SIRKHANE - La caravane/chambre-noire pour les enfants du séisme

Dans l'oeil des enfants affectés par le séisme En février dernier, la terre a tremblé à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Sur le territoire turque, 2,2 millions de familles ont brutalement vu le cours de leur vie interrompu. Parmi les victimes du double séisme, le plus meurtrier de l’histoire moderne de la région, on compte plus de 850 000 enfants syriens et turcs délocalisés. Six mois après la catastrophe, la chambre noire sur roues de l’association Sirkhane Darkroom fait halte dans les zones sinistrées et ouvre ses portes aux enfants pour leur proposer des ateliers photos argentiques durant lesquels les jeunes deviennent photographes. La caravane-chambre noire est lancée… Pendant quinze mois, à partir d'août 2023, la caravane va se déplacer à Diyarbakır, Adıyaman et Kahramanmaraş (épicentre du premier séisme), restant un mois dans plusieurs lieux afin d’animer des ateliers pour les enfants déplacés. Et c’est Serbest Salih qui est au volant de la caravane ! “Je suis un photographe originaire de Kobané, en Syrie, et actuellement basé à Mardin, en Turquie. Je suis le directeur de Sirkhane DARKROOM, cette chambre noire magique et mobile qui vise à responsabiliser les enfants défavorisés venus de Syrie, de Turquie et d'Irak. Ce qui me motive à diriger ce projet, c'est d'être témoin de l'impact qu'il a sur les enfants ! Voir un enfant s'exprimer progressivement, observer les relations entre les enfants locaux et les enfants réfugiés se tisser, les entendre discuter de sujets tels que l'égalité des sexes et leurs droits et, surtout, découvrir comment ils perçoivent le monde à travers leurs yeux est une véritable source d'inspiration. Les photos prises par les enfants sont incroyablement puissantes, car elles capturent des moments authentiques de leur vie tout en leur insufflant un sens artistique, empreints d'imagination. Avec votre soutien, les enfants ont un impact au sein de leur communauté. Ils remplacent leur traumatisme par le pouvoir de l'art et les liens mondiaux de l'humanité.” Le projet Sirkhane, remplaçer la douleur par l'art A Mardin, à la frontière entre la Turquie et la Syrie, le programme Sirkhane Darkroom voit le jour en mai 2017, au sein de l’association Heryerde Sanat - Sirkhane elle-même fondée en 2012. La chambre noire associative mobilise la photographie argentique noir et blanc dans un but pédagogique. Sirkhane Darkroom conçoit des ateliers photos afin que les enfants syriens, turques et irakiens puissent mieux se connaître, tout en élargissant leur perspective sur leur vie et leur environnement. Serbest, qui pilote les ateliers, met un point d’honneur sur la mixité sociale. Lors des ateliers, les enfants du pays côtoient leurs camarades réfugiés. Grâce au programme, les enfants transforment leur expérience de la violence, de la pauvreté et de la guerre en quelque chose de créatif et beau. La photographie devient un puissant outil d'éducation leur permettant de raconter leurs histoires, leurs réalités. Les ateliers ont commencé dans le quartier d’Istasyon, dans les locaux de Sirkhane. En 2019, Sirkhane Darkroom devient mobile avec la transformation d’un container en chambre noire. Désormais, le photographe peut aller à la rencontre des enfants dans les villages éloignés de la ville et proche de la frontière syrienne, ou irakienne. Aujourd’hui, Serbest se dirige vers les zones turques touchées par le séisme. Si vous voulez en savoir davantage sur ce projet ou nous poser n'importe quelle question voici notre adresse mail : [email protected] Comment se déroule un atelier ? Les ateliers, d’une durée d’environ un mois, se déroulent avec des groupes d’une dizaine d’enfants âgés pour la plupart de sept à dix-sept ans. Serbest encadre deux ou trois groupes par jour. Les enfants sont accompagnés à chaque étape de la démarche photographique. LA RENCONTRE Lors d’un premier cours ludique dédié à l’orientation, les enfants se rencontrent et font connaissance avec des jeux et ils découvrent les différentes pratiques photographiques, allant des sténopés aux appareils instantanés en passant par la photographie numérique. LA PRATIQUE Les prochains cours sont consacrés à la composition et lors de la dernière séance, les enfants vont à l’extérieur et s'entraînent à imaginer leur composition : ils font des photographies sans qu’une pellicule soit chargée. LA SÉRIE PHOTO Enfin, ils rentrent chez eux avec un appareil compact, chargé de pellicule cette fois-ci, et reviennent une ou deux semaines après pour développer les photographies qu’ils ont prises. LE TIRAGE Pour le développement et le tirage, Serbest explique chaque étape aux participants et ils réalisent ensemble ces étapes techniques. C’est un moment de partage entre les enfants et une expérience inoubliable pour eux de voir l’apparition de l’image sur le papier photosensible pour la première fois. EPANOUISSEMENT PERSONNEL Ces ateliers permettent également de parler aux enfants des sujets comme leurs droits, le travail ou le mariage des enfants, l’égalité homme-femme ou encore l’environnement et l’écologie. Ces ateliers impliquent aussi les familles qui y sont invitées. D’abord réticentes, elles finissent par s’impliquer plus en voyant le résultat obtenu par leurs enfants. Serbest nous confie que c’est d’autant plus important pour les filles qui ne sortent, souvent, pas de chez elles. Dans un contexte et une région où les enfants atteignent une maturité précoce, il est important d'évoquer ces sujets. L’objectif est de prolonger leur enfance et de leur donner la possibilité de s'exprimer grâce au pouvoir de l'art. Ithaque, la chambre noire partenaire Ithaque est une chambre noire partagée ayant pour mission de perpétuer le savoir-faire lié à la photographie argentique en noir et blanc. Ce lieu hybride, situé au cœur du Marais, se compose de deux espaces : l'un accueille des expositions de photographies, l'autre est un laboratoire de tirages argentiques. Soucieux de la continuité du projet de Sirkhane Darkroom, Ithaque met en place cette collecte. En automne 2023, les photographies prises par les enfants seront exposées pour la première fois en France à Ithaque. La presse en parle : De la Syrie à la Turquie, reconstruire l’enfance par la photographie, Courrier International Natalia Liubchenkova & Vincent Coste, "La vie à la frontière entre la Turquie et la Syrie vue à travers des yeux d'enfants", EuroNews Sabyl Ghoussoub, "À la frontière syro-turque, des enfants réfugiés apprennent la photo grâce à Serbest Salih", Konbini