LIAISON FATALE (1987) « Si vous approchez encore de ma famille, je vous tue ! Est-ce que c’est clair ? » (Beth Gallagher à Alex Forrest) Entre les lignes Quelque part près de Marseille, courant 86, dans une maison en Provence qu’il occupe ponctuellement à l’année, Adrian reçoit au courrier une toute nouvelle histoire. Un script envoyé par Diane Carnes ; une agente qui officie pour ICM. Il découvre cette histoire avec une certaine frénésie ; comme les deux producteurs de la Paramount à l’origine de cette découverte avant lui. Il faut dire que ce manuscrit (déjà intitulé Liaison Fatale) est un véritable "page-turner" ! Au sortir de cette lecture, qui ne connaitra pas de pause donc (1h30 d’une seule traite), le premier réflexe du cinéaste est de dire à Samantha (son épouse) qu’il pourrait bien tenir avec ce script un immense succès « à condition de ne pas foirer le film ». Lyne veut absolument tenter de le faire ! Plus d’une vingtaine de réalisateurs l’on refusé pourtant ce scénario. Car, voyez-vous, il est « impossible que le héros trompe sa femme » dans le Hollywood des années 80. La suite donnera raison au réalisateur de choisir d’accepter pour sa part, les termes et conditions en vue de cette réalisation (au sens premier « d’accomplissement »). Une fois n’est pas coutume Mais le réalisateur n’est pas spécialement souhaité par le producteur principal à l’origine du projet. Il devra l’amadouer puis le convaincre. A cette époque 9 Semaines et 1/2 poursuit son petit bonhomme de chemin, c’est l’une des K7 les plus louées l’année de sa sortie au Vidéo club et le film devient progressivement l’objet d’un culte. Les inconditionnels pourront même encore le voir en salles quelques temps (on l’a vu). Stanley R. Joffre ne l’aime pas particulièrement ce film. Ni même Flashdance, le précédent … Aussi dès le premier entretien qu’il a avec le metteur en scène R. Joffre le prévient d’une manière on ne peut plus directe : « Il est probable mon cher que ce soit l’entretien le plus court que vous n’ayez jamais » ; Adrian s’en étonne mais engage le producteur à poursuivre son propos ; ce qu’il fait : « Je ne veux pas déclencher d’incendie ici, donc pas de fumée (il vient de revisionner les films de Lyne quelques jours plus tôt) et (dans ce projet) il ne s’agit de publicité pour des chaussures… » Lyne rigole et acquiesce… et ce qui n’était pas gagné au départ le sera finalement. Grâce à une implication sans bornes. Pour le meilleur, donc pour le pire ! Le Synopsis (que l’on peut trouver ici ou là, copié-collé du dossier de presse) résume de cette façon l’intrigue : L'aventure d'un soir de Dan Gallagher (Michael Douglas), un avocat new-yorkais marié et père de famille, avec Alex Forrest (Glenn Close), une éditrice célibataire à la personnalité obsessive, va se transformer en un véritable cauchemar pour lui et sa famille… L’histoire de l’histoire L’intrigue puise ses origines dans un court métrage découvert par R. Joffre lors de son dernier passage à Londres. Intégré à une série d’histoires courtes réalisées par James Dearden l’épisode « Diversion » (tourné pour la BBC en 1980) retient son attention. Dans ce film court, une scène intense lui parle. Elle inclut une femme éconduite un peu plus tôt (trop sèchement à son goût) par son amant adultérin. Particulièrement en colère, elle décide, de rage, d’appeler la femme légitime de ce dernier au sein du cercle familial. La femme trompée ignore évidement tout de cette liaison. Et la sonnerie stridente et menaçante de ce coup de fil de retentir… le producteur-spectateur, séduit, veut développer l’intrigue. Il ne faudra que trois jours à l’auteur, aidé d’une séance de brainstorming intense avec Sherry Lansing (associée de Joffre et coproductrice du film), pour décider des développements possibles du court en un long métrage. « Et si Alex tombait enceinte ? » lance-t-elle soudainement ... à partir de cette remarque, tout s’enchaine ! Les développements sont ensuite retravaillés par Nicholas Meyer (non crédité au générique) puis le projet final est communiqué (à Adrian Lyne, entre autres) ; faisant l’unanimité de tous les participants au projet. Le casting Michael Douglas y voit l’occasion rêvée d’incarner un « monsieur tout le monde » polémique auquel bon nombre de spectateurs pourront s’identifier. Glenn Close y voit une opportunité de sortir de son image d’actrice lisse (et se documente beaucoup pour rendre au maximum crédible le personnage de cette psychopathe qu’elle veut à tout prix incarner). Lyne, quant à lui, s’amuse et s’étonne qu’on puisse tromper Anne Archer…
Le Cinéma d'Adrian Lyne
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Un tournage difficile En bon marieur de talents Lyne décèle rapidement les contrastes et le feeling qui peuvent se dégager à l’écran du couple Rourke/Basinger. La sensualité et la fraicheur de Basinger (et son côté « prête à tout »). Le charme et l’insolence de Rourke en quête d’une escalade supplémentaire. Insufflant un climat particulier entre les comédiens qui en dehors du plateau (et ensuite) ne cesseront de se détester. « J’avais l’impression de filmer plus la vérité que du jeu » rapportera Lyne plus tard. Pour obtenir cette vérité, le réalisateur usera de tous les ressorts possibles ; aidé d’un Mickey Rourke complice à 1000%. Rourke ne parle pas ou alors très mal à l’actrice entre les scènes. Lyne fait de même. L’idée étant de déstabiliser Basinger, la rendre « à fleur de peau » comme l’est son personnage. L’acteur regrettera ce stratagème. Il se justifie l’avoir accepté aujourd’hui en évoquant les techniques de actor’s studio dont il était un fervent adepte à l’époque, poursuivant (par ailleurs) un objectif personnel qu’il s’était fixé avec ce film : faire mieux (aller plus loin) que Brando dans le dernier tango à Paris. L’astuce (certes regrettable) fonctionne et le couple dans sa version fictive marquera la décennie (bientôt l’histoire du cinéma.). Un film de culte A l’écran ces âmes en perdition sont crédibles de bout en bout. Et toutes les scènes dans leurs contrastes feront du film qu’il reste. Tantôt glamour et complice (si l’on n’en conserve que les parties romantiques) tantôt ferrés dans les limbes de l’érotisme SM, ce couple fictif devient mythique. Mis en valeur par un Adrian Lyne en pleine maitrise de son art et qui mélange filtres et fumées plus que de coutume ici. Offrant à ses couleurs des tonalités inédites pour des ambiances feutrées. Le fim est également soutenu par une bande originale d’exception. Resté dans l’inconscient collectif pour le striptease qu’il contient, délivré sur une version accélérée de « You can leave your hat on » par une Kim Basinger débordante de sensualité. La bande originale comprend aussi un thème sublime écrit spécifiquement pour le long métrage par un Jack Nitzsche inspiré. Un thème auquel s’ajoutent plusieurs standards de l’époque et qui forment aujourd’hui une compilation étendard des années 80 parmi les plus singulières. Tous les titres y sont marquants ! Y figurent ainsi pèle-mêle : Slave to love (Bryan Ferry), I do What I do (John Taylor), Eurasian Eyes (Corey Hart), This City Never Sleeps (Eurythmics), Bread And Butter (Devo), The Best is Yet To come (Luba) … et la fameuse d’un Joe Cocker en plein revival et qui reprend le titre évoqué plus haut composé et chanté à l’origine par Randy Newman. L’ensemble est détonnant ! Des scènes pareilles à des tableaux parcourus par des mouvements de caméra pareils à des pinceaux. Sur une bande originale d’exception. Favorisant la promotion du métrage et son succès (sur le long terme). Un peu comme l’avait fait pour Flashdance précédemment un « What a feeling » oscarisé bientôt relayé par le video clip de « Maniac » (et qui reprend les moments forts du film). Le clip de Joe Cocker passe en boucle sur les rares chaines de l’époque (à forte audience par conséquent). La bande annonce est vendeuse mais trompeuse ceci-dit ! Elle sert un propos beaucoup moins sombre et nuancé que sur le papier : la relation sulfureuse et toxique (sans issue positive) évoquée dans le livre (ou le film) est désormais vendue comme une comédie romantique estivale… au point que le contenu du trailer est d’ailleurs monté à rebours de l’intrigue ! Sans en ôter le suspens disons que la bande annonce telle qu’elle est montée vend la fin du film comme son début…tout en masquant son véritable objet. Les Américains (plus puritains dans l’ensemble) ne s’y tromperont pas. Et Lyne doit le succès du film essentiellement à son public européen. Ce dernier, bien qu’attiré par l’emballage glamour du métrage, n’est pas pour autant rebuté par la découverte de son contenu plus mature. Et le culte de commencer avec une programmation longue durée dans quelques salles en Italie comme en France ; le studio Galande à Paris notamment maintiendra 9 semaines et ½ à l’affiche plus d’une année. Aux Etats-Unis le film est vivement critiqué et fait un flop (moins de 7M contre 17 M de budget). Il connaitra cependant une seconde carrière réussie en vidéo-club. La VHS engendrant plus de 100 millions de dollars de recettes. Secrets autour du film Une version inédite de 5 heures ! Le moins que l’on puisse dire de ce succès au long cours toutefois, c’est qu’il s’agit d’un miracle ! Le métrage original s’est en effet vu amputé d’environ 3 heures ! Trahissant un propos beaucoup plus épais et une expérience (inspirée d’une histoire réellement vécue et retranscrite par son auteure d’origine) bien plus traumatisante qu’elle ne l’est à l’écran (c’est tout dire !). Elisabeth s’y enfonce davantage dans une relation sado-maso et délétère. Et John perd pied. Acceptant de suivre les désirs et incongruités de son amant, elle va de plus en plus loin, jusqu’à l’épuisement, l’écœurement et bientôt...
("Le Cinéma d'Adrian Lyne", EXTRAIT n°2 ) Tout était calculé, étudié et le résultat d’un point de vue filmique est plutôt bon. Pourtant, comme les pages qui précèdent l’expliquent, FOXES (1980) se plante ! Un échec au premier rang duquel se trouve son réalisateur. S’il veut réendosser le costume de cinéaste, il n’a plus le droit à l’erreur… FLASHDANCE (1983) «You walk up there and the music start and you feel it.Your body just move.There is something inside of you than just click and your gone, it’s like somebody else thruth out» « Tu vas là-haut, la musique commence et tu la ressens. Ton corps bouge. Il y a comme quelque chose à l’intérieur qui se déclenche et te voilà parti(e), comme si quelqu’un d’autre venait à sortir de toi… » (Alexandra Owens à Nick Hurley) Le 1er trailer de Flashdance nous met directement sur la voie, prenant même la peine de distinguer d’entrée de jeu, deux Axel à l’écran pour le prix d’une (et pas seulement pour son for intérieur) ! Le personnage principal de ce « Rocky au féminin » est vraiment double. Et les spectateurs les plus avisés pourront même distinguer deux personnes véritables et employées pour interpréter l’héroïne dès le stade de la bande-annonce… Une supercherie qui sera en réalité sciemment dissimulée par les producteurs. Engendrant une polémique, dès la sortie du film, qui paradoxalement en alimentera son succès ; les spectateurs retournant en salles pour mieux y voir le « trucage » ! Nous reviendrons un peu plus loin sur cet aspect non négligeable du succès de Flashdance avec une généreuse interview exclusive donnée pour cet ouvrage par Marine JAHAN (doublure pour les scènes de danse de Jennifer Beals.). Pour l’heure, revenons à la genèse du fim et à son réalisateur. Rouage important s’il en est d’une machine à succès comme Hollywood les rêve ! « La victoire est un champ de ruines où seuls les champions survivent. Les autres disparaissent dans le silence, la honte et le renoncement. Leurs espoirs s’éteignent dès lors progressivement et souvent pour toujours. » Pour introduire son prochain choix de film, certes crucial, disons plus simplement que l’échec peut être (aussi) le meilleur des diplômes et que la réussite qui peut découler de ses erreurs n’est pas toujours miraculeuse ! Les flash-danseuses de Vancouver La bonne idée finit par arriver. Due à un certain Tom Hedley. Tom Hedley est un ancien journaliste, ayant officié à L’Esquire. Il a travaillé pour ce magazine avec une dénommée Lynda Obst ; devenue chargée de production chez Casablanca records. Cette dernière est en quête d’idées pour monter un film. Hedley l’apprend, l’appelle et lui raconte l’histoire des filles de Vancouver. Sans aucune expérience du récit cinématographique il s’improvise ainsi scénariste en s’inspirant d’une de ses expériences personnelles vécue dans un bar particulier et qu’il fréquente assidûment. Lynda Obst (nous sommes fin 70) y voit immédiatement la possibilité de monter un Rocky au féminin. Elle achète donc le script (pour 300 000 dollars et 5 % du résultat net) et le propose à Dawn Steel. Dawn Steel est chargée de production au sein de la Paramount te propose Flashdance à Lynn. Ce dernier n’est pas vraiment en position de refuser quoique ce soit mais juge le scenario trop mièvre et il commence par conséquent par en décliner la réalisation. Le moins connu du groupe « ad men » - fraichement débarqué pour mettre sous spots l’Amérique – voit ses collègues frapper fort : Ridley Scott a déjà à son actif Alien et Blade Runner en 1982, Tony Scott sort Les prédateurs, Alain Parker a réalisé Fame et Pink Floyd the Wall et Hugh Hudson (Les chariots de feu) s’apprête à poursuivre avec Greystoke La Légende de Tarzan). Lyne, lui aussi, cherche donc un sujet fort. Or Flashdance, à l’instar d’un Dirty Dancing (avant que l’idée de départ ne soit remaniée) n’a pour base au départ -comme l’indique le réalisateur interviewé par le Monde en août 2022- qu’un fait rapporté et somme tout anecdotique : « quelque part dans une région reculée du sud des Etats-Unis deux étudiantes pour payer leurs études de danse classique se livrent au striptease ». Il s’agit d’une forme d’effeuillage singulier cependant, avec des chorégraphies admirables en tous points. Les bonus du DVD, font ainsi l’état « d’un club où l’on revient non pas pour des stripteaseuses mais pour les dénommées « flash-danseuses ». Leurs points en commun ? Elles veulent toutes devenir danseuses professionnelles et s’appliquent à personnaliser artistiquement leurs shows. Maquillages, costumes sur mesure, chorégraphies élaborées ; le tout sur des choix musicaux qu’elles effectuent également. Une histoire un peu « légère » pour mettre sur pied un long métrage de plusieurs centaines de milliers de dollars pour le réalisateur !
Foxes (1980) Le premier film d’ADRIAN LYNE Nous sommes en 1979 lorsqu’une une toute jeune société, bientôt riche en centaines de millions, propose à Adrian Lyne de réaliser son premier long-métrage. Déjà âgé de 38 ans, le réalisateur s’est illustré avec brio dans de nombreux spots publicitaires (pour la bière Miitzig, les jeans Brutus…entre autres) et son commanditaire, qui en aura eu vent, recherche ce type de savoir-faire. Fruit du rapprochement entre Casablanca records (fondée en 1973) et Filmsworks (crée en 1978)- la genèse de Foxes a tout du film culte ! Premier film pour le cinéaste en devenir il offre aussi son premier rôle-titre à l’actrice (et future réalisatrice) Jodie Foster (Taxi Driver, Le Silence des agneaux) et sa première apparition au cinéma à Laura Dern (Sailor et Lula, Jurassic Park). La chanteuse des Runaways (Chérie Currie) y fait aussi ses premiers pas à l’écran. L’idée de cette alliance de producteurs est de promouvoir, dans la lignée du hit mondial « La Fièvre du samedi soir » (1977), et sur le même plan, sorti de films et bandes-originales. Un single, si possible à succès, devant accompagner le tout ! Une histoire du disco... Nous sommes à l’été 1975. Avec le langoureux « Love to love you baby » Donna Summer devient « la première dame de l’amour » avant d’être bientôt requalifiée de « sexe chantant » ; tout un programme ! Giorgio Moroder, artiste sous contrat... (Extrait de "Le Cinéma d"Adrian Lyne ")...en précommande jusqu au 29/12.
Chers contributeurs et trices (^^) et futur(e)s soutiens, bonjour ! Grace à votre précommande , ce travail d'environ deux ans et que j'ai consacré (sur mon temps libre) à l'un de mes cinéastes favoris (ignoré voire moqué par "ceux qui sachent") peut prendre la forme d'un livre ! Cependant, les fêtes approchent et la version papier (finalisée avec une jolie couverture, quelques photos et une chouette postface du goof) ne sera pas disponible avant AVRIL. Aussi, quelque soit l'issue de cette campagne, sachez que dans les 24 heures qui suivent votre achat vous allez pouvoir recevoir le pdf du livre qui sera acquis, quoiqu'il arrive ! (accompagné d'un courrier personnalisé pour son destinataire s'il s'agit d'un cadeau !). [email protected]
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