INVENDABLE N°1 - LET'S GET LOST : dans la verticale du vide américaine
UN PEU D'HISTOIRE Ceux qui nous ont connus et soutenus avant tous les autres penseront bien haut que ce numéro 1 est un numéro 2 puisqu’il vient après le cultissime "Berlin en berline", publié au printemps dernier. Nous remercions leur purisme mais remarquons que c’est oublier tous les numéros 0 qui ne sont pas sortis. L’aventure d’Invendable aurait pu commencer à Belfast, à la mort de Sa Majesté la reine Elizabeth II, lorsque deux reporters de notre équipe erraient dans la capitale nord-irlandaise. De chaque côté du mur qui scinde la ville, ils avaient rapporté la matière d’un formidable reportage sur les fractures monarcho-républicaines. Un jeune catho trinquait pour la première fois au pub protestant The Crown, des gars pas possibles racontaient comment ils avaient flingué leurs voisins, les portraits de la Queen disparaissaient puis revenaient aux virages des rues rivales. Faute de préposés aux e-mails dans les rédactions, ce reportage n’a jamais vu le jour. Puis, d'autres bonnes histoires l'ont rejoint sur l'étagères des chefs d'oeuvre jamais écrits et jamais lus. Avec Invendable, nous donnons leur chance aux aventures enfouies dans nos carnets et nos disques externes, de longs récits non publiés ou tronqués par manque de place et de folie. Nos publications dans les magazines ne nous suffisent pas, parce qu'elles échouent à traduire en profondeur l'expérience sensible du monde. On ne blâme personne, si ce n’est la doctrine qui voudrait que les lecteurs n’aiment pas lire, le manque d'espace dans les journaux, le manque de considération pour le récit, jungle de la nuance, et le manque d’enthousiasme en général. C’est, de notre humble point de vue, l’indigence de notre illustre corporation :l’enthousiasme. On entend qu’il s’étiole avec le temps et le métier, la logique de rentabilité, le quotidien, les enfants. Ça nous fait froid dans le dos. Si les rédactions s’emmerdent, qu’elles nous recrutent. En attendant, nous traçons notre petit chemin buissonnier, celui d'un grand magazine papier en un seul et tumultueux récit avec beaucoup de photos, qui s’achète vraiment pas cher et se vend sous le manteau. Nous voulons faire vivre un journalisme différent, parler gaiement de choses sérieuses, soigneusement de choses futiles, montrer la vie qui palpite et partager des histoires qui s'adressent à tous, abonnés de la presse ou non, parce que nous pensons que les reportages sont des fenêtres entre les mondes et que dans ce monde il y a une facheuse tendance à construire plus de murs que de fenêtres, etc. Bref, nous avons un programme de trimestriel pour un an. NOTRE PROGRAMME Pour sa première année fiscale, Invendable vous fera voyager de l’Amérique profonde jusqu’à la Russie profonde en passant par la Tunisie et la France, profondes toujours ; nous ruisselons de profondeur. Vous croiserez des miliciens Wagner dans un train de l'Extrême-Orient russe ; des pêcheurs de Gabès bouffés par le phosphate ; des Bretons galbés pas macronistes pour un sou ; des trumpistes plein de bons goûts et de beaux sentiments. La formule est simple. Vous transportez nos aventures dans la poche, l’air de rien, comme si ce n’était pas un travail remarquable mais un vulgaire bout de chiffon. Vous feuilletez Invendable et vous nous emboitez le pas, de soirées transes en messes exaltées, d'affrontements racistes à Sfax en shots de vodka en Crimée. Vous vous baladez et vous écoutez parler tout le monde, nous compris parce que, merde, on a de bonnes histoires. Et puis, vous en parlez autour de vous, vous passez le magazine de main en main, vous dites que c’est vraiment génial ou bien vous le mettez au feu parce que ça brûle bien. Vous êtes aussi très chaudement invités à faire partie de la fête. Invendable n'est pas qu'un magazine, c'est un art de vivre de belles soirées arrosées dans des bars investis à l'occasion de chaque publication, à grands coups d'expositions photos, de concerts endiablés, de pas de danse venus du bout du monde. Suivez-nous sur Instagram puisqu'on y dit tout ce qu'il faut savoir. N°1 - LET'S GET LOST Dans son premier numéro, Invendable vous plonge dans la verticale du vide américaine, un voyage de deux mois dans le coffre d'une Honda familiale à travers le Texas, l'Oklahoma, le Kansas, le Colorado, le Wyoming, le Nebraska, le Dakota du Sud, le Dakota du Nord et pour finir l'Iowa, le Wisconsin et l'Illinois parce qu'il fallait bien trouver un aéroport pour le retour et que Chicago valait le détour. Au menu : l'ouverture de la chasse dans la "capitale mondiale des cowboys" ; l'odyssée des migrants latinos à cheval sur le mur de Trump ; un repaire arty dans le désert de Marfa ; les fous de Dieu suprémacistes d'Elohim City ; le trou à vaches du Kansas ; les cimes enneigées du Colorado ; la nostalgie des cowboys sur la route de la ruée vers l'or ; une chevauchée de Sioux dans la réserve la plus pauvre des États-Unis ; la folie pétrolière à la frontière du Canada ; et bien sûr la route, la route, la route, la fête, les prises de tête, les billards et les armes partout, partout, partout, à quelques mois de l'élection présidentielle américaine. Une dame nous avait bien prévenu dans le Colorado : “Entre Denver et Chicago, il n’y a que Denver et Chicago.” Ça nous faisait rigoler à l’époque. Excellent, on pensait, encore du vide sur 1 600 kilomètres. Depuis le sud du Texas, on s’exclamait “Let’s get lost !”, accrochés au volant, pendant que Chet Baker faisait tinter sa trompette comme personne. “Lost in each other arms…” On n’imaginait pas à quel point on réussirait, doués que nous sommes pour ce genre de coups d’éclats foireux. On comptait toucher le cœur de l’Amérique du Texas au Dakota, longer ce qu’on avait pompeusement baptisé “la verticale du vide américaine” pour aller voir, parcourir le centre des États-Unis du sud au nord à quelques mois de l’élection présidentielle pendant que tous les journalistes de l’internationale mégapolistique prendraient une grande inspiration sur les plateaux avant de se tirer les cheveux et de s’écrier “mais comment c’est possible que des gens soient capables de voter Trump ?”. Nous avions préparé consciencieusement une feuille de route, balisé le terrain, pris des semblants de contacts. Mais savoir si nous réussirions bel et bien le pari de nous perdre absolument au fond du fond de l’Amérique, ce genre de perte abyssale qui revient à remettre en question notre présence sur ce maudit caillou planétaire, ça restait un mystère.
LE PRIX DES CHOSES Pour que l’Invendable se vende, nous avons besoin de vous. Ce n’est pas pour se faire des pépettes, que ça soit bien clair : tout ça ne rapporte rien à personne, vous ne pouvez même pas vous imaginer. 2 mois de voyage, 150 pages, 1 texte digne des plus grands récits d’aventures, des photos comme c’est pas permis, 3 reporters, 2 graphistes, 1 imprimerie parisienne… Pour 5 euros. C’est pas donné, c’est régalé. Sans compter ce qui n’a pas de prix : votre nom en lettres d’or pièce jaune dans le grand livre de l’Histoire. Parce que vous assistez à la naissance du plus grand magazine de votre temps. Jusqu’à notre soirée XXL du 6 avril prochain au Dorothy (XXe arrondissement de Paris) nous ouvrons les préventes du magazine pour financer l’impression du premier numéro. 5 euros pour les fauchés, les chômeurs, les intermittents, les radins, les grippe-sous, les mesquins. Prix libre pour les autres. On nous souffle qu'un prix correct tournerait autour de 8 ou 9 euros, à bon entendeur. L’impression d’un exemplaire nous coûte 3 euros. On en tire 700 comme des déglingos en espérant qu’ils s’écoulent comme des petits pains. Ça nous fait une dépense de 2 100 euros sans compter différents frais qui s’ajoutent et six salaires inexistants. Enfin, nous vous laissons le fin mot. Faites vos jeux ! NOUS SOMMES IMPAYABLES Tout le monde nous conseille d'imprimer en Pologne, au Sri Lanka, à Wallis et Futuna, d'augmenter le prix à cause de la crise du papier et d'on ne sait pas trop quoi. On persiste et signe à collaborer avec la petite imprimerie d'Hervé qu'on aime bien et à maintenir le prix du numéro 0. C’est un geste politique, un coup de com, un suicide commercial, tout ce que vous voudrez mais c’est surtout qu’on a une éthique et qu'on se casse le crâne nous-mêmes sur des kebabs à 7/8/9 euros. Un kebab c’est 5 euros. Il n’y a pas de débat à avoir sur “chou rouge pas chou rouge”. Sans parler du prix des pintes, des cafés, des journaux, du Comté. Arrêtons de nous assassiner les uns les autres ! Ceci étant dit, 5 euros c’est vraiment rien, faut pas abuser. Pour rétribuer notre travail au juste prix, il faudrait estimer, par exemple, le nombre d'heures passées dessus. C'est impossible. Il y a la réflexion, la préparation, le voyage, la retranscription, la mise en forme, les rendez-vous, les idées qui surgissent ou qu'on poursuit à toutes heures du jour ou de la nuit... Enfin bref, nous sommes des artistes. On a signé pour la vie de bohème, on ne fait plus de calculs. Alors voilà, participez comme vous pouvez, partagez, suivez-nous et réservez votre soirée du 6 avril 2024 au Dorothy (XXe arrondissement de Paris). On vous prépare un show à l’américaine.