<p>Pour le comptable, assis</p>
<p>face aux papiers noircis,</p>
<p>une facture, qu’est-ce ?</p>
<p>une pièce de caisse…</p>
<p>Pour l’œil non prévenu,</p>
<p>pour l’esprit ingénu</p>
<p>ignorant les formules,</p>
<p>les schémas, les modules</p>
<p>d’un monde compliqué,</p>
<p>réglé, sophistiqué,</p>
<p>qu’est-ce qu’une facture ?</p>
<p>un papelard sans allure,</p>
<p>un banal prospectus</p>
<p>dont on donne quitus</p>
<p>sans autrement le craindre,</p>
<p>ni songer à s’en plaindre ;</p>
<p>dans la forme un chiffon</p>
<p>et pas plus dans le fond…</p>
<p>Mais pour moi, quel problème !</p>
<p>C’est un signe, un emblème,</p>
<p>un témoin obsédant,</p>
<p>pressant, et cependant</p>
<p>de changeante figure…</p>
<p>d’abord, cette facture,</p>
<p>carte d’identité</p>
<p>de l’objet convoité,</p>
<p>en revêtait la grâce…</p>
<p>Un animal de race</p>
<p>possède un pedigree</p>
<p>au C.V. intégré.</p>
<p>De même, la facture</p>
<p>fût d’abord la figure</p>
<p>de ce qui m’avait plu</p>
<p>tant que je l’ai voulu</p>
<p>sans songer à la suite.</p>
<p>Mais le moment vint vite</p>
<p>Où, l’esprit dégrisé,</p>
<p>je dus réaliser</p>
<p>la fin de l’aventure :</p>
<p>c’est que, cette facture,</p>
<p>il fallait la payer,</p>
<p>où du moins essayer !</p>
<p>Dès lors, ce papier rose</p>
<p>m’apparut tout morose.</p>
<p>Il devint promptement</p>
<p>l’image du tourment.</p>
<p>Son aspect peu amène</p>
<p>me donna la migraine ;</p>
<p>Son nom seul rend un son</p>
<p>à donner le frisson</p>
<p>et provoque une ronde</p>
<p>qui se soulève et gronde,</p>
<p>agitant – menaçants –</p>
<p>cent démons grimaçants :</p>
<p>Recouvrement, Créance,</p>
<p>Règlement, Echéance,</p>
<p>Protêt, Pénalités,</p>
<p>Insolvabilité !</p>
<p>Le seul mot de facture</p>
<p>devient une torture…</p>
<p>Mais qu’il arrive un jour</p>
<p>par un juste retour</p>
<p>des choses, que la braise</p>
<p>dans mes poches se plaise,</p>
<p>que dans mes mains le blé</p>
<p>vienne à s’amonceler,</p>
<p>que d’innombrables pièces</p>
<p>s’entassent dans mes caisses,</p>
<p>qu’un étonnant déclic</p>
<p>me submerge de fric,</p>
<p>qu’une grasse pécune</p>
<p>chasse mon infortune,</p>
<p>que des flots de grisbi</p>
<p>s’écoulent sur bibi,</p>
<p>qu’un tourbillon d’oseille</p>
<p>un matin me réveille,</p>
<p>que le seigneur Pognon</p>
<p>cesse de dire non,</p>
<p>et qu’enfin l’opulence</p>
<p>succède à l’indigence…</p>
<p>Alors, le cœur léger,</p>
<p>d’un geste dégagé,</p>
<p>sans plainte ni murmure,</p>
<p>je payerais la facture.</p>
<p>Et la facture alors</p>
<p>reprendra ses dehors</p>
<p>bénins, son teint de rose,</p>
<p>n’étant plus autre chose</p>
<p>qu’un rappel apaisant</p>
<p>d’un shopping séduisant.</p>
<p>Et lorsque cette emplète,</p>
<p>devenue obsolète,</p>
<p>objet désaffecté,</p>
<p>usé, foutu, jeté,</p>
<p>n’aura plus de substance,</p>
<p>sa seule survivance</p>
<p>restera dans les plis</p>
<p>de ce papier vieilli,</p>
<p>espèce de relique</p>
<p>quelque peu nostalgique,</p>
<p>rangé comme un secret</p>
<p>au fond d’un vieux coffret.</p>
Fantaisies poétiques (recueil de poésies)
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Échoué
13
Contributions
22/08/2018
Date de fin
540 €
Sur 1 600 €
34 %
Les publications
<strong>Eaubonne : à 99 ans, il publie son premier recueil de poèmes</strong>
<p>Marjorie Lenhard 24 juillet 2018, 18h50</p>
<p><img alt="7832091_505a4f3a-8f52-11e8-b055-1b6e41247303-1_1000x625-1532490751" src="https://d3v4jsc54141g1.cloudfront.net/uploads/project_image/image/533420/7832091_505a4f3a-8f52-11e8-b055-1b6e41247303-1_1000x625-1532490751.jpg"> Eaubonne, ce mardi 24 juillet 2018. Bernard Benedetti publie son premier recueil de poèmes à 99 ans. LP/Marjorie Lenhardt</p>
<p> </p>
A l’aube de ses 100 ans et avec l’aide d’une intervenante sociale, Bernard Benedetti a reçu trois avis favorables d’éditeurs qui ont accepté de publier ses 70 poésies.
« On en fait tout un plat parce que j’ai cent ans, pour en arriver là il a fallu du temps… ». « Anniversaire » est le premier des 70 poèmes du recueil intitulé « Fantaisies poétiques » de Bernard Benedetti, né le 7 avril 1919, et le dernier qu’il a écrit. « Je ne devrais pas encore l’avoir écrit », sourit-il d’ailleurs.
Cet habitant d’Eaubonne, à moins d’un an de ses 100 ans, s’apprête à être publié par une maison d’édition. Lui qui n’y avait jamais pensé a été tenté par son intervenante sociale et amie, Julie. Un jour où Bernard lui récitait par cœur un des poèmes de Victor Hugo, Julie lui demanda si lui-même n’avait jamais écrit. Bernard l’envoya chercher son « dossier » dans la bibliothèque.
<strong>Trois maisons d’édition sont partantes</strong>
« Quand j’ai commencé à lire, ça m’a énormément plu, je me suis dit ce n’est pas possible, on ne peut pas laisser ça dans un tiroir », se souvient Julie. « Avec les rats ! », ponctue Bernard d’un air goguenard. Elle le convainc, fait des recherches sur Internet pour démarcher des maisons d’édition.
Bingo ! Trois éditeurs leur répondent favorablement sur les cinq qu’elle a démarché : Les Éditions du Panthéon, Bergame et Amalthée. Mais ces trois maisons d’édition ne proposent que des contrats qui engagent financièrement l’auteur. Ainsi, Julie a lancé une campagne de financement participatif pour collecter 1 600 € pour les frais d’édition. « Il n’était pas d’accord sur le fait de devoir engager des frais, considérant que son travail ne serait pas aussi reconnu, je lui ai donc proposé cette solution », explique l’intervenante sociale.
De la fierté pour son œuvre « hétéroclite », inspirée de la vie courante comme les factures, les graffitis dans le métro, l’eau de la vie, Bernard Benedetti n’en a pas. « Fier de quoi ? », rétorque-t-il. - D’être publié ? - « Ça, ça m’épate un peu ». Le presque centenaire a commencé à les écrire sur le tard. Même si la littérature et le théâtre ont toujours été un « goût », pas une passion, précise-t-il, « car les passions mènent au crime ».
<strong>Ancien secrétaire de lycée, il écrit sur le tard</strong>
A 60 ans, il fonde le foyer d’initiation à l’art dramatique d’Eaubonne où il donne des cours et monte des pièces de théâtre gratuites au public. « J’ai commencé à écrire très jeune mais ça ne valait rien », précise cet ancien secrétaire de lycée indiquant que « Fantaisies poétiques » n’est pas l’œuvre d’une vie.
Plus tard, après avoir arrêté l’activité de théâtre, il reprend l’écriture. « Je me suis dit au fond pourquoi s’enquiquiner à suivre des règles alors que des esprits très intelligents s’en sont passés, j’ai donc commencé à m’amuser », sourit-il.
<a href="https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/fantaisies-poetiques-recueil-de-poesies/tabs/description" target="_blank">https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/fantaisies-poetiques-recueil-de-poesies/tabs/description</a>
<p>Une troisième maison d'édition répond favorablement pour publier le recueil de poésies de M BENEDETTI.</p>
<p>On vous tient au courant.</p>