiment le plus proche si vous êtes dehors, fermez les fenêtres et coupez la ventilation si vous êtes chez vous, ne fumez pas, ne téléphonez pas, ne prenez surtout pas votre voiture pour vous carapater, n’allez surtout pas chercher vos enfants à l’école, et je vous en prie, écoutez la radio, il y aura sans doute une jolie musique d’ambiance (genre <em>Ascenseur pour l’échafaud</em>, vous voyez) entre les messages du Préfet, un homme de bons conseils à la voix suave et anxiolytique au possible.</p>
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<strong>Oui, abandonnez vos enfants, n’y pensez plus, l’institution scolaire a plus d’une corde à son arc, elle saura faire le nécessaire pour leur assurer un avenir radieux, et même "irradieux", si je peux me permettre.</strong></p>
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Oui, restez calfeutrés chez vous jusqu’à nouvel ordre. C’est ce qui a sauvé tant de gens à Fukushima. Sauf que là-bas, ils ont oublié de leur dire au bout de deux jours que c’était plus vraiment la peine de rester calfeutré et qu’il valait mieux foutre le camps dare-dare au-delà d’un rayon de 60 km, si bien que les poussières radioactives se sont accumulées chez eux, sur leur moquette et tout partout, et qu’ils les ont respirées à plein nez et ingérées à pleine bouche, ce qui peut être bien pire que les acariens, en cas d’allergie.</p>
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Non, ne prenez pas votre voiture pour aller chercher vos enfants et fuir, ça ferait des embouteillages qui empêcheraient les pompiers et les gendarmes de faire leur travail de protection des biens et des personnes (celle-là, je l’ai entendue dans la bouche d’un représentant d’asso siégeant à la Commission Locale d’Information de la Centrale Nucléaire, c’est vous dire le lavage de cerveaux).<em> « Le seul bon réflexe en cas d’alerte doit être de se confiner et d’écouter la radio »</em>, on vous dit.</p>
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Puisqu’à Hexagones on fait du journalisme webdeuxpointzéro enrichi aux hyperliens malins, je vous en colle quelques uns pour prouver que je ne dis pas (que) des conneries :</p>
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Tout d’abord, faites-vous plaisir, appelez ce numéro pour avoir une confirmation vocale officielle de ce que je viens de vous raconter, et pour avoir surtout le bonheur d’entendre une démo de la sirène d’alerte nucléaire (c’est pas l’<em>Hymne à la Joie</em>, c’est sûr, ni <em>Happy</em> ni <em>Get Lucky</em>, mais quand même, y’a un bon feeling et le beat est mortel) : 0800 50 73 05 (appel gratuit).</p>
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Sur <a href="http://www.acro.eu.org/CP_ACRO_151211_fr.pdf">la contamination des poussières d’aspirateurs des habitations soit disant confinées</a> situées jusqu’à 200 km de la centrale de Fukushima, les analyses ont été faites par un formidable laboratoire associatif indépendant, l’ACRO (Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest). Je vous conseille de parcourir <a href="http://www.acro.eu.org/accueil0.html">la partie de leur site consacrée au Japon</a>, où la catastrophe nucléaire ne fait que commencer, il faut bien le savoir. C’est en suivant <a href="http://www.acro.eu.org/chronoFukushima.html">le fil d’infos au quotidien relayées et analysées par ACRO</a> qu’on mesure l’ampleur qu’elle est en train de prendre.</p>
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Yves Dauge est l’ancien maire PS de Chinon, ex-sénateur PS aussi, un soutien du lobby du nucléaire, forcément. Il est allé faire un séjour de santé à Fukushima début février 2012. Voici ce que<em> </em><a href="http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1181617&xtmc=yves_dauge_fukushima&xtcr=1"><em>Le Monde </em>du 2 février 2012 rapporte de cette excursion </a>:</p>
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<em>« Une délégation d'élus venus de communes françaises abritant un site nucléaire s'est rendue à proximité de la centrale japonaise pour observer les conséquences de la catastrophe. Un voyage dont ils ressortent ébranlés. « Quand je vois défiler ces magnifiques paysages de Fukushima aujourd'hui contaminés, je ne peux m'empêcher de penser à ma région et de m'interroger sur le devenir de ces territoires. » La remarque a fusé, empreinte d'une réelle émotion. Par la fenêtre du bus, l'adjoint au maire de Chinon (Indre-et-Loire), Yves Dauge, admire la nature généreuse du département de Fukushima... »</em></p>
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Eh oui, un vrai moment d’émotion ébranlant, Yves, tu l’as dit…</p>
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Allez, vous r’prendrez bien un p’tit coup d’Chinon en attendant le talk-show du Préfet sur France Bleue Touraine ?</p>
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<strong>Michel Fiszbin</strong></p>
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Chinon, le 15 mai 2014</p>
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Soutenez notre campagne !</p>
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<strong>Hexagones publie aujourd’hui un nouveau contenu pour les Kissbankers. Il s’agit d’une chronique de Michel Fiszbin sur la centrale nucléaire de Chinon. Cette chronique inaugure notre thématique "La zone à risques", nous espérons qu'il vous donnera envie de soutenir l'aventure du nouveau journalisme ! </strong></p>
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<strong>FukuChiNon</strong></p>
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<em><strong>J'habite à Chinon, en Indre et Loire. Je suis le mec en jaune qui tient le NON sur la photo. Chinon, son vin, son Rabelais, sa Jeanne d'Arc, ses bébés congelés Courjault (the best in the world, 100 % bio) et sa centrale nucléaire, la première en France a avoir été mise en exploitation commerciale (1963).</strong></em></p>
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<img alt="Photomaniffukuchinon" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/97995/PhotoManifFukuChiNon.png" /></p>
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<em>Manifestation antinucléaire à Chinon, le 12 avril 2014 / crédits : Hexagones</em></p>
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Le 3 avril dernier, <a href="http://www.sortirdunucleaire.org/plainte-Chinon">Réseau Sortir du Nucléaire a porté plainte contre EDF</a> à propos de cette centrale, pour mise en danger des riverains et des travailleurs. Effectivement, quand on lit la liste des reproches que fait l'Autorité de sûreté nucléaire à cette centrale vieillissante et qu'on habite à côté, il vient instantanément l'envie de pousser une longue plainte. Mais aussi de casser la gueule à son voisin, cadre à la centrale, comme à peu près tout le monde par ici, qui répète en boucle : <em>« Oui, c'est pas top, mais et nos emplois alors ? »</em> Le même argument corpo-syndical que celui des employés de la SNCF qui travaillaient sur les convois de déportés juifs pendant la Seconde Guerre mondiale :<em> « Oui, c'est pas top, mais et nos emplois alo</em>rs ? »</p>
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Et puis quelques jours plus tard, le même Réseau Sortir du Nucléaire nous en a appris une bien bonne :<a href="http://www.sortirdunucleaire.org/transports-internationaux-Chinon"> la centrale de Chinon est une plaque tournante du trafic international des convois de matières radioactives</a>. Personne n’était au courant ! EDF répond : « Ah bon, vous ne saviez pas ? Pourtant on a toujours fait ça ! » Ah ben « si on a toujours fait ça », même en secret, pas de problème, et puis c'est bon pour l'emploi, j'imagine...</p>
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Le 12 avril, on a organisé à Chinon un Festival antinucléaire, avec "un village des alternatives" et une manif bon enfant : "FukuChiNon". La ville a été mise en état de siège par les forces de l'ordre, centre-ville fermé et ceinturé par des grilles anti-émeutes, magasins fermés et barricadés, fouilles de voitures sur toutes les voies d'accès jusqu'aux plus petits sentiers à lapins, psychose sécuritaire chez tous les habitants et commerçants, déclenchée et attisée bien en amont par le sous-préfet, le maire, la Nouvelle République, la gendarmerie, la police municipale et les chasseurs de lapins, donc. C'est que Valls avait décidé que la mise à sac de Nantes par les manifestants contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ne se reproduirait pas à Chinon (<a href="http://www.dailymotion.com/video/x1eimix_apocalypse-naoned-le-saccage-de-l-information_news">pour mesurer la désinformation à l'oeuvre sur la manif de Nantes, voir ce petit film hilarant et édifiant : "Apocalypse Naoned : le "saccage" de l'information"</a>).</p>
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On était 1000 à la manif' de Chinon, clowns et enfants compris. Les forces de l'ordre étaient 1000 aussi, avec du gros matos : bataillons de CRS en tenue Robocop-Ninja, gendarmes d'ici et d'ailleurs, BAC, RG, police municipale, tanks en tous genres pour protéger la centrale, hélicoptères en vol stationnaire, canons à eau, canons à lacrymo, bref, la totale... Et zéro casseur, évidemment. Mais si vous constatez une brusque hausse du prix du kilowattheure de l'électricité d'origine nucléaire, ne cherchez pas, c'est la faute à ces irresponsables enfoirés d'écolos de Chinon !</p>
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Bon, faut être honnête, les pouvoirs publics ne lésinent pas sur la protection des biens. Chapeau. Par contre, sur la protection des personnes, ils lésinent un peu sur les bords. Voici une info inédite découverte par hasard en fouillant dans mon armoire à pharmacie. Ce n’est pas encore un scandale sanitaire, mais ça pourrait le devenir, et même, ça devrait le devenir ! Il s'agit de cela : tous les comprimés d'iode distribués préventivement aux habitants et aux lieux de travail, d'éducation, de soins, etc., de la zone à risque de Chinon (qui s'étend sur un rayon de 10 km autour de la centrale nucléaire) sont périmés ! Oui, purement et simplement périmés.</p>
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<em><img alt="Boite_d_iodure_de_potassium" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/97997/Boite_d_Iodure_de_Potassium.jpg" /> </em></p>
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<em>Boîte d'iodure de potassium / crédits : Héxagones</em></p>
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Si personne ne s'en est aperçu jusqu'à présent, c'est pour un faisceau de raisons toutes plus criminelles les unes que les autres :</p>
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- la date de péremption n'est pas inscrite sur les boites d'iode ni sur les capsules des comprimés (en fait, ce sont des comprimés d’iodure de potassium 65 mg fabriqués par... la Pharmacie Centrale des Armées ! OMG, WTF ! Pour rester poli et à la mode). Seule la date de fabrication est inscrite sur les boîtes et capsules. Pas de mention bien lisible « à utiliser avant : » comme il est d'usage pour un médicament, juste une mention « Fab : ». Pour un composé ionique instable qui s'oxyde à la vitesse grand V au contact de l'air, c'est très gonflé de ne pas mettre de date de péremption, Zyva l'Armée ! (Là, c'est l'ingénieur chimiste qui parle, alors faites pas chier.)</p>
<p>
- sur la notice en papier se trouvant dans les boîtes de comprimés d'iode, au chapitre 5 : « Comment conserver l'Iodure de Potassium ? » il est écrit ceci : « Ne pas utiliser après la date de péremption mentionnée sur la boite ». Je vous jure que c'est vrai !</p>
<p>
- toutes les personnes « responsables » que j'ai interrogées, pharmaciens et grossistes fournisseurs de pharmacies compris, répandent l'idée que ces comprimés sont éternels, ou bien surveillés par l'Agence Nationale de Sécurité du Médicament qui testerait en permanence des lots témoins pour savoir s'ils sont encore ingérables, ou bien valables sept ans ou alors six ans, c'est selon.</p>
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La vérité sur la durée de validité des comprimés d'iode à prendre en cas d'accident nucléaire pour protéger sa glande thyroïde de l'iode 131 radioactif en la saturant d'iode non radioactif, je l'ai trouvée sur le site édité conjointement par l'État et l'Autorité de Sûreté Nucléaire spécifiquement pour informer sur les distributions d'iode en prévention d'un passage annoncé de nuage radioactif: <a href="http://www.distribution-iode.com/">http://www.distribution-iode.com/</a></p>
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Sur ce site, la durée de conservation des comprimés d'iodure de potassium 65 mg distribués au bon peuple pour qu'il dorme tranquille est de 5 ans. Cette indication figure dans la "foire aux questions", de manière claire, bien qu'alambiquée et planquée, en réponse à la question : <a href="http://www.distribution-iode.com/foire-aux-questions">"quelle est la durée de conservation des comprimés d'iode ?"</a></p>
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Les comprimés que j'ai trouvés en fouillant un peu partout chez les gens ont été fabriqués en avril et mai 2009. Les comprimés trouvés à l'Institut de réadaptation des handicapés de Chinon (le MAI) ont même été fabriqués plus tôt, en février 2009. Ils sont donc périmés depuis plus longtemps. Vous me direz, les handicapés, bon... Mais quand même !</p>
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Est-ce qu'une nouvelle distribution d'iode est prévue à court terme et en urgence dans le coin pour pallier cette incurie ? Personne nulle part n'a entendu parler de ça. Alors j'ai téléphoné au Service Communication Publique de la Centrale Nucléaire de Chinon (Mme Nadine Thiélin, au 02.47.98.95.34). Au premier coup de fil, on me dit : <em>« Je n'ai aucune info sur tout ça, mais je prends bonne note, merci d'avoir appelé »</em>. Au deuxième coup de fil, on me dit : « Mais la date de péremption est indiquée sur les boites des comprimés d'iode, voyons ! ». Je m'énerve légèrement, et on me rappelle un peu plus tard pour me dire : <em>« C'est aux autorités publiques d'organiser la prochaine distribution d'iode, pas à nous EDF, et nous n'avons aucune info là dessus. »</em></p>
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<a href="http://www.distribution-iode.com/foire-aux-questions">Sur le site gouvernemental cité plus haut, il y a une autre question dont la réponse est délicieuse :</a></p>
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<em>« Q : Le recours aux comprimés d’iode s’est-il déjà avéré nécessaire en France ?</em></p>
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<em>R : Non, ce cas ne s’est jamais présenté en France. »</em></p>
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<strong>Menteurs, sales menteurs ! Quand ça a pété à Tchernobyl, le 26 avril 1986, il aurait fallu distribuer de l’iode à toute la population de France métropolitaine et de Corse pour la protéger des retombées du nuage radioactif, qui contenait bien évidemment de l’iode 131 et du Césium 137, c’est un fait avéré que nul ne conteste plus.</strong></p>
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Laissons le mot de la fin à mon voisin, expert d’EDF en la matière : <em>« De l’iode ? Mais à quoi ça sert d’en avoir ? Quand ça pétera, on y passera tous et puis c’est tout. »</em> Oui, mais en attendant, lui a son électricité domestique gratuite, alors que moi je la paye !</p>
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Michel Fiszbin</p>
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Chinon, 4 mai 2014</p>
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Mercredi 28 mai, à Calais, ils se sont à nouveau trouvés face à face. <strong>À l'aube, des dizaines de CRS ont encerclé des centaines de migrants</strong>. Sur ordre de la préfecture du Pas-de-Calais, ils les ont obligés à quitter leurs camps de fortune. Et dans les prochaines semaines, les mêmes CRS poursuivront les mêmes migrants, forcés de trouver refuge sous des ponts ou dans des parcs. Ce que faisaient déjà nombre d'entre eux qui ne souhaitaient pas se retrouver dans des campements. <strong>« Vous imaginez à quoi nous en sommes réduits : demander aux autorités locales de ne pas chasser les migrants, de les laisser dormir sous les ponts, leur seul abri »</strong>, confiait il y a quelques semaines Christian Salomé, responsable de l'association l'<a href="http://www.laubergedesmigrants.fr/" target="_blank">Auberge des Migrants</a>.</p>
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<img alt="Sipa_ap21574023_000005" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/97913/sipa_ap21574023_000005.jpg" /><br />
<em>Crédits SIPA</em></p>
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<a href="http://www1.rfi.fr/actufr/articles/036/article_18473.asp" target="_blank">En 2002, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, avait fermé le centre d'accueil de la Croix-Rouge de Sangatte</a>, commune voisine de Calais d'où partent les ferries et l'Eurostar pour l'Angleterre. Et déclaré : «Nous mettons fin à un symbole d’appel d’air de l’immigration clandestine dans le monde. » <strong>Depuis, les migrants continuent à affluer en nombre</strong>, et les conditions sanitaires se détériorent. La situation repose quasi essentiellement sur la présence d'associations, nationales et locales (Médecins du Monde, Secours catholique, Salam, l'Auberge des Migrants...), qui offrent vêtements, nourriture et soins. Un repas par jour, cinq douches... pour cinq cents personnes, sans compter les maladies qui se développent à grande vitesse, comme la gale, apparue récemment.</p>
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Quelques jours avant cette opération de police décidée par le ministère de l'Intérieur, nous avions rencontré un soutien actif des migrants depuis plus de quinze ans, Jean-Pierre Boutoille.</p>
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Aujourd'hui prêtre à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), il a longtemps officié à Calais où il a été pendant plusieurs années le porte-parole des associations sur ce sujet. <strong>Son franc-parler et son interpellation constante et vigoureuse des politiques font parfois débat parmi les associations, mais révèlent une colère sincère</strong>. L'entretien qu'il nous a accordé annonçait déjà la radicalisation à venir. Alors que les associations se retrouvent seules à gérer cette situation, et pour mettre les politiques face à leurs responsabilités, il en appelle à une grève des bénévoles.</p>
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<em>Propos recueillis pas Martin Brésis et Nina Robert.</em></p>
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Hexagones publie aujourd’hui un nouveau contenu pour les Kissbankers. Il s’agit d’une enquête de Thierry Lévêque sur le tourisme trash à Budapest. <strong>Cet article inaugure notre thématique «Vues du monde</strong><strong>», nous espérons qu'il vous donnera envie de soutenir l'aventure du nouveau journalisme ! </strong></p>
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<strong>À Budapest, la jeunesse d'Europe danse dans les ruines</strong></p>
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<em><strong>Le quartier juif de Budapest, resté délabré bien après l’Holocauste et la Seconde guerre mondiale, est devenu un haut lieu de la jeunesse européenne qui vient y faire la fête.</strong></em></p>
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<img alt="Photo_5" height="381" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/97351/photo_5.JPG" width="301" /></p>
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<em>crédits : Hexagones</em></p>
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Dans un lieu peuplé par les fantômes de l’Holocauste et resté trop longtemps maudit pour les Hongrois, la jeunesse de toute l’Europe a élu domicile pour des nuits de fêtes sans fin et sans pareilles qui ont pour théâtres, symbole des symboles, les ruines : des immeubles en friche et des cours d’immeubles jadis funèbres. Les Hongrois ont inventé un mot qui dit tout de cette renaissance insolite : le « romkocsma », le « bistro de ruines », est apparu il y a environ une décennie, au moment de l’entrée de la Hongrie dans l’Union européenne en 2004.</p>
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Été comme hiver désormais, ce grand quartier d’immeubles de pierres augustes, mais délabrés du XIXe, à l’architecture flamboyante typique de l’âge d’or de l’empire austro-hongrois, bordé au nord par la sublime avenue Andrassy, classée au Patrimoine mondial, au sud par la plus grande synagogue d’Europe centrale, que les Juifs avaient voulue aussi majestueuse qu’une cathédrale, s’ébroue d’une vie frénétique, dès la nuit tombée, dans des dizaines de romkocsmas. L’affluence est telle qu’un bar de ruines emblématique comme <a href="http://www.budapestvoyage.fr/sortir-budapest/bars-tavernes-de-budapest/le-szimpla-kert" target="_blank">le « Szimpla »</a> une gigantesque friche dont la moitié est à ciel ouvert, et que les propriétaires ont parsemé d’œuvres d’art faites en matériaux de récupération, de la Trabant à la baignoire, est désormais dans les guides touristiques du monde entier.</p>
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<strong>« chez les sujets de sa Gracieuse majesté, des agences de voyages organisent sans trop de subtilité<br />
des « bachelor trips »</strong></p>
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Dans la pénombre relative des rues mal éclairées de la capitale hongroise, des norias de touristes britanniques succombent fréquemment, plus encore qu’ils ne le voudraient – c’est dire - à l’effet de surprise de la «pálinka», tord-boyau local, à moins qu’ils ne réussissent à ingurgiter encore davantage de bières que lors d’une tournée des pubs au Royaume-Uni – cela donne la mesure du phénomène. Il est vrai que de longue date, chez les sujets de sa Gracieuse majesté, des agences de voyages organisent sans trop de subtilité des « bachelor trips » (enterrements de vies de garçons) promettant explicitement, à des tarifs défiant toute concurrence, l’ivresse des sens, et pas uniquement à coup de pálinka. Budapest est par ailleurs, en dehors du quartier juif, <a href="http://www.stagheavenbudapest.com/" target="_blank">une capitale européenne de la prostitution</a>. Durant la journée, s’ils ont récupéré, les heureux fêtards peuvent prendre place sur d’étranges pédalos à bière, sortes de bars ambulants qui permettent de s’installer autour d’un comptoir et de continuer à boire tout en parcourant les rues pittoresques en activant à huit les roues de l’engin au moyen de pédales. Le reste de l’Europe, Français, Italiens, Scandinaves, Autrichiens, Allemands, notamment, n’est pas forcément en reste dans la beuverie, mais tout de même un cran en dessous, ce type de tourisme trash n’étant pas encore institutionnalisé dans ces pays. Peu importe, puisque le prix des vols low-cost aller-retour depuis par exemple Paris peut descendre en dessous de 100 euros, et que les prix des boissons ne nécessitent pas un déprimant calcul budgétaire. Nul besoin d’organisateur en vérité.</p>
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À Ellatokert, un des romkocsma les plus populaires de la rue Kazinczy, le demi-litre de bière est ainsi à 600 forints (environ deux euros), la pálinka à 1.000 forints (3,3 euros), le verre de vin rouge à partir de 200 forints (70 centimes). Actionnaire majoritaire de l’Ellatokert, vaste ensemble de bars aménagés à la diable dans une cour d’immeubles et d’anciennes remises, Christophe Urbain, un Français de 45 ans expatrié à Budapest depuis deux décennies, se souvient de l’explosion du quartier où il fut un pionnier.</p>
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<em>« Quelques bars se sont créés au départ avec uniquement des Hongrois, qui se sont réfugiés dans ce quartier pour fuir les autres fréquentés par les premiers touristes. L’immobilier était intéressant pour les restaurateurs, les promoteurs avaient sur les bras des maisons qui n’avaient pas d’intérêt pour l’immobilier. Il y a eu une conjonction de facteurs. À l’époque communiste, tous les grands cafés avaient été éliminés, et les premiers ne sont réapparus qu’à la fin des années 1990. Mais les trottoirs n’avaient jamais été aménagés pour des terrasses. Or, l’une des caractéristiques architecturales de Budapest est que les immeubles ont de grandes cours intérieures, c’était donc un moyen de ressortir ».</em></p>
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Le Français a vu la fréquentation du quartier s’internationaliser.<em> « Les expatriés ont découvert ces endroits, et l’internet a ensuite énormément aidé. C’est un quartier que les jeunes ont aimé, car il n’a pas changé depuis la guerre, n’a pas été rénové. Il y a un côté de secteur laissé à l’abandon qui a attiré, car on ne se sent pas comme dans les zones piétonnes des autres villes européennes ».</em> Des horaires très souples, une réglementation apparemment faible, ainsi qu’un laisser-faire certain, ont favorisé aussi le développement des romkocsma, malgré le vacarme qu’on imagine. Un étrange mur antibruit en bois surplombant les bars de l’Ellatokert, qui donnerait une crise cardiaque à une fonctionnaire occidentale de l’urbanisme moyennement concernée, a ainsi réglé les problèmes de voisinage. Après quelques velléités de réglementation des heures de fermeture, la mairie d’arrondissement a répondu mollement aux protestations des riverains par quelques taxes supplémentaires.</p>
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<img alt="Capture" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/97370/Capture.JPG" /></p>
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<em>crédits : <a href="http://www.stagheavenbudapest.com/" target="_blank">http://www.stagheavenbudapest.com/</a></em></p>
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Évidemment, les touristes de la pálinka ne prennent pas trop le temps de s’intéresser à un détail : le fait que ce quartier fut l’un des grands théâtres du plus épouvantable drame de l’Histoire européenne. Quelque 600.000 Juifs de Hongrie ont péri durant la Seconde Guerre mondiale, dont 450.000 en 1944-1945, quand les nazis occupèrent finalement le pays pour vider notamment Budapest et envoyer les Juifs à une mort immédiate à Auschwitz. L’épisode historique reste un tabou dans le pays, du fait que le régime de Miklos Horthy et du parti des « croix fléchées », allié de Hitler, y a largement collaboré. Lui-même déporté, l’écrivain Imre Kertész, prix Nobel de littérature en 2002, a relaté ce noir chapitre d’Histoire dans son livre « Être sans destin ». Si l’on prend la peine de pousser quelques portes, on peut découvrir par les symboles religieux juifs gravés dans la pierre quel est le vrai sens du mot « ruines », mais encore faut-il évidemment être sobre. Les Juifs hongrois d’aujourd’hui et quelques autres venus d’Israël font cependant revivre cette identité du quartier avec des restaurants et boutiques communautaires, sur le passage des pédalos à bière.</p>
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Que pensent les Hongrois de ce déferlement occidental qu’on pourrait voir comme injurieux ? On pourrait s’attendre à une levée de boucliers de la part du gouvernement conservateur de Viktor Orban, au pouvoir depuis 2010, et réélu en avril avec 44 % des voix et une écrasante majorité des deux tiers des sièges au Parlement. Ce personnage controversé, qui a eu maille à partir avec l’Union et l’Ouest de l’Europe pour des réformes jugées liberticides sur la presse, la magistrature, l’économie, l’organisation institutionnelle, cultive une certaine rhétorique anti-occidentale, et a même tourné le dos au FMI et à l’Union au profit de la Russie de Vladimir Poutine, pour financer l’État hongrois, ou construire des réacteurs nucléaires.</p>
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<strong><em>« La Hongrie n’est pas un pays où les étrangers sont détestés ».</em> Les jeunes touristes peuvent en témoigner.</strong></p>
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La mairie de Budapest, tenue aussi par son parti, le Fidesz, laisse pourtant faire et les Hongrois semblent placides. Christopher Jano, un avocat de 41 ans habitué des bars du quartier, et sympathisant de ce parti, en explique la raison évidente. <em>« Le quartier se développe, les revenus augmentent, il y a de l’activité, de l’emploi, des revenus fiscaux, ça a bien sûr un effet positif ».</em> Lui qui a vécu à Londres ne trouve pas si grave l’ambiance quelque peu poisseuse des fins de nuits du quartier, car, rappelle-t-il, la capitale anglaise peut aussi avoir certains samedis soirs un visage bien plus laid.</p>
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<em>« À côté, Budapest peut même avoir l’air plutôt calme. Les gens viennent en Hongrie pour se décontracter un peu, je ne pense pas que ce soit injurieux et insultant pour le pays ».</em> L’image de la Hongrie à l’étranger, largement composée par les images inquiétantes des défilés en uniformes noirs des partisans du parti d’extrême droite antisémite et anti-européen Jobbik (20 % aux dernières élections d’avril et 23 des 199 députés au Parlement), est selon lui fausse.<em> « La Hongrie n’est pas un pays où les étrangers sont détestés ».</em> Les jeunes touristes peuvent en témoigner.</p>
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De fait, la bénédiction donnée à l’ivresse hongroise des jeunes européens est emblématique sans doute de l’ambiguïté du pays quant à sa récente appartenance à l’Union, quelque peu rejetée symboliquement dans les urnes par le vote Fidesz et Jobbik, mais finalement approuvée silencieusement, selon l’historien Gergely Fejérdy. Interrogé le 7 mai par plusieurs titres de la presse européenne, il a expliqué :<em> « je pense que la majorité des Hongrois, consciemment ou non, tirent un bilan positif de ces dix ans. Être membre de l’UE permet de voir grand et d’avoir une influence sur les grands événements du monde. L’adhésion a peu à peu permis la liberté de circulation (sans passeport), les rénovations, l’amélioration sensible de l’infrastructure (les autoroutes), etc., dont on peut se rendre compte de manière très concrète. Les quelque 7.000 milliards de forints (23 milliards d’euros - NDLR) que la Hongrie a pu recevoir entre 2004 et 2013 comme subventions sont considérables ».</em></p>
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La fête peut donc continuer. Comme un pied de nez, le quartier juif a d’ailleurs résisté à la déferlante Fidesz aux élections d’avril. Il a élu comme député le socialiste Lajos Olàh avec 39 % des voix et les écologistes du LMP ont obtenu 12 % des voix, plus de deux fois leur score national, devant le Jobbik (10,5 %).</p>
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Soutenez notre campagne !</p>
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<a href="http://www.kisskissbankbank.com/hexagones" target="_blank">http://www.kisskissbankbank.com/hexagones</a></p>
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Soutien historique d’Hexagones, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Robert" target="_blank">Denis Robert </a>a réalisé une édition limitée de son œuvre numérique <em>Krac</em>, <a href="http://www.galeriew.com/spip.php?article2122" target="_blank">actuellement exposée à la Galerie W à Paris</a>, pour la campagne de crowdfunding d’Hexagones.</p>
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Numérotés de 101 à 110, ces exemplaires de <em>Krac</em> pour Hexagones seront proposés dans une nouvelle contrepartie de 200 euros, limitée à 10 contributeurs, elle reprend aussi les avantages proposés au palier précédent à 110 euros.</p>
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<strong><em>Krac</em>, œuvre numérique par Denis Robert</strong></p>
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Je suis parti de l’idée que les marchés financiers sont chronophages et anthropophages. Les hommes, les sociétés se mangent et s’autodétruisent dans un joyeux bordel. C’est une joie toute relative car derrière l’amour fusionnel entre les uns et les autres, les poignards sont de sortie.</p>
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<img alt="Krac-hexagones-540" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/95941/krac-hexagones-540.jpg" /></p>
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AIME, MANGE, DÉTRUIT… </p>
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<em>KRAC</em> est une œuvre plastique, numérique et politique.</p>
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L’idée, c’est le craquement. </p>
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Le CRAC, le KRACH, le CRACK… Le KRAC.</p>
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Il faudra suivre le cours du <em>KRAC</em>… Ce premier « random numérique et artistique » sur la finance dure le temps d’un MONEY TIME au basket : trois minutes. On part dans une expédition visuelle, animée, hypnotique - et en musique - du tourbillon de la circulation de l’argent, sans le voir, jamais. Et ça repart. Chaque fois différemment. Les combinaisons ne sont jamais les mêmes. <span style=" color:#000000;">À</span> l’infini.</p>
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Une boite d’allumettes (avec des allumettes dedans), travaillée, signée et numérotée par l’artiste sert d’écrin à la clé USB (classe) gravée : signée et numérotée, elle aussi. Les allumettes ne sont pas signées.</p>
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<em>Je suis un dealer de KRAC</em>. Édition limitée et spéciale à 10 exemplaires numérotés de 101 à 110 en exclusivité pour les Kissbankers d’Hexagones.</p>
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Pour réaliser<em> KRAC</em>, j’ai travaillé en étroite collaboration avec un développeur messin Olivier Kautz qui a mis en forme ces intuitions. Sans lui, pas de <em>KRAC</em>. Et j’ai demandé au talentueux Léo Vincent, jeune musicien français vivant à Brooklyn, une bande son originale.</p>
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Venez soutenir Hexagones et l’aventure du nouveau journalisme !</p>
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<a href="http://www.kisskissbankbank.com/hexagones-l-aventure-du-nouveau-journalisme" target="_blank">http://www.kisskissbankbank.com/hexagones-l-aventure-du-nouveau-journalisme</a></p>
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Après le décryptage de l’affaire Kerviel par Thierry Lévêque mis en ligne le 19 mai, Hexagones publie aujourd’hui un nouveau contenu pour les Kissbankers. Il s’agit d’une enquête d’Henri Bessières sur les pratiques sociales de certaines entreprises qui utilisent la sous-traitance pour se débarrasser de problèmes sociaux qu’elles ne souhaitent pas ou ne peuvent pas traiter en interne. <strong>Cet article inaugure notre thématique « Dans les coulisses de l’économie », nous espérons que cet article vous donnera envie de soutenir l'aventure du nouveau journalisme ! </strong></p>
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<strong>La mode de l’« externalisation » des plans sociaux</strong></p>
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<strong><em>Après les fonctions de support, certaines entreprises se sont mises à sous-traiter leurs plans sociaux à des partenaires au profil souvent controversé, voire en contournant des accords d’entreprise. La légalité du transfert de près de 2.000 collaborateurs de SFR Service Client en 2007 sera tranchée par la Cour de cassation le 18 juin. </em></strong></p>
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<img alt="Image_txt_henri" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/94980/image_txt_henri.jpg" /></p>
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<em> crédits : Hexagones</em> </p>
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De nombreuses entreprises appréhendent la journée du 18 juin 2014. Ce jour-là, un jugement particulièrement sensible en matière de droit social est en effet attendu : la Cour de cassation doit se prononcer sur l’affaire opposant SFR à ses anciens salariés qui travaillaient dans ses centres d’appel de Toulouse, Lyon et Poitiers, revendus en 2007 à deux sous-traitants, le français Téléperformance et Arvato, une filiale du groupe allemand Bertelsmann, qui ont ensuite taillé dans les effectifs. D’abord aux prud’hommes, puis devant la cour d’appel, les salariés ont obtenu la condamnation de SFR, jugée coupable de collusion avec les repreneurs : autrement dit, l’opérateur télécoms, filiale de Vivendi, aurait utilisé la cession de ces centres d’appel à des sous-traitants pour camoufler un plan social que l’entreprise ne pouvait pas mettre en œuvre selon les termes du plan de gestion de l’emploi et des compétences (PGEC) conclu quelques mois auparavant avec les syndicats.</p>
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Si la Cour de cassation confirme l’arrêt rendu en appel (<a href="http://www.loysel.fr/atga/ArticlesTG/05-2012.pdf" target="_blank">www.loysel.fr/atga/ArticlesTG/05-2012.pdf</a>), c’est toute la stratégie sociale de pans entiers de l’industrie qui sera à revoir. « <em>L’arrêt du 18 juin montrera si la logique sociale l’emporte sur la logique économique, ce qui constituerait un véritable revirement de jurisprudence. Si la Cour de cassation valide l’arrêt de la cour d’appel de Toulouse, cela signifierait qu’il y a d’autres manières pour une entreprise de diminuer ses coûts que de détruire de l’emploi. Au-delà du caractère frauduleux du transfert de ces salariés, cela confirmerait la légitimité d’une indemnisation spécifique au titre de la perte d’une chance de conserver son emploi, indépendamment de l’indemnité liée à la rupture du contrat de travail</em> » estime Me Romain Geoffroy, avocat au barreau de Montpellier et défenseur de nombreux ex-collaborateurs de SFR Service Client.</p>
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Car, SFR n’a pas été la seule entreprise à avoir recours à la sous-traitance pour liquider une activité dont elle ne voulait plus. Plutôt que de charger excessivement la barque lors de l’annonce d’un plan de restructurations, certains grands groupes sous-traitent volontiers une partie de l’exercice. Question de mode opératoire quelques fois, question d’image souvent. Quand une entreprise insiste sur sa politique de développement durable ou de défense de l’environnement, ses efforts en faveur de l’insertion ou de la promotion du tissu industriel local, difficile d’annoncer des centaines de suppressions de postes sans écorner son image d’entreprise socialement responsable.</p>
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Pour une entreprise en difficulté, c’est parfois une manière de pérenniser un site ou une activité. Du point de vue du repreneur, c’est souvent une occasion de développer son activité à des conditions économiques avantageuses et avec une plus grande « flexibilité » sociale. Tout dépend aussi des conditions de marché, de la compétitivité du site, des intentions des actionnaires. Alors présentée aux collaborateurs concernés comme une opportunité (ou un moindre mal, c’est selon), la réalité est moins rose. S’ils conservent leur emploi, du moins dans un premier temps, les collaborateurs y laissent inévitablement des plumes, notamment en terme de protection sociale (accords d’entreprise, mutuelle, convention collective). De quoi entretenir de réelles inquiétudes, surtout si la situation économique devait se détériorer... </p>
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D’Alcatel (devenu Alcatel-Lucent) à SFR, de Lagardère Active à La Redoute, les exemples de restructurations externalisées de manière plus ou moins prévisible se sont multipliés depuis une dizaine d’années. Revue de détail de ce phénomène aux conséquences sociales souvent différées dans le temps.</p>
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<strong>Alcatel ouvre le bal au début des années 2000</strong></p>
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Soucieux de trouver des « solutions » à l’éclatement de la « bulle internet » autant qu’à une gestion calamiteuse de l’entreprise, Alcatel a discrètement donné le coup d’envoi à ces pratiques au début des années 2000. Tout a commencé à Laval où l’entreprise a cédé son site de fabrication de téléphones mobiles (830 emplois) au Singapourien Flextronics en 2001. Le « partenariat stratégique » avec Flextronics sera de courte durée. Le Singapourien fermera le site fin 2005. Alcatel revendra au même Flextronics le site de Châteaudun (Eure-et-Loir), hérité de son concurrent Nortel, fin 2004. Ce site (500 emplois) fermera fin 2007.</p>
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Autres sites industriels de l’équipementier à avoir connu le même sort : Brest (réseaux d’entreprise) et Cherbourg (hyperfréquences), respectivement cédés à Jabil Circuit et Sanmina, des spécialistes de l’assemblage électronique, en 2002. Alcatel promet alors de maintenir un certain niveau de commandes. Jusqu’à ce que la production de ces sites ne soit délocalisée (Chine, Pologne, Hongrie, Thaïlande).</p>
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De 700 salariés en 2002, le site brestois de Jabil Circuit compte aujourd’hui moins de 200 collaborateurs (moins de 90 à l’issue du plan social en cours). À Cherbourg, le site du « leader de la co-traitance électronique » - qui parlait d’élargir sa « base industrielle de classe mondiale » en se rapprochant de ses clients européens - a fermé début 2008, deux ans après la fin du contrat d’exclusivité avec Alcatel. Autant dire que le répit aura été de courte durée et que le « centre d’excellence européen » promis par Sanmina ne verra jamais le jour…</p>
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Aujourd’hui, plusieurs sites Alcatel-Lucent retiennent leur souffle. Épargnée par le plan social en cours chez l’équipementier (700 suppressions de postes en France), l’activité réseau d’entreprise doit être revendue à Huaxin, une société d’État… chinoise. Bien que surpris, les collaborateurs concernés (1.400 emplois à Brest, Illkirch, Colombes et Sophia-Antipolis) veulent y croire.</p>
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Huaxin a promis d’investir, de développer l’activité, notamment en Asie-Pacifique, et même de procéder à des acquisitions.<em> « C’est plutôt mieux que de passer sous la coupe d’un concurrent ou d’un fonds d’investissement »</em> relativise une source syndicale. De fait, le marketing et la R&D étaient délaissés depuis plusieurs années. Avec 40 % de parts de marché dans l’Hexagone, le suivi et l’animation des réseaux de distribution laissent à Alcatel-Lucent Entreprise des raisons d’espérer une relative pérennité de l’activité.</p>
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<strong>Interrogations sur la légitimité du repreneur</strong></p>
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Nettement plus sceptiques, voire inquiets, les collaborateurs d’Orvault (Loire-Atlantique) ont eu une drôle de surprise en apprenant, fin janvier, que ceux qui n’étaient pas concernés par le plan social en cours allaient être repris par Altran Technologies, une importante société de conseil en innovation. Spécialisés dans les radiocommunications, ces 170 ingénieurs devraient constituer le socle d’un futur centre d’expertise dédié à la 4G et aux objets connectés. Officiellement, Altran maintiendrait les emplois sur le site et ferait d’Orvault une sorte de tête de pont pour ses activités télécoms. Problème, la légitimité d’Altran dans les télécoms ou le cellulaire est toute relative. <em>« On ne voit pas très bien l’intérêt pour Alcatel de sous-traiter à Altran une partie de sa R&D dans la 4G »</em> résume un ingénieur. De quoi intriguer et inquiéter les collaborateurs concernés...</p>
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<em>« Même si la direction d’Alcatel-Lucent a bien joué avec cette annonce, nous restons dans le flou »</em> confie une source syndicale. <em>« En annonçant, coup sur coup, une réduction de 900 à 700 le nombre de suppressions d’emplois dans l’Hexagone et ce projet d’accord avec Altran, Michel Combes [le directeur général d’Alcatel-Lucent] s’est même attiré la bienveillance des pouvoirs publics »</em>, constate un élu du comité d’entreprise.</p>
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L’annonce a même amené fin janvier des félicitations publiques inattendues d’Arnaud Montebourg, le turbulent ministre du Redressement productif, qui est monté en grade en mars en prenant aussi le portefeuille de l’Économie. Alors qu’Orvault est située à proximité immédiate de la circonscription du Premier ministre chassé en mars, Jean-Marc Ayrault est resté fort discret. <em>« Jean-Marc Ayrault ne voulait pas donner le sentiment d’une intervention ciblée en raison de ses attaches locales »</em>, explique un élu de Loire-Atlantique.</p>
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<strong>Après l’industrie, les services également impactés</strong></p>
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Cette forme d’externalisation touche non seulement les sites industriels, mais aussi les activités de service, toujours dans l’univers des télécoms. La constitution, à coup d’acquisitions successives, de l’opérateur 9 Télécom a permis à un certain nombre de grands noms français (Wendel, Suez, PPR) de se désengager discrètement du secteur au lendemain de l’explosion de la bulle.</p>
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Même cas de figure lors de la fusion avec les activités de téléphonie fixe de Cegetel, alors maison mère de SFR. Mal en point, ces activités passent en 2005 sous le contrôle d’un ensemble rebaptisé Neuf Cegetel dont SFR récupère 28 % du capital aux côtés du groupe Louis-Dreyfus, propriétaire de 9 Télécom. Quelques mois plus tard, un premier plan social supprime 660 postes sur un total de 3.600 emplois. Ces licenciements, officiellement justifiés par de nombreux doublons à l’issue de la fusion, ont été opportunément effectués par la nouvelle entité, alors que Vivendi, maison mère de Cegetel, s’était engagée en 2004, en échange d’un mécanisme fiscal avantageux baptisé « bénéfice mondial consolidé », à embaucher plusieurs centaines de personnes sur des bassins d’emplois défavorisés.</p>
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En 2006, Neuf Cegetel est introduit en bourse avant que SFR ne reprenne le contrôle de l’ensemble en juillet 2008. De 3.600 collaborateurs lors du rapprochement initial, le nouvel ensemble est passé à 2.600. Cegetel a donc sous-traité la restructuration de ses activités dans le fixe à 9 Télécom tout en conservant une participation significative dans le nouvel ensemble (participation progressivement portée à 40,5 %), avant de remettre la main, trois ans plus tard, sur une entreprise réellement en ordre de marche ! Cette opération rondement menée a été aussi l’occasion de s’offrir une nouvelle jeunesse, la marque Cegetel étant définitivement abandonnée au profit d’un SFR flambant neuf…</p>
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<strong>La presse aux premières loges </strong></p>
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Un autre secteur, la presse, est familier de ces pratiques même si elles obéissent à une logique qui lui est particulière. En cas de changement de propriétaire, les journalistes peuvent, au terme de leur convention collective, quitter l’entreprise avec des indemnités légales (un mois de salaire par année d’ancienneté) supérieures à la moyenne. Ce mécanisme allège d’autant l’impact social d’une éventuelle restructuration à l’issue d’un changement de propriétaire. Le plus souvent, le prix de la cession tient d’ailleurs compte du coût de cette clause de cession, voire des… restructurations à venir. Ceci conduit parfois à des transactions ne dépassant pas l’euro symbolique (revente de La Tribune par Alain Weill, le patron de BFM TV, ou des magazines 01 Business et 01 net par le même Alain Weill).</p>
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Le phénomène est probablement présent dans la cession en cours d’une dizaine de magazines (Psychologies Magazine, Auto Moto, Union, Première, Be, Campagne et Décoration, Maison et Travaux, Pariscope) du groupe Lagardère. La restructuration – plus que probable – incombera au repreneur (une enveloppe de quinze millions d’euros, financée par le vendeur, est prévue à cet effet). Une manière pour Lagardère Active – où un plan de départs volontaires est en cours – de sous-traiter une partie de la restructuration de ses propres titres… Si la technique n’est pas très reluisante, elle est relativement efficace en matière d’image et de partage des tâches. En effet, les conditions de départ au sein du groupe acquéreur sont en général nettement moins favorables que chez le vendeur, financièrement plus solide et plus soucieux en termes de réputation. Un échange de bons procédés en quelque sorte.</p>
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<strong>La restructuration de La Redoute financée par le vendeur</strong></p>
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Dans un tout autre registre, la restructuration de La Redoute, l’emblématique enseigne de vente à distance basée à Roubaix (Nord), s’effectue selon un mode opératoire assez spécifique. Soucieux de s’en débarrasser pour diverses raisons, notamment financières, l’entreprise ayant mal négocié le virage du Web et l’arrivée d’Amazon, le groupe PPR (rebaptisé Kering) a imaginé revendre La Redoute à deux de ses dirigeants pour un euro symbolique.</p>
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C’est une manière de ne pas trop ternir l’image d’un groupe en plein recentrage sur le luxe et le « lifestyle » après s’être partiellement désengagé de la Fnac (900 postes supprimés entre 2009 et 2012) et avoir effectué un premier plan social à La Redoute (près de 700 emplois supprimés) en 2007. Une nouvelle fois, le dispositif retenu, qui a suscité de très fortes divisions syndicales, consiste à confier au repreneur le soin de conduire la restructuration après recapitalisation de 315 millions d’euros.</p>
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Pour financer le volet social du dispositif (1.178 suppressions de postes sur quatre ans, soit près de la moitié des effectifs en France), Kering a promis une enveloppe de 180 millions d’euros d’ici à 2017. Pour cette restructuration musclée, la direction – qui vise un retour à l’équilibre pour 2017 – assure que le coût social, compte tenu des départs en préretraite et d’un plan de départs volontaires, sera significativement inférieur aux 672 licenciements de 2007.</p>
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Il n’empêche, l’addition est salée et devrait laisser des traces dans les rangs syndicaux où la CFDT, divisée, a signé l’accord in extremis. Face à la perspective d’un dépôt de bilan imminent (la CGT et SUD étaient tous les deux farouchement hostiles au protocole d’accord), le choix était cornélien. Ce choix est assumé par Jean-Claude Blanquart, le délégué central syndical CFDT. Dix-huit des vingt-cinq délégués CFDT de la Redoute ont, dans la foulée, démissionné du syndicat en signe de protestation.</p>
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<strong>Des repreneurs opportunistes aux capacités financières limitées</strong></p>
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Autant de cas de figure qui amènent à s’interroger sur l’intérêt des repreneurs dans ce type d’opérations. On évoque parfois des « renvois d’ascenseur », mais sans en apporter la preuve. D’autant que certaines cessions peuvent avoir une réelle logique industrielle. « <em>Cela peut être une manière pour l’acquéreur de se renforcer dans des conditions financières avantageuses, d’acquérir des parts de marché ou de récupérer un site clé en main</em> », avance Fabien Chiche, consultant chez Sextant, un cabinet d’expertise comptable spécialisé dans l’accompagnement des comités d’entreprise. Quant au volet social, c’est habituellement le maillon faible du dispositif. <em>« Lors d’un changement de propriétaire, les salariés sont rarement gagnants. En cas de plan social ultérieur, cela se passe généralement assez mal. L’acquéreur est souvent une petite structure, moins solide financièrement et avec de fortes contraintes économiques, et où la protection des salariés est nettement moins bien assurée</em> », constate Fabien Chiche. Le niveau de protection sociale étant traditionnellement meilleur dans les grandes entreprises que dans les petites structures, mieux vaut être du bon côté du manche. Surtout en période de turbulences et tant que ce type de cession d’actifs ne sera pas mieux encadré.</p>
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Henri Bessières</p>
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<span class="fbPhotosPhotoCaption" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><span class="text_exposed_show"><strong>Soutenez notre projet sur :</strong><br />
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Il y a 15 jours, Hexagones lançait son opération de crowdfunding. En 15 jours, 191 kissbankers ont souscrit, apportant 8 611 euros, ce qui représente 57 % de l’objectif.<br />
<strong>C’est un résultat que nous n’espérions pas obtenir dans un délai aussi rapide.</strong></p>
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<br />
Toute l’équipe vous remercie très chaleureusement pour votre participation et pour vos nombreux messages de soutien.<br />
Durant cette période, le palier le plus élevé (100 euros), qui était limité à 24 contributeurs, a été épuisé.<br />
Nous avons aussi décidé d’ouvrir un nouveau palier à 110 euros, reprenant les avantages proposés dans la précédente offre à 100 euros, qui sera limité à 12 contributeurs.</p>
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Encore une fois, nous vous renouvelons nos remerciements pour l’aide que vous nous apportez et nous comptons sur vous pour faire connaître Hexagones et convaincre de nouveaux contributeurs.</p>
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<img alt="Pres_journalistes-recovered" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/94557/Pres_journalistes-Recovered.jpg" /></p>
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<br />
<span class="fbPhotosPhotoCaption" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption"><strong>Philippe Vecchi, Chroniqueur :<br />
><u>Presse</u> :</strong><br />
<span class="text_exposed_show"><strong>- Libération ( service culture)<br />
- le Nouvel Observateur (critique télé)<br />
<br />
><u>Radio</u> :<br />
- France Inter<br />
- Europe 1<br />
- Radio Nova ( micro libre)<br />
<br />
><u>Animation / production</u><br />
- Canal +, onze saisons, « Nulle Part Ailleurs »</strong></span></span></span><br />
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<em>« Toutes activités journalistiques cumulées, j’ai traversé longuement le service Culture de "Libération" et les colonnes éditoriales du "Nouvel Observateur "(critique télé). Mes expériences radio se comptent aussi en années, de "France Inter" à "Europe1" puis au micro libre de "Radio Nova". Sans parler des onze saisons enchaînées comme animateur-producteur à l’antenne de Canal+, avec "Nulle Part Ailleurs" en guise de climax. Autant de points de vue successifs sur le monde des médias qui m’ont conduit à plonger dans “l’aventure du nouveau journalisme” initiée par Hexagones. Soit ma première collaboration avec un site d’information indépendant et pertinent, pour lequel je ferai le tour du web, de la télévision et des séries. En connaissance de cause, et sans complaisance. C’est le minimum que nous vous devons. » </em></p>
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<em>Dans la rubrique "Décryptages", Hexagones vous proposera, sous la plume d'un des journalistes participant à l'équipe, l'analyse d'un fait d'actualité, mais uniquement si ses connaissances et son expérience de cette information permettent d'éclairer ce fait par des éléments concrets.</em></p>
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<strong>Kerviel, le système et l’opinion</strong></p>
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<strong>Les faits de l'affaire Kerviel et les décisions judiciaires rendues infirment l'image de victime qu'il s'est créée, défendue par certains dirigeants politiques et qui a convaincu une partie de l'opinion</strong>.</p>
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<img alt="Kkbb_kerviel-tleveque" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/93787/kkbb_kerviel-tleveque.jpg" /></p>
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<em>crédits photo : sipa</em></p>
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<strong>« Qui êtes-vous donc, M. Kerviel ? »</strong></p>
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À cette question que lui posa le président du tribunal de Paris, Dominique Pauthe, lors de son premier procès en 2010, l’ancien trader de la Société Générale n’avait pas vraiment su répondre. Aujourd’hui, une partie de l’opinion française, stimulée par l’ancienne candidate écologiste à la présidentielle Éva Joly, le leader du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon, quelques membres de l’épiscopat catholique, de nombreuses personnalités d’horizons divers, de nombreux médias, a répondu catégoriquement : Jérôme Kerviel est une victime du monde monstrueux de la finance sans âme, qui a plongé le monde dans la crise et se serait avec lui trouvé un bouc émissaire commode pour faire oublier ses turpitudes.</p>
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C’est une approche que chaque Français a pu exprimer à son déjeuner de famille dominical ou au bistro du coin avec ses amis. C’est une idée simple et même en apparence évidente que beaucoup des journalistes qui se sont présentés en 2010 au début du premier procès public de l’affaire partageaient aussi, secrètement ou non. C’est sur cette sympathie confuse et instinctive que le jeune homme a joué le 17 mai pour sa marche italienne censée être rédemptrice et faire de lui une sorte de figure christique de la crise financière. Il pointe toujours du doigt sa « hiérarchie » à la banque, qui l’aurait laissé faire, un fait que l’on voudrait cacher.</p>
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Avant de se présenter in extremis au commissariat de Menton et d’être écroué pour commencer à purger sa peine de trois ans de prison ferme, il en a appelé au président Hollande, pour demander « l’immunité » pour d’hypothétiques témoins censés révéler la « vérité » sur l’affaire. Il n’a même pas saisi la perche tendue par l’Élysée, qui lui a rappelé que le chef de l’État avait une seule prérogative constitutionnelle, quant à une affaire jugée définitivement par l’autorité judiciaire indépendante, exercer éventuellement un droit de grâce.</p>
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<strong>50 milliards d’euros</strong></p>
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En vérité, jusqu’au bout, cette affaire aura permis à ceux qui ont eu le privilège de suivre l’instruction, puis d’assister de bout en bout aux deux procès sur le fond, puis de rendre compte de l’arrêt final de la Cour de cassation en 2014, de prendre conscience d’une vérité terrible : la Société Générale, ses structures de contrôle, ses petits chefs, ses grands dirigeants, ses experts si fiers de leur science à l’époque reconnue des marchés financiers, n’ont pas réalisé qu’un trader anonyme parmi tant d’autres de la tour de la Défense, avait posé la somme vertigineuse de 50 milliards d’euros sur la table virtuelle des marchés, entrainant avec une perte de 4,9 milliards d’euros la banque et ses 280.000 employés au bord du gouffre. Jérôme Kerviel a bel et bien trompé de son petit ordinateur cette machine sidérante par sa puissance, emblème de la finance.</p>
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Pour convaincre de ce fait ceux qui doutent, il faut rappeler d’abord que l’instruction a été conduite par le juge Renaud Van Ruymbeke, le plus réputé des juges d’instruction français. Son passé et son travail font qu’il est impossible de soupçonner une connivence avec le monde financier, et il en est de même pour Dominique Pauthe, président du tribunal de Paris qui a dirigé le premier procès (magistrat qui a par ailleurs prononcé la condamnation de Jacques Chirac dans les emplois fictifs de la Ville de Paris, la première dans l’histoire de France pour un ex-président) et pour Mireille Filippini, présidente de la cour d’appel ayant confirmé la condamnation.</p>
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<strong>« l’unique concepteur et réalisateur du système de fraude »</strong></p>
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Il faudrait surtout, pour convaincre tous ceux qui doutent, reprendre les centaines de pages du dossier d’instruction, du jugement et des arrêts rendus concluant que Jérôme Kerviel était <em>« l’unique concepteur et réalisateur du système de fraude ».</em> N’utilisons que quelques éléments simples du dossier. D’abord, Jérôme Kerviel a toujours reconnu avoir passé de faux ordres sur les marchés pour dissimuler ses expositions démentielles.</p>
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<strong>Faux mails</strong></p>
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Il a toujours avoué avoir menti à sa hiérarchie, et l’avoir trompée notamment par de faux mails, à de fort nombreuses reprises, quand on lui a demandé de s’expliquer sur ses agissements. Pourquoi, si sa hiérarchie était au courant, lui mentir et la tromper ? Jérôme Kerviel n’a jamais véritablement répondu à cette question. Les sceptiques répondront que l’approbation était implicite. <em>« Tant qu’il gagnait, on le laissait faire »</em> : faux. Les positions de Jérôme Kerviel, avant d’être bénéficiaires de 1,4 milliard d’euros début 2008 puis de sombrer sur fond de début de crise financière, avaient été perdantes de deux milliards d’euros, courant 2007, sans que personne ne réagisse.</p>
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Quel intérêt aurait eu la banque à laisser se créer un tel risque, puis à le laisser perdurer ? Les financiers peuvent être vus parfois légitimement comme cupides et irresponsables, certainement pas comme suicidaires. Le fait que la Société Générale n’ait rien vu de cet épisode délirant du travail d’un de ses employés est en fait bien plus confondant pour ce monde financier que la théorie alambiquée du complot et du bouc émissaire. Est ainsi en effet démontré que la roue folle de cet univers tourne en permanence au bord du gouffre. La justice républicaine a sanctionné ce fonctionnement par une avancée juridique.</p>
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Il faut en effet contester l’une des dernières grandes idées reçues de cette affaire : la Société Générale n’est pas sortie indemne de ces procès, loin de là. Elle a d’abord été sanctionnée par la Commission bancaire d’une amende de quatre millions d’euros pour défaut de contrôle (80 % de la sanction maximale). Surtout, la Cour de cassation a rendu en mars 2014 une décision fondamentale sur la responsabilité civile de l’affaire, en modifiant une jurisprudence jusqu’ici incontournable. Bien que victime du délit « d’abus de confiance, faux et usage de faux, introduction frauduleuse de données dans un système informatique », la banque est au moins en partie responsable de la perte, du fait de son incurie dans le contrôle, a dit la plus haute juridiction française. Une autre cour d’appel dira comment répartir la facture de 4,9 milliards entre la banque et son trader. Cette décision est un signal fondamental et sans ambiguïté envoyé à la finance pour l’avenir : l’ère de l’irresponsabilité doit prendre fin.</p>
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La justice de la République française a donc traité justement et sereinement cette affaire, lors de procès équitables, où le système de défense de Jérôme Kerviel a été tout simplement anéanti par les faits. Au-delà, cette justice a sans doute donné la vraie mesure de ce dossier qui marquera profondément, sans doute, l’histoire économique. Le « système » n’est pas situé dans l’éther, au-dessus des humains. Il est fait au contraire de matière humaine, de banquiers et de dirigeants financiers certes, mais aussi d’épargnants, de retraités amateurs de juteux rendements de fonds de pension et de traders ordinaires comme Jérôme Kerviel. Tout système n’existe que par ceux qui y croient et qui y travaillent, et ce fut le cas du jeune homme qui avait voué sa vie à ce métier, jusqu’au délire. Tout repenti sincère ou non qu’il soit aujourd’hui, Jérôme Kerviel ne pourra fuir cette réalité : un jour, il A ÉTÉ le système.</p>
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<strong>Thierry Lévêque</strong></p>
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<img alt="Pres_journalistes" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/93321/Pres_journalistes.jpg" /></p>
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<strong><u>Antoine Dreyfus, Grand Reporter :</u></strong></p>
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<strong>- hypokhâgne. Maîtrise de Droit des Affaires. Maîtrise de Sciences politiques,</strong></p>
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<strong>- a été grand reporter à <em>VSD</em>. Nombreux sujets en France et à l’étranger (Arabie Saoudite, Kosovo, Turkménistan, Corée du Nord…),</strong></p>
<p>
<strong>- actuellement journaliste indépendant en presse écrite. Collabore notamment au<em> Canard Enchaîné</em> et à <em>LUI Magazine</em>. Se partage entre Paris et Marseille,</strong></p>
<p>
<strong>- auteur du livre <em>« Les fils d’Al Qaida »</em> (éditions du Cherche Midi) sur la génération de djihadistes de l’après 11 septembre,</strong></p>
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<strong>- prépare un récit sur son infiltration en Corée du Nord dont le titre de travail est « Mr Kim et la chocolaterie ».</strong></p>
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<em>« J’ai rejoint Hexagones parce que nous allons prendre notre temps et proposer du contenu de qualité, loin de la dictature du buzz, de l’infotainment ou de la course à la vitesse. Avec la profusion des médias, l’explosion des chaînes d’information continue, de la TNT, des supports, jamais l’information n’a été aussi pauvre en contenu et peu diversifiée. C’est le paradoxe actuel.</em></p>
<p>
<em>Nous allons nous adresser à l’intelligence des lecteurs. Nous allons leur montrer la France des gaspillages, de la corruption, de la désindustrialisation, la part d’ombre, <span style=" color:#000000;">etc.,</span> mais aussi celle qui innove, expérimente, emprunte des chemins différents et positifs.</em></p>
<p>
<em>Internet est une vraie révolution. Internet bouscule une vieille économie de la presse qui se demande comment éviter la catastrophe. Internet oblige les journalistes à remettre en cause leur pratique, leur manière de produire de l‘information.</em></p>
<p>
<em>Participer à la création d’un site d’infos indépendant, sans publicité, en misant sur l’abonnement donc sur les lecteurs/internautes, c’est en réalité se concentrer sur notre cœur de métier, c’est débusquer les bonnes infos, raconter la France avec ses bons et ses mauvais côtés, sans avoir la pression des annonceurs, d’un service marketing, d’un parti politique ; en fait cette double pression politique et financière qui est en train de formater l’ensemble de la presse. Si j’ai rejoint Hexagones, c’est simplement pour faire mon métier, celui que j’ai choisi, celui de journaliste. »</em></p>
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<img alt="Pres_journalistes" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/93186/Pres_journalistes.jpg" /></p>
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<strong><u>Henri Bessières, Grand Reporter :</u></strong></p>
<ul>
<li>
<strong>journaliste économique,</strong></li>
<li>
<strong><u>formation </u>: DESS de Droit des affaires à Paris I,</strong></li>
<li>
<strong>administrateur de l’Institut de recherches économiques et sociales sur les télécommunications (Irest) depuis 2008,</strong></li>
<li>
<strong>collaborateur d’<em>Euro TMT, La Tribune du Grand Paris et Indigo Publications</em></strong>,</li>
<li>
<strong>grand reporter au Groupe Tests (<em>Télécoms Magazine, 01 Réseaux</em>) après avoir débuté à <em>Communication & Business</em> (rubrique médias) en 1986</strong>,</li>
<li>
<strong>ancien président de la Société des journalistes (SDJ) du Groupe Tests (2001-2003),</strong></li>
<li>
<strong><u>publication</u> : participation à l’ouvrage collectif <em>« Le paradoxe des télécoms : constat et analyse »</em> (Editions Publisud, 2003)</strong>.</li>
</ul>
<p>
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<p>
« <em>Après une vingtaine d’années dans la presse spécialisée, je rejoins Hexagones avec la volonté d’explorer une nouvelle manière de pratiquer notre métier, qui plus est au sein d’un « nouveau média » qui est aussi une histoire de rencontres. Avec son fondateur, un « complice » de longue date, et avec l’équipe qu’il a constituée. Face à la morosité ambiante à laquelle la presse n’échappe pas, nous avons une réelle opportunité de bâtir un projet éditorial innovant. Parce que le parcours, la complémentarité et les diverses sensibilités au sein de l’équipe sont aussi le meilleur gage de son indépendance. </em></p>
<p>
<em>Hexagones s’efforcera de prendre du recul et d’aller au fond des choses, au-delà du brouhaha de l’information spectacle. Avec pour objectif de décrypter les tendances de fond sans se faire embobiner (et embobiner nos lecteurs). Avec un intérêt non dissimulé pour le « dessous des cartes » qui sont souvent une grille de lecture tout aussi pertinente que celle des communicants ou des éditorialistes. Parce qu' Hexagones enfin est aussi une réelle aventure entrepreneuriale </em>».</p>
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<u><strong>Mise à jour du 16-05-14</strong></u></p>
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En relisant ses propos une fois publiés par Hexagones, Lionel Tardy a souhaité<strong> préciser sa position sur l'avenir de son parti. " L'UMP, si les choses n'évoluent pas, n'existera plus en juin", formule ce matin le député de Haute-Savoie.</strong></p>
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<img alt="Tardy" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/92815/Tardy.JPG" /></p>
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<a href="http://www.hexagones.fr/" target="_blank">http://www.hexagones.fr/</a></p>
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<em><img alt="Pres_journalistes" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/92939/Pres_journalistes.jpg" /> </em></p>
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<strong><u>Bruno Fay, Grand Reporter :</u></strong></p>
<p>
<strong>- journaliste indépendant (presse, TV, édition)</strong></p>
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> <u>Presse écrite :</u></p>
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<strong>- Sud-Ouest, L'Express, GQ, Science & Vie, L'Optimum, etc.</strong></p>
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><u> Télévision :</u></p>
<p>
<strong>- Canal + (<em>GAL : des tueurs d’État</em> - 52 min ; avec Xavier Muntz, Prod. TAC Presse, 2012).</strong></p>
<p>
<strong> - Arte (<em>Total Contrôle</em> - 52 min, <em>Résistants.com</em> - 26 mn et <em>Big Brother city</em> - 26 mn ; avec Xavier Muntz, Étienne Labroue et David Carr-Brown, Novaprod, 2007).</strong></p>
<p>
<u>> Auteur de plusieurs livres et enquêtes :</u></p>
<p>
<strong>- <em>Complocratie, Enquête aux sources du nouveau conspirationnisme</em> (éditions du Moment, février 2011)</strong></p>
<p>
<strong>- <em>No Low Cost</em>, avec Stéphane Reynaud, éditions du Moment, novembre 2009.</strong></p>
<p>
<strong>- <em>anticor 1</em> & <em>anticor 2</em> (ouvrages collectifs, éditions Bord de l’eau, 2003).</strong></p>
<p>
<strong>- <em>Le Casier judiciaire de la République</em>, avec Laurent Ollivier, Ramsay, 2002. </strong></p>
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Blog : <a href="http://investigation.blog.lemonde.fr">http://investigation.blog.lemonde.fr</a></p>
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<em>« La presse écrite laisse peu de place à l'enquête. Nous vivons au temps de l'hyperinformation, de l'immédiateté. Les sujets se succèdent et disparaissent aussi vite qu'ils apparaissent. Il faut aller vite, faire court, coller à l'air du temps. En tant que lecteur, je n'y trouve pas mon compte. Et comme beaucoup d'autres journalistes, je ressens une véritable frustration à ne pas pouvoir aller au fond des choses. Installé au Pays Basque, j'ai été immédiatement séduit par le projet Hexagones. C'est à la fois un défi et un pari. Un défi, car les temps sont difficiles pour la presse. Nous sommes parfaitement conscients des difficultés à venir. Et un pari, par son modèle économique. J'ai envie de croire au crowdfunding, à la force du collectif face aux individualismes. J'ai envie de croire qu'il est possible d'inventer de nouvelles manières de financer le travail d'enquête. J'ai surtout envie de croire qu'il est encore possible de combler les trous noirs de l'information ! »</em></p>
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<u><strong>Contenu exclusif</strong></u></p>
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<strong>Aujourd’hui, jeudi 15 mai, Hexagones a décidé de publier pour la première fois quelques articles. Pourquoi le faire maintenant ?</strong><br />
<br />
<strong>Pour remercier les premiers kissbankers et donner envie à d'autres lecteurs de nous rejoindre.</strong> L’opération de financement participatif avec KissKissBankBank a bien démarré. Nous avons déjà récolté plus de 40 % de la somme demandée en seulement une semaine. Les souscripteurs et autres personnes intéressées par le projet nous ont exprimé <strong>leur désir de découvrir du contenu.</strong><br />
<br />
En dévoilant une partie de nos articles, nous espérons pouvoir vous convaincre que notre aventure mérite d’être soutenue. Le <strong>premier article que nous publions est une interview de Lionel Tardy, réalisée voilà plusieurs semaines par Brice Perrier dans le cadre d’une enquête sur le député de Haute-Savoie.</strong><br />
<br />
Lisez l’interview et vous comprendrez les raisons qui nous ont amenés à la publier aujourd’hui.</p>
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<u><strong>Au-delà du fait d’actualité, Lionel Tardy s’interroge en effet sur ce que doit être un parti politique et s’inquiète pour l’avenir de l’UMP.</strong></u><br />
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<img alt="Tardy_2" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/92816/tardy_2.JPG" /></p>
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<strong>À lire sur : <a href="http://www.hexagones.fr/" target="_blank">www.hexagones.fr</a></strong></p>
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<img alt="Pres_journalistes" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/92809/Pres_journalistes.jpg" /></p>
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<strong>Brice Perrier, Grand Reporter :<br />
- journaliste indépendant et réalisateur,<br />
- a collaboré avec <em>Technikart, L'Optimum, DS, GQ, VSD, Le Parisien Magazine,</em><br />
- a réalisé plusieurs films pour l'émission de France 3 <em>Strip Tease,</em><br />
- en 2005, a créé <em>La Voix des Allobroges</em>, un journal bimestriel diffusé en Savoie et devenu, en 2009, un site internet,<br />
- en 2011, publication de <em>Qui a peur du saint Suaire ?</em> (éditions Florent Massot), une enquête sur le linceul de Turin. En 2013, a cosigné avec Michel Maffesoli <em>L'homme postmoderne</em> (éditions François Bourin),<br />
- aujourd'hui, collabore avec le magazine<em> Grazia</em> et tourne un documentaire en Savoie.</strong><br />
<br />
<em>« Travaillant actuellement sur un sujet difficile à publier, j'ai rencontré Thierry Gadault sur les conseils de Denis Robert. Il a immédiatement été intéressé par mon travail et m'a proposé de rejoindre l'équipe d'Hexagones pour y publier les résultats de cette enquête.<br />
Évoluant entre Paris et la Savoie, j'ai été séduit par le pluriel d'Hexagones, son désir de révéler une France multiple que le microcosme de la capitale refuse trop souvent de prendre en considération.<br />
Arpenter aussi bien le terrain parisien que celui des régions, enquêter sur des affaires impliquant l'État tout en dévoilant des réalités régionales, telle me semble être la mission d'Hexagones. Je suis donc enthousiaste de contribuer à cette aventure journalistique qui doit faire émerger un acteur innovant et détonnant sur le nouveau territoire de l'info qu'est le web. »</em><br />
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Nous partageons avec vous cette très belle interview d’un membre de notre rédaction Thierry Lévêque publiée sur le blog «La Plume d'Aliocha».<br />
<br />
Thierry précise un peu plus les contours de notre démarche, les raisons qui nous ont poussés à nous lancer dans cette folle aventure et parle des articles qui seront prêts à être mis en ligne quand nous déploierons nos ailes.<br />
http://laplumedaliocha.wordpress.com/2014/05/13/hexagones-veut-reinventer-le-journalisme/<br />
<br />
Votre enthousiasme et vos encouragements font chaud au cœur et toute la rédaction est en joie.<br />
Manifestement, vous avez déjà fait beaucoup de bruit autour de nous, c'est formidable. Mais il faut continuer, il reste encore du chemin à parcourir.<br />
<br />
Un grand merci à tous !</p>
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<img alt="Michel" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/92362/Michel.jpg" /></p>
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<strong>Michel Fiszbin (alias Lehaineux), chroniqueur :</strong></p>
<p>
<strong>- a travaillé pour <em>Hara Kiri</em>, <em>Zéro</em>, <em>Le Psychopat</em>,<em> La Grosse Bertha</em>, <em>CQFD</em>, <em>France Inter</em>, <em>Droit de Réponse</em> (TF1), <em>Merci Bernard</em> (FR3).</strong></p>
<p>
<strong>- co-fondateur de <em>Carbone 14</em>, <em>Antène 1</em>*, <em>Zalea TV</em>, <em>la Coordination Permanente des Médias Libres</em>,<em> les États Généraux</em> <em>pour le Pluralisme de l’Information</em>, <em>le Front de Libération des Médias</em>, <em>CP-Productions</em>, <em>les Mutins de Pangée</em>.</strong></p>
<p>
<strong>* oui, cette télé libre se vantait d’être une faute d’orthographe dans le PAF.</strong></p>
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<em>« J'ai rejoint Hexagones parce qu'il y avait bien longtemps que je ne trouvais plus de média où déployer ma Zone À Risques. Quand Thierry Gadault m'a dit "banco!" (en toute connaissance de cause et de conséquences, je précise, au cas où vous supputâtes que je l'eus pris par surprise), j'ai compris qu'avec Hexagones, il allait se passer quelque chose d'inédit et d'assez gonflé : l'envol d'un nouveau journalisme rigoureux qui n'a pas froid aux yeux et qui ne soit pas mou du genou. Alors prenez le vent du large avec nous, ça vous donnera des couleurs ! »</em></p>
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<img alt="Pres_journalistes" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/92529/Pres_journalistes.jpg" /></p>
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<strong>Éloïse Lebourg, 33 ans, Grand Reporter :</strong></p>
<p>
<strong>- diplômée d’un DEA en linguistique, thème « Analyse du discours politique »,</strong></p>
<p>
<strong><span class="fbPhotosPhotoCaption" id="fbPhotoSnowliftCaption" tabindex="0"><span class="hasCaption">- étudie à l'EJCM (école de journalisme et de communication) de Marseille,</span></span></strong></p>
<p>
<strong>- a travaillé pour France Inter, RTL, ou Charlie Hebdo, côtoie la PQR et les locales de M6,</strong></p>
<p>
<strong>- 2007 : devient directrice d’antenne d’une radio associative : programmation musicale, émissions, partenariats, enquête,</strong></p>
<p>
<strong>- 2010 : crée les rencontres des médias libres et préside désormais l’association « rencontres médiatiques » porteuse de ce projet. </strong></p>
<p>
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<em>" Hexagones, une nouvelle aventure journalistique, loin du monopole de la Presse Quotidienne Régionale, qui aux quatre coins du territoire, enfoncent un pays dans la pensée unique.</em></p>
<p>
<em>Hexagones, un challenge. <span style=" color:#000000;">À</span> l’heure à laquelle le monde du journalisme vit une réelle fracture avec le monde réel, il permet de renouer avec l’enquête, l’investigation, le travail de terrain en toute indépendance.</em></p>
<p>
<em>Hexagones, un rêve. Celui de pouvoir exercer en toute liberté, sans pression, la recherche des vérités, d’aller crapahuter en toute innocence, et d’aborder les quidams, les concitoyens, donner la parole à ceux qui ne l’ont que trop peu.</em></p>
<p>
<em>Hexagones, un pari. Celui d’un nouveau journalisme, une nouvelle forme, que la profession inévitablement doit de toute urgence réinventer."</em></p>
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<img alt="Pres_journalistes" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/91469/Pres_journalistes.jpg" /></p>
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<strong>Jean-Marie Godard, 45 ans, Grand Reporter :</strong></p>
<p>
<strong>- journaliste depuis 1990,</strong></p>
<p>
<strong>- ancien chef du service Actualité sociale d'<em>Associated Press France</em> puis de<em> Sipa News</em>,</strong></p>
<p>
<strong>- en début de carrière, a également écrit des articles en tant que pigiste pour<em> Libération,</em> <em>Le Parisien</em>, ou encore <em>Politis</em>,</strong></p>
<p>
<strong>- a également travaillé quelques années dans le secteur social, et a été rédacteur en chef adjoint du magazine de l'association <em>SOS Drogue International</em> de 1996 à 1998,</strong></p>
<p>
<strong>- en parallèle au journalisme, suit actuellement un cursus Droit social appliqué à l’entreprise au CNAM</strong>.</p>
<p>
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<em>« J’ai décidé de rejoindre Hexagones pour contribuer à l’émergence d’un nouveau média indépendant, dont l’ambition est d’offrir <strong>une information sociale et sociétale de qualité, centrée sur la France, en proposant uniquement des enquêtes et des reportages de fond à l’heure où la « rapidité » tend à devenir une fin, même plus un moyen.</strong> </em></p>
<p>
<em>Prendre internet comme support principal pour développer ce média m’est apparu comme une évidence, et comme le meilleur moyen d’être à l’écoute des attentes des lectrices et lecteurs. »</em></p>
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<img alt="L_chatel" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/92532/L_chatel.jpg" /></p>
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<p>
<span class="userContent"><strong>Martin Brésis, Grand Reporter :</strong><br />
<strong>- journaliste indépendant, spécialiste des religions et des médias.<br />
- écrit pour les<em> Inrockuptibles</em>, <em>le Monde des Religions</em> et <em>les Lettres Françaises</em>. Il a pub</strong><span class="text_exposed_show"><strong>lié<em> Civitas et les nouveaux fous de Dieu</em> (Temps Présent, mars 2014), <em>Les Tartuffes du petit écran</em> – <em>de Thierry Ardisson à Eric Zemmour</em>,<em> le bal des faux impertinents</em> (JC Gawsewitch, novembre 2012) et <em>Médias : la faillite d'un contre pouvoir</em> (avec Philippe Merlant - Fayard, octobre 2009).</strong><br />
<br />
<em><strong>« Parce qu'avec Hexagones, nous voulons réhabiliter le reportage et l'enquête, le terrain et les faits</strong><br />
Parce qu'avec Hexagones, nous nous mettons au service du réel, même complexe<br />
Parce qu'avec Hexagones, nous voulons parler d'un pays multiple, de ses fractures et de ses élans<br />
Parce qu'Hexagones est une aventure collective<br />
parce que le journalisme, en pleine mutation,<strong> a besoin d'audace et d'envie ! »</strong></em></span></span></p>
<p>
<img alt="Thierry_leveque_p" src="https://kkbb-production.s3.amazonaws.com/uploads/project_image/image/91345/Thierry_Leveque_p.jpg" /></p>
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</p>
<p>
<span class="userContent"><strong><u>Thierry Lévêque, Grand Reporter</u><br />
- né en 1964,<br />
- diplômé du CUEJ, l'école de journalisme de Strasbourg,<br />
- 20 années à l'agence de presse Reuters après une expérience dans la presse régionale et économique.<br />
- spécialisé dans les questions </strong><span class="text_exposed_show"><strong>judiciaires.</strong><br />
<br />
<em>"<strong>Le journalisme passera désormais par l'internet et par les lecteurs</strong>, tant la connexion permanente entre tous et avec le monde extérieur est aujourd'hui une réalité quotidienne.<strong> L'expérience d'Hexagones </strong>répond à un besoin d'approfondissement de l'actualité, dont les citoyens prennent désormais connaissance gratuitement par une multitude de canaux, mais qui ne donne pas satisfaction. <strong>Comprendre mieux les enjeux, découvrir des lieux particuliers, entendre des personnes qualifiées et peu connues sur des sujets de préoccupation généraux, donner à voir et à entendre, laisser leurs places aux territoires de la France, dialoguer avec le public pour mieux orienter le reportage et l'investigation, c'est l'enjeu de ce nouveau journalisme </strong>qui est en train de naître. Mon domaine judiciaire en a besoin plus encore que tout autre, car c'est une matière journalistique obscure, objet de fantasmes et de polémiques, et pourtant toujours inconnue du public français".</em></span></span></p>