ELLE UKRAINE: Appel à la solidarité

L'équipe de ELLE Ukraine prépare actuellement un numéro spécial bilingue ukrainien-anglais consacré à l'actualité en Ukraine, qui comprendra également des numéros numériques créés par la rédaction de "ELLE Ukraine" depuis le début de l'invasion russe. Il s'appellera "Ukraine 2022" et sera consacré à ce que l'année 2022 est devenue pour l'Ukraine. Cette réédition spéciale en deux langues sera enrichie d'une série de nouvelles interviews emblématiques et des documents consacrés à la nouvelle réalité ukrainienne. Depuis le début de l'invasion militaire russe en Ukraine, la publication des versions imprimées du magazine ELLE Ukraine est devenue impossible en raison des opérations militaires. Cependant, la rédaction a poursuivi son travail malgré les circonstances et a décidé de réaliser des numéros au format numérique. Le travail sur la publication dans un nouveau format a commencé dès les premiers jours de la guerre, et en seulement trois semaines, le premier numéro numérique était déjà disponible en téléchargement gratuit sur le site elle.ua. Il s'appelait HOPE et, contrairement aux précédents, était consacré à des sujets inhabituels pour la publication. Tout comme le deuxième numéro, qui est sorti un peu plus tard. Les deux numéros sont devenus une sorte de journal militaire, qui enregistre la modernité ukrainienne. Nous avons reçu de nombreuses questions de la part des lecteurs : le monde verra-t-il des versions imprimées des magazines? C'est pourquoi il a été décidé que ces numéros devaient également paraître en version imprimée. En outre, l'équipe de ELLE Ukraine a des projets ambitieux pour renouveler l'édition imprimée de ELLE en 2023. Nous annonçons une préparation dans le format habituel avec les sections traditionnelles de 4 numéros de ELLE - printemps, été, automne et hiver. Comme auparavant, nous voulons continuer à inspirer nos lecteurs et le faire avec nos partenaires de longue date. Nous vous invitons à rejoindre la campagne de solidarité qui nous aidera à maintenir notre activité en finançant ce numéro spécial UKRAINE 2022 et d'autres parutions à venir. ELLE Ukraine a été lancé sur le marché en 2001. L'équipe est composée de 41 personnes. Depuis le début de l'invasion, la quasi-totalité de l'équipe a quitté Kyiv pour des raisons de sécurité et travaillé à distance. Iryna Koval, rédactrice littéraire de ELLE Ukraine, a escorté son petit-fils et sa belle-fille jusqu'à la frontière avec la Pologne, en surmontant la file d'attente de 22 km de long en trois jours. De retour immédiatement à Lviv (la ville située à l'ouest de l'Ukraine), elle a rejoint un travail bénévole où elle a cuisiné, lavé les sols de la Maison du guerrier et tissé des filets de camouflage pour l'armée ukrainienne. "Comme tout le pays, nous aidons constamment l'armée - nous donnons de l'argent (pour des véhicules tout-terrain, des imageurs thermiques, des drones, des générateurs électriques, etc)". Anastasia Klymenko, directrice des ventes de ELLE Ukraine, est partie au Portugal avec son petit frère. Ses parents se trouvaient dans la zone de guerre et elle n'a pas pu entrer en contact avec eux. Leur ville était bombardée 24 heures sur 24 par les MLRS (système de roquettes à lanceur multiple) russes. Les grands-parents maternels d'Anastasia et de nombreux membres de sa famille se trouvent encore à Volnovakha, sa ville natale dans l'est de l'Ukraine, qui est maintenant occupée. Anastasia ne sait pas quand elle pourra les revoir. "Au cours de la première semaine de la guerre, mon grand-père est mort et mes parents n'ont pas pu l'enterrer car ce n'était pas sûr pour eux, la ville étant bombardée intensivement. Mes parents ont enterré mon grand-père dans la cour, car il n'y avait pas d'autre issue. Maintenant, nous attendons le moment où nous pourrons revenir et honorer sa mémoire comme il se doit". Kateryna Popova, rédactrice en chef du site web Elle.ua, s'est également échappée de Kiev immédiatement après le début de la guerre. Elle se souvient très bien du moment sur son chemin où un hélicoptère russe a lancé une bombe sur les véhicules militaires de l'armée ukrainienne à proximité de leur voiture. "Les fragments volaient partout, un incendie, les voitures étaient en feu, les gens essayaient de s'échapper". Le premier mois de la guerre a très probablement été le plus dur. De nombreux Ukrainiens ont choisi le volontariat comme mode de vie. L'équipe de rédaction de ELLE Ukraine n'est pas restée à l'écart. Natalia Osadcha, directrice de la mode de ELLE Ukraine, a commencé à coordonner les demandes des militaires, des médecins et des personnes déplacées. Marianna Partevian, rédactrice beauté de ELLE Ukraine, a aidé à déblayer les décombres des maisons dans les régions de Chernihiv et de Kyiv avec l'organisation Repair Together. Aujourd'hui, près de 98 % de l'équipe est rentrée à Kyiv où elle continue de travailler. Sonya Zabouga, rédactrice en chef de Elle-Ukraine "Entre désespoir et espoir - voilà à quoi ressemble la vie des Ukrainiens aujourd'hui. La guerre nous a obligés à reconsidérer le sens du bonheur. Aujourd'hui, plus que jamais, nous apprécions les choses les plus simples - la possibilité de rentrer chez soi chaque soir, d'être proche de ses proches, de partager le confort de son foyer, de commencer la journée avec de bonnes nouvelles et d'avoir confiance en l'avenir. Ces derniers temps, on a beaucoup entendu dire que le sujet de la guerre en Ukraine perdait progressivement de son intensité et de sa pertinence, qu'une certaine lassitude apparaissait. Mais croyez-moi, pour les Ukrainiens, la douleur est toujours aussi forte. Je ressens cette douleur chaque fois que je vais sur Facebook, où je vois maintenant souvent des messages sur des amis et des connaissances qui ont été tués sur la ligne de front. Je ressens la douleur chaque matin en lisant les fils de messagerie sur les bombardements de nos villes. Je ressens la douleur chaque fois que je parle à ceux qui ont survécu aux horreurs de l'occupation et à ceux qui restent dans la ligne de feu". Svitlana Kravchenko, rédactrice adjointe de Elle-Ukraine "Quand je pense à l'année dernière, j'ai l'impression d'avoir vécu plusieurs vies (et croyez-moi, ce n'est pas du tout une métaphore). Des signes extérieurs : J'ai pris du poids, je me suis coupé les cheveux plusieurs fois et j'ai cessé de m'aimer dans le miroir. J'essaie de remplir ma journée de travail et d'affaires ménagères en permanence afin de ne pas avoir le temps d'avoir des pensées anxieuses. À deux reprises pendant cette période (environ deux semaines chacune), j'ai fait une grave dépression émotionnelle: j'ai pleuré et je pouvais à peine me forcer à faire quoi que ce soit. J’ai traversé ces états de stress intense. Lorsqu'ils se terminaient, c'était comme si je retrouvais un second souffle et je me rendais au travail avec une énergie nouvelle. Aujourd'hui, tous les Ukrainiens vivent dans un tel état d'oscillation émotionnelle. Mais nous sommes très solidaires les uns des autres. Et cela aide à ne pas perdre complètement courage. Kateryna Popova, rédactrice en chef du site web Elle.ua "Je n'ai rien planifié depuis un an (et mes proches savent pertinemment que je suis une personne qui planifie toujours alors qu'il n'y a pas de plan d'action - je suis stressée) car chaque jour de notre vie peut s'avérer être le dernier. Je ressens toute l'injustice du monde (en lisant les nouvelles, ce sentiment ne me quitte jamais) avec ma peau. Ce sentiment amer d'injustice accable chacun d'entre nous aujourd'hui, mais on ne peut rien y faire.... le monde ne sera jamais différent. Il y a eu beaucoup de douleur, de déception et de perte de contact avec les amis, il est difficile de vivre avec un sentiment d'anxiété, de tristesse et de regret, du chagrin du peuple ukrainien, de la perte. Un calme minimal et un état psycho-émotionnel plus ou moins stable sont un luxe aujourd'hui. La vie a acquis un sens complètement différent, et ce n'est que maintenant qu'elle devient douloureusement claire. Et le sens de la vie, en fin de compte, se trouvait dans les bras des êtres chers, dans un sommeil paisible, dans le café du matin et dans un ciel clair et paisible au-dessus de votre tête. Nous cherchions un sens depuis si longtemps, et c'était si évident. Maintenant, nous ne dirons vraiment jamais "jamais".