La lanterne magique des enfants d’Izieu

📷 Le 1er film d'animation est financé, cap sur l'adaptation des deux autres rouleaux dessinés par les enfants d'Izieu en 1943. Nous avons encore besoin de vous ! Pourquoi continuer à contribuer ? Par rapport à l'histoire d'Ivan Tsarawitch, les deux prochaines adaptations des rouleaux demandent un travail d'écriture et de scénarisation beaucoup plus important. Les textes qui les accompagnent sont plus succinct, et la quantité de dessins est moindre. Le travail de recherche graphique sera ainsi plus conséquent. Clélia reprendra, à la suite de l'écriture, cette phase de préparation longue et minutieuse. Il s'agit de compléter les histoires avec la création de nouveaux dessins. Le surplus de collecte nous permettra ainsi de travailler dans un 1er temps le scénario et les dessins, pour retrouver avec finesse la justesse des intentions des enfants en 1943. Certains de nos partenaires nous ont déjà confirmé leur présence pour terminer l'adaptation des trois histoires. Nous serons sans doute rejoints par d'autres mais le gap restera important, c'est pourquoi nous avons décidé, en continuant sur cette belle lancée, de doubler notre objectif de financement participatif. Planning : Écriture - avril-mai Préparation graphique - juin-juillet Storyboard - septembre Enregistrement bande sonore - octobre Animation - novembre-janvier Encore un grand MERCI à tous et continuez à partager autour de vous pour faire vivre la naissance de ce beau projet au délà des portes de notre studio ! L'histoire La Colonie de la maison d'Izieu A Izieu, petite commune du département de l'Ain, Sabine et Miron Zlatin investissent, dès mai 1943, une maison pour y accueillir des enfants soustraits au péril. Victimes de la persécution nazie et du régime de Vichy, ces enfants juifs réfugiés, séparés de leurs parents et condamnés à l'exil, trouvent refuge dans ce hameau. Ils étaient d'origine allemande, polonaise, belge ou encore française, de métropole ou d'Algérie. Dans la maison d'Izieu, lieu bucolique "du bout du monde", la vie s'organise au rythme des saisons, des jeux, des bonheurs et des tristesses. Les enfants se racontent, écrivent et dessinent des histoires inspirées de personnages folkloriques, de récits romanesques et autres bandes dessinées qui leur font rêver d'un autre monde. Accompagnés par le jeune cuisinier de la Colonie, Philippe Dehan, qui à 21 ans leur transmet son amour du cinéma, les enfants créent des histoires sous forme de rouleaux dessinés, destinés à être projeté à la lueur d'une bougie selon le principe de la lanterne magique (instrument d'optique qui sert à projeter des images sur un écran ou sur un mur, comme une bobine de film). Les enfants accompagnaient cette projection par la lecture de leurs récits, véritables scénarios dont ils interprétaient les dialogues et créaient les bruitages. Leurs dessins prenaient ainsi vie devant eux, lors de ces veillées où l'on imagine que le temps se suspendait. La lanterne magique Le 6 avril 1944, la lanterne magique s'est éteinte. Après la rafle commanditée par Klaus Barbie qui a conduit les 44 enfants et 7 éducateurs encore présents à la déportation à Auschwitz-Birkenau (dont seule une adulte reviendra), Sabine Zlatin retourne sur les lieux saccagés quelques semaines plus tard. Elle conserve précieusement chaque document retrouvé, lettres mais surtout dessins... Certains seront également récupérés plus tard par Beate et Serge Klarsfeld - les célèbres "chasseurs de nazi" - dans des archives familiales. Parmi ces œuvres se trouvaient trois rouleaux d’histoires dessinées. Le trésor du capitaine Blood ; A la poursuite du bandit ; Ivan Tsarawitch ! Ces fragiles bandes de papier, portent une charge émotionnelle unique de la vie à la Colonie. Ils sont aujourd'hui conservés au département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque Nationale de France (dont vous pouvez voir ici le processus de restauration). 78 ans après la tragédie, le studio d'animation Parmi les lucioles films en collaboration avec la Maison d'Izieu et l'école d'art Emile Cohl, a entrepris de parachever l'intention cinématographique des enfants de la Colonie d'Izieu dans trois courts métrages d'animation fidèles à leurs dessins et respectueux de leur mise en récit. C’est cet instant d’insouciance, témoin de leur complicité juste avant le drame, qu’il s’agit de donner à vivre à nos contemporains. Car ces rouleaux, peu ou pas exposés, ont une dimension de document unique qui aspire à renaître pour ne jamais oublier. Notre projet audiovisuel Le travail de l’image Comment redonner vie à des rouleaux de papier bien trop fragiles pour être utilisés comme autrefois, sous forme de lanterne magique ? Pour l'histoire d'Ivan Tsarawitch, les enfants d’Izieu avaient réalisé 74 dessins colorisés, en format vertical, sur des feuilles de cahier quadrillé, et écrit un récit descriptif et dialogué de 5 pages. La première étape de travail de l’image a été de dissocier chacun de ces dessins et de les repositionner au format audiovisuel horizontal (ou paysage), nous obligeant à compléter les fonds décors sur les bords et remettre en scène les personnages (préalablement découpés) conformément aux dessins originaux. La deuxième étape a été l’enregistrement par une voix témoin du récit et des dialogues pour composer la continuité temporelle du film. Chaque dessin a été positionné sur cette trame, comme une illustration des actions du récit. Ils forment alors les images clés du film. La troisième étape consiste à créer et animer les dessins intermédiaires pour garantir, entre chaque dessin clé, la fluidité des mouvements et la cohérence des actions adaptées au style graphique et aux intentions narratives des enfants. Ce travail méticuleux et respectueux de l’image, implique la création et la colorisation d’environ 3300 dessins pour composer un film animé d’une douzaine de minutes. Subtile combinaison de restauration, d’adaptation et création qui réunit une équipe d'artistes-techniciens (illustrateurs, animateurs, coloristes) dans le studio Parmi Les Lucioles de Valence (Drôme), pour la plupart diplômés de l'école d'art Emile Cohl de Lyon. Parmi eux, Clélia Ducrocq et Louise Vialla accompagnent le projet depuis le commencement. Quelle bande son ? Notre intention de traitement sonore du film a été motivée par deux principes essentiels : - Pour la voix : celui de préserver l’imaginaire enfantin de la création originale par les enfants de la Colonie d'Izieu, en ravivant l'atmosphère d'un spectacle de veillée - Pour les bruitages : celui de restituer les conditions et l’atmosphère de l’époque de création, à savoir réaliser des sons avec les « outils » restreints dont les enfants pouvaient disposer à l'époque (ustensiles de cuisine, chaussures, échelles en bois...), de les synchroniser à l’image et de jouer le récit et les dialogues sans intention de « perfectionnisme ». L’imagination « débrouillarde », la spontanéité et la cohérence étaient les objectifs fixés, en opposition avec la perfection professionnelle habituellement requise dans la production audiovisuelle. C’est pourquoi nous avons écarté toute illustration musicale du film, qui aurait été incohérente avec le contexte de la Colonie en 1943. Les enfants de la Colonie d'Izieu étaient des réfugiés de toute l’Europe. En écho à leurs chemins et histoires personnelles, l'idée de faire réaliser le son, voix et bruitages, par une classe "UPE2A" de jeunes réfugiés allophones du collège Aimé Césaire de Vaulx-en-Velin (classe spécialisée avec un enseignement renforcé du français adapté à leurs besoins) est rapidement apparue comme une évidence. Eux aussi, ont été jetés sur les chemins de l'exil à cause de la guerre ou de leurs différences. Lors d'ateliers de création et d'initiation organisés dans le Collège, ils découvrent à leur tour la magie du cinéma. Accompagnés par leur professeure de lettres-histoire, Géraldine Tamet, leur professeure et documentaliste Vanessa Couard, et dirigés par des professionnels du cinéma, Marie Bureau directrice de plateau et Jean-Baptiste Cornier bruiteur, l'enregistrement des voix et bruitages a été réalisé au sein de la Maison d'Izieu, lieu des veillées d'autrefois. Ils ont également bénéficié d'un accompagnement pédagogique dans leur parcours par les équipes de la Maison d'Izieu. L'implication de ces élèves a non seulement révélé leurs aptitudes exceptionnelles lors de cet improbable exercice, mais elle a également donné du sens à ce travail de restitution historique en interrogeant la place de l'accueil des réfugiés aujourd'hui en France. Le mot de la fin Chaque couleur restituée, chaque geste, voix, bruitage ainsi agencés procurent une fugace immersion dans l'imaginaire et la créativité des veillées de 1943. Cette réhabilitation instaure une proximité entre les travaux des enfants de la Colonie d'Izieu, l'équipe d'animation et la classe des enfants réfugiés du collège Aimé Césaire. Tel un écho répercuté dans l'espace et le temps, ce projet partagé et scellé par la vitalité de l'enfance, interroge sur la rémanence de faits de discriminations, d'exclusions et de persécutions qui contraignent, aujourd'hui encore, des enfants à subir l'exil et la haine irrationnelle. En rallumant la Lanterne Magique laissée par les enfants de la Colonie d'Izieu, ce projet contribue ainsi à la transmission et au partage des valeurs mémorielles et humaines que représentent ces témoignages uniques. L'histoire de Ivan Tsarawitch ! sera largement diffusée, au Mémorial de la Maison d'Izieu, mais aussi à la Bibliothèque Nationale de France (Paris) et au MAHJ, Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme (Paris) pour une exposition prévue en 2023. Nous, les enfants réfugiés d’aujourd’hui, avec les enfants d’Izieu réfugiés d’hier, allons vous parler de l’importance et du prix inestimable de la démocratie, de l’égalité, de la fraternité et de la liberté. Qui sommes-nous ? Parmi les lucioles films Inspirer la création pour nourrir la curiosité. Cocottesminute et Parmi les lucioles accompagnent les talents et produisent en complémentarité des films d’animation, de fiction et documentaire, avec la même exigence dès l'écriture et en développant dans chacun des projets la force d’une histoire. Cocottesminute productions est spécialisé depuis 20 ans dans les documentaires de société internationale et française, historiques, scientifiques, animaliers ou encore culturels. Une ligne éditoriale plurielle, pour tous les publics, qui reflète avant tout nos aspirations et la curiosité des producteurs, auteurs et réalisateurs. Parmi les lucioles films est spécialisé dans les films de fiction et d’animation avec des histoires de qualité, parfois inspirées de faits réels, parfois totalement imaginaires, mais toujours pour interroger notre relation au monde. Parmi les lucioles films dispose de son propre studio d’animation à Valence. La Maison d’Izieu Lieu unique en France et en Europe, la Maison d’Izieu est un lieu de mémoire et d’éducation qui fait vivre le souvenir des 44 enfants et de leurs 7 éducateurs raflés le 6 avril 1944. Elle est aujourd’hui un lieu de mémoire, d’éducation et de vie pour comprendre le crime contre l’humanité et agir contre toute forme de discrimination. Le lieu de mémoire, la maison, son exposition permanente et ses expositions temporaires permettent de rendre accessible à tous une histoire contemporaine complexe : la Shoah durant la Seconde Guerre mondiale ; la naissance d'une justice pénale internationale et son fonctionnement jusqu'à nos jours, la construction d'une mémoire des crimes contre l'humanité. La Maison d’Izieu accompagne les visiteurs dans leur découverte du lieu et propose des parcours pédagogiques dédiés aux groupes scolaires. Elle s'investit également dans la formation pour adultes et fait vivre le lieu avec de multiples rencontres culturelles et artistiques, débats citoyens, colloques ou concerts. École d'Art Emile Cohl L’École Émile Cohl a été créée à Lyon, en 1984, dans un contexte de rejet de la représentation du monde par le dessin qui s’opérait alors dans les écoles d’arts plastiques. L’école avait choisi de remettre cet enseignement au premier plan : dessin académique et enseignement des nouveaux médias (BD, illustration, dessin animé, jeu vidéo), que ses professeurs pratiquaient eux-mêmes, avec talent. Ce parti-pris en faveur d’une culture du dessin continue de s’appliquer. L’école propose aux étudiants et à leur famille de souscrire aux grandes orientations pédagogiques et humanistes rassemblées dans la charte de ses valeurs.