La laine, LA matière durable par excellence

Aujourd’hui, nous le savons, la filière textile mondialisée a atteint ses limites et nous devons trouver des alternatives. La laine est redécouverte pour ses qualités, et bonne nouvelle, elle pousse en abondance dans les Pyrénées !

C'est une matière naturelle, renouvelable et biodégradable qui se récolte chaque année sur le dos des moutons. D’un confort inégalable, ses usages sont aussi riches que nos idées. Des vêtements à l’ameublement, la laine se retrouve partout et ses possibilités sont multiples.

Ces dernières décennies, la laine a été concurrencée par d’autres fibres et la délocalisation est passée par là. Aujourd’hui 90 % des laines françaises sont transformées à l’étranger. Conséquence, la filière française est affaiblie et il reste très peu d’outils de transformation. Si nous avons la chance d’avoir encore quelques filatures en France, les lavages se font très rares.

Mais pas question de se laisser décourager. Partout en France, les projets de valorisation de la laine fleurissent avec des valeurs communes : ressources naturelles, économie locale, traçabilité. En bref, l’idée est de construire une filière qui a du sens !

Portés par cette dynamique, notre collectif s’est monté pour relancer la dernière filature des Pyrénées capable de transformer la laine du mouton à la pelote, la Filature de Niaux.

La Filature de Niaux, un outil essentiel pour la filière laine française

Au cœur des Pyrénées, au pied des montagnes de France et d’Espagne, la Filature de Niaux transforme les laines locales depuis 1867. Jean-Jacques Laffont, dernier filateur de la famille est prêt à transmettre son savoir-faire et ses machines pour continuer à les faire vivre.

C’est l’histoire d’une rencontre avec un homme passionné, un lieu, des machines... Certains y verront les vestiges d’un autre temps. Pour nous, il s’agit d’ un potentiel évident pour répondre aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques de notre planète. D’autant que, jusqu'en 2017, ces machines n’ont jamais cessé de tourner et les éleveurs de moutons d’affluer pour apporter leur laine!

Alors c’est tout naturellement qu’un projet s’est dessiné pour la filature de Niaux, un projet d’intérêt collectif au service du renouveau de la laine.

En 2016, nous avons créé l'association Sibada Laines pour porter la reprise de la filature.

Depuis, nous accueillons les éleveurs et artisans qui veulent faire quelque chose de leur laine. Chaque personne a un projet différent, nous y apportons notre expertise, nos conseils et notre accompagnement sur la transformation de leur matière. Ensuite nous lavons leur laine. Notre unité de lavage est unique car elle permet de laver une seule toison, ou plusieurs centaines de kilos de laine. Constitué de 2 cuves alimentées par l’eau de la rivière, notre lavage nous permet de laver la laine naturellement : d’abord mises à tremper dans l’eau chaude avec un peu de lessive écologique, les toisons sont ensuite rincées et essorées, puis mises à sécher, c’est tout !

Le lavage est aujourd’hui la seule unité de transformation opérationnelle. Les machines de cardage et de filage ont besoin d’être sécurisées et les locaux qui les abritent nécessitent d’être rénovés.

Ces travaux sont obligatoires pour relancer la chaîne de production complète qui fait la singularité de la filature de Niaux.

La filature entre conservation du patrimoine et des savoir-faire, et modernisation d’un outil efficace

Notre projet ? Apporter une seconde vie à cette filature au potentiel incroyable, transformer une matière naturelle et écologique localement, créer des emplois… en y apportant la modernité et la nouvelle organisation dont elle a besoin.

Une entreprise « à taille humaine », un cadre préservé en bord de rivière (l’eau étant la ressource essentielle pour alimenter le lavage), des machines en parfait état adaptées à la filature de lots de laine petits et moyens, et un filateur pour nous accompagner, tous les ingrédients sont réunis !

Pouvoir réaliser le lavage, le cardage et le filage de la laine au même endroit est une rareté. Ce sont trois étapes incontournables dans l’industrie et l’artisanat textile. Le lavage est l’étape qui permet d’enlever la graisse de la laine, le « suint ». Le cardage, ordonne les fibres, cette étape détermine la régularité du futur fil. Le filage comme son nom l’indique, entraîne une torsion des fibres pour passer de la laine cardée au fil.

Vous comprenez pourquoi ce lieu nous a inspiré ? C’est un socle solide sur lequel ajouter notre touche personnelle.

Nous réfléchissons continuellement à comment valoriser au mieux ce potentiel, en faire un outil efficace et optimisé pour faire grandir les projets. Ce que l’on y ajoute sont une réflexion continue sur l’optimisation des installations, un mode de gestion performant et humain, le travail en équipe riche en idées, des salariés polyvalents et une amélioration de l’environnement de travail et des conditions de sécurité.

Étude du cabinet Architecture et Paysage :

Et pour se donner les moyens de nos ambitions, il nous faut repenser le lieu, entièrement, pour parvenir à notre raison d’être qui est de devenir ce maillon manquant dont la filière a besoin !

Exister en complémentarité avec d’autres filatures et lavages de laine qui souvent traitent de très grandes quantités. Permettre aux éleveurs de valoriser la laine au même titre que la viande ou le lait de leurs bêtes et aux artisans d’avoir une matière première adaptée à leurs besoins. Participer à l’économie locale et à la vie en montagne… Rien que ça !

Une équipe polyvalente et motivée

Nous sommes 4 personnes qui portons le projet de reprise de la filature. Nous nous retrouvons dans les valeurs de l’économie sociale et solidaire et nous souhaitons les appliquer à notre structure. Notre projet est donc de créer une SCOP (Société COopérative et Participative) qui a pour principe « une personne = une voix » c’est à dire que chaque associé a le même pouvoir décisionnaire qu’un autre.

Loïc

Arrivé sur le projet en 2015, Loïc se forme au travail sur les machines. En parallèle, il prend en main la gestion comptable. Son accident sur une des machines de la filature, la carde, le prive de son bras droit en 2017. Malgré cette épreuve, il décide de continuer à s'investir dans le projet en travaillant à la partie gestion tout en continuant à effectuer du lavage.

Jordane

Arrivée en temps que service civique, Jordane s'investit dans l'association depuis 2016 pour développer les animations. Au fil du temps elle prend goût au travail de la laine et décide d'intégrer l'équipe de porteurs de projet. Aujourd'hui elle s'occupe du lavage, seule activité de production maintenue pour le moment.

Laura

Sensibilisée à la matière laine à travers son activité de tonte, Laura souhaite s’investir dans un projet de valorisation qui a du sens. Elle s'intéresse au projet de la filature de Niaux en 2017. Elle rejoint alors l'équipe, devient responsable de la vente de produits sur les marchés et se forme au lavage de laine.

Baptiste

Éleveur de brebis Mérinos à Appy (09), il valorise sa laine en partenariat avec la filature de Niaux. Au conseil d'administration de l'association Sibada Laines depuis 2016, Baptiste a choisi de continuer à accompagner le projet à sa création en SCOP.

Crédits photos : PNR des Pyrénées ariégeoises, Arnaud Spani, Pascal Icard, Laines Paysannes, Marc Mesplié, le Passe Trame

Redonnons vie à la Filature de Niaux

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