Le 4 mai 2020, une sculpture monumentale a été vandalisée (lire ici et ici). Installée dans l’espace public depuis 2018 dans le cadre de la manifestation Un Été Au Havre, elle est l’œuvre de Fabien Mérelle et s’intitule Jusqu’au Bout du Monde.

Les fonds collectés via le financement participatif vont permettre de la reconstruire à l’identique et de lui redonner sa place dans la ville, et dans la vie de la cité.

Un Été Au Havre : chaque été, un rendez-vous ambitieux avec l'art contemporain

L’aventure d’Un Été au Havre a commencé en 2017 pour célébrer les 500 ans de la fondation de la ville et du port. Jean Blaise, directeur artistique, a saisi cette occasion unique pour imaginer un anniversaire grandiose sur plusieurs mois, fêté par plus de deux millions de visiteurs.

Largement plébiscitée par les habitants du territoire et les visiteurs, soutenue par les pouvoirs publics et les acteurs économiques, Un Été Au Havre est devenue une manifestation récurrente. Ainsi, au Havre, la saison estivale est le moment d'un rendez-vous ambitieux avec l'art, le patrimoine et la culture, revitalisé chaque année par de nouvelles œuvres d'art contemporain qu'Un Été Au Havre livre à l'espace public.

Au fil des éditions, une collection permanente se constitue, qui s'enrichit chaque été, transformant peu à peu la ville en musée d'art contemporain à ciel ouvert, accessible à tous.

Grâce à l’intervention dans l’espace public d’artistes de renommée internationale, le regard que certains portaient sur la ville a changé. Le Havre attire et séduit un large public, qui vient profiter d’Un Été au Havre et s'émerveille aussi du caractère balnéaire, festif, culturel, sportif, de cette destination souvent méconnue.

Lang/Baumann, Karel Martens, Vincent Ganivet, Fabien Mérelle, Stéphane Thidet, Rhys Chatham, la Compagnie Carabosse, Royal de Luxe, Julien Berthier, Chiharu Shiota, Jace, Charlotte Roux, Henrique Oliveira, Erwin Wurm, Susan Philipsz... Chaque artiste apporte sa vision pour révéler la singularité et le caractère unique de la ville.

Jusqu'au Bout Du Monde, oeuvre phare de l'édition 2018 d'Un Été Au Havre

En 2018, Jean Blaise a invité Fabien Mérelle (en savoir plus) à intégrer la programmation. Deux œuvres de l’artiste ont alors été installées dans l’espace public : A L’origine, et Jusqu’au Bout du Monde. La première de façon éphémère, la seconde, Jusqu’au Bout Du Monde, créée pour Un Été Au Havre, a intégré la collection permanente.

Jusqu’au Bout Du Monde est une sculpture monumentale de 6,24 mètres de hauteur.

Le 4 mai 2020, la sculpture Jusqu'au Bout Du Monde a été vandalisée. Sévèrement endommagée, elle a dû être déposée. Le financement participatif va nous permettre de la faire renaître, en la reconstruisant. A l’identique et au même endroit, sur la « plage du bout du monde » de la commune de Sainte-Adresse. Ce site ouvert sur la mer est l'aboutissement d'une longue promenade littorale qui démarre sur la commune du Havre, à 7 km de là, au niveau du cœur historique du Havre et de l'interface ville-port.

Reconstruire à l'identique une sculpture de 6,24 mètres de hauteur, pour la réinstaller dans l'espace public en 2021

La collecte va nous permettre de faire renaître la sculpture Jusqu’au Bout Du Monde, en la reconstruisant à l’identique et au même endroit, avec la possibilité de recourir à un matériau différent.

La sculpture Jusqu’au Bout du Monde mesure 6,24 mètres de hauteur. Cette mesure fait référence à la "trame" imposée par Auguste Perret pour la dimension de côté des bâtiments de la Reconstruction, suite au bombardement de la ville lors de la Seconde Guerre mondiale (en savoir plus ici).

Jusqu’au Bout du Monde évoque la filiation. Elle représente un père qui soutient sa fille et lui montre à son tour l’avenir, et les possibilités qui s’offrent à elle. Ensemble, ils regardent au-delà, vers New York, là où tant d’Européens au départ du Havre ont débarqué après-guerre pour vivre l’american dream. Connu pour ses dessins, Fabien Mérelle représente par énigme des situations humaines, qu’il illustre de façon très détaillée.

Jusqu’au Bout du Monde s'intègre naturellement à l'identité portuaire du Havre, terre de transit. Cette sculpture revêt ici une dimension universelle.

Selon les mots de l’artiste : « Dire le lien, dire le danger, parler de la force des éléments, de la profondeur d’un legs, de l’amour d’un père ».

La note d'intention de l'artiste

"En me rendant pour la première fois au Bout du Monde, j’ai été frappé par la force de ce lieu.

Cette falaise abrupte, cette écume, ces galets que la mer projette.

Au milieu de ce tourment il m’est apparu évident qu’il fallait de l’humain. A l’image de ceux que je voyais nombreux, en plein hiver, venir contempler ce même paysage.

L’humanité dans son dénuement, dans sa fragilité.

Je voulais un homme préservant ce qu’il a de plus cher de ce chaos environnant.

Je voulais un Totem, un point d’exclamation, érigé là, disant la chaleur de nos sentiments, la profondeur d’un lègue, l’amour d’un père.

Petit fils d’immigré, je voulais dire aussi, à ma fille que le monde est vaste et que mon rôle est de lui faire prendre de la hauteur, de l’amener à porter son regard au delà des limites imposées.

Et puis, nous l’avons fait, nous avons dressé cette sculpture au Bout du Monde.

Elle a affronté des tempêtes, elle a aussi été et je vous en remercie l’objet des attentions les plus douces. Toutes ces images que j’ai reçu de pères portant sur leurs épaules leurs enfants à côté de la sculpture ce fut autant de cadeaux que je n’aurais même pas espéré.

Pourtant, le 4 mai dernier, la sculpture fut incendiée.

Nous ne comprendrons sans doute jamais ce qui a motivé cet acte.

Reste que nous avons une responsabilité, celle de laisser faire ou de réagir.

Des œuvres ou des livres que l’on brûle ça n’est pas inédit. Mais à chaque fois, ce fut lors de périodes troubles ou un corps se désagrégeait, le corps social.

Nous devons montrer à ceux qui détruisent, que notre capacité à bâtir est sans limite.

Expliquer aussi qu’une oeuvre dans l’espace public est le bien de tous, au même titre qu’une école ou que l’asphalte sur laquelle nous posons nos pieds.

Je vous demande aujourd’hui votre aide pour reconstruire à l’identique la sculpture du Bout du Monde."

Fabien Mérelle, le 11 mai 2020

Jusqu'au Bout du Monde, une oeuvre à reconstruire

Supported by